Debout encore une fois de bonne heure (je commence à prendre l’habitude…) nous avons un trajet d’une heure environ avant d’atteindre le parking. Arrivé là seulement 3km nous séparent du cratère de Ijen, mais c’est sans compter que c’est tout en montée encore une fois et cela va nous prendre presque 1h30 !
Aussi dû au fait que Jitima a encore une fois “souffert” et grimpait à son rythme, j’ai dû m’arrêter plusieurs fois pour l’attendre quand ce n’est pas moi-même qui avait éventuellement besoin d’un break. Pour notre “défense” le dénivelé est assez rude, car c’est de l’ordre de 500m de hauteur sur 3,2 km de montée exactement soit une moyenne de près de 16% !
Pour la formation du lieu je vous renvoi sur ce site http://www.earth-of-fire.com/ qui explique bien croquis à l’appui, le complexe de la caldeira de Kendeng (aussi appelé Ijen) était auparavant un “mega” volcan qui après être entrée en éruption en a résulté une énorme explosion formant la caldeira (un mot d’origine portugaise qui signifie en tant que tel “chaudron” et qui désigne un cratère, ancien ou récent, aussi sobrement appelé « dépression circulaire »).
Les actuels monts comme le Kawah Ijen sont les conséquences d’une activité volcanique qui s’est poursuivie et n’a simplement jamais cessé 50.000 ans après cet événement.
Les mineurs viennent ici récolter le soufre (qui est utilisé dans bien des domaines, de la médecine à l’industrie chimique, l’exemple peut être le plus connu est l’utilisation de soufre pour les allumettes) j’allais faire un lapsus en écrivant souffre… car oui ils souffrent, ce que ces mineurs font est proche de l’exploit. 2 fois par jour ils se tapent les 3km de montée que l’on est en train de se faire, descendent dans le cratère, dans une atmosphère pas des plus respirable, ils arrachent ces blocs avec des barres à mine, enfin leurs collègues, ceux comme celui qui nous accompagne ne font vraiment que charger les blocs (des porteurs quoi). Ils chargent donc leur panier de plusieurs rochers de soufre de dizaines de kilos chacuns, remontent le tout, en haut du cratère donc, puis redescendent les 3km avec généralement entre 60 à 90kg sur les épaules, parfois pied nus ou simplement en tong, bref surhumain. Il s’agirait même de plus de 3km car le minerai est destinée à une usine dans la vallée, bien qu’ils ne vont évidemment pas jusqu’à la vallée ils doivent rejoindre un hangar où ils font fondre le soufre avec du feu de bois dans de grosses marmites avant de les resolidifier par fines couches et empiler le tout dans des sacs, qui eux seront chargés dans des camions qui rejoindront la vallée. La photo suivante n’est pas de moi mais montre le hangar en question :
Le crédit revient à ce site
Ces villageois ont “choisis” ce système depuis des décennies pour vivre et apporter des revenus attirant mais éprouvant quant à l’effort colossale que cela demande, je posais sérieusement la question à un guide sur place, comment les premières personnes eurent cette idée de folie de descendre dans un cratère à l’époque vierge de tout aménagement (non pas que c’est bien balisé loin de là mais ça devait être encore pire…) et de se mettre à récupérer le soufre par kilos et se taper la descente, il n’a pas su me répondre… sûrement l’appât du gain, ça motive…
Petite anecdote, on croisa beaucoup de français, à ce même jeune guide qui accompagnait un couple (non français soit dit en passant, je leur ai un peu « squatté » à poser plusieurs questions…) je lui faisait la remarque, celui ci me répondit qu’il y a en effet 80% de français qui visitent les lieux ! Et ce d’après lui, après qu’un certain Monsieur Hulot avec son émission Ushuaïa soit passé par là il y a de ça 14 ans…