Juste après notre visite du temple de la Mahabodhi, nous nous engagions dans l’allée juste en face. Ici s’alignent quelques petites boutiques de souvenirs et un plus loin ce qui a l’air de ressembler a un temple… Curieux comme a notre habitude, on s’engage un peu plus alors qu’un groupe de touristes indiens en repart.
En effet, il y a là un temple Hindou à l’abandon. On y croise des gamins, un moine étranger (type européen) entouré de quelques Indiens, à l’abri de la chaleur, puis 2 jeunes qui commencent à nous faire la conversation.
Arnaque bien rodée ?
Méfiant, car attendant le moment où ils vont nous demander de l’argent pour offrir leurs services en tant que guide ou autre, je les ignore plus ou moins.
L’approche typique est de dire qu’ils veulent pratiquer et améliorer leur niveau d’anglais (qui est plutôt bon comparé à la moyenne). Mais au fur et à mesure qu’ils nous parlent ceux-ci nous proposent juste de nous emmener vers un orphelinat.
Jitima a l’air ok, je me fie à son instinct et nous commençons donc à les suivre. Nous repassons devant le temple de la Mahabodhi avant de partir plus loin vers des ruelles.
C’est l’occasion de voir des parties de Bodhgaya où probablement assez peu de personnes s’y engagent. Les rues sont justes en terre, les maisons sont colorées, les gens souriant pour beaucoup, c’est plutôt sympa.
On passe pas mal de temps à photographier pour moi, dessiner pour madame, les jeunes nous accompagnant étant peu pressant et nous attendant gentiment.
Et en effet, 1 heure après notre départ du temple de la Mahabodhi, nous arrivons dans une cour avec des enfants qui se retrouvent très vite autour de nous. Là, un homme nous accueille, il est celui qui gère l’orphelinat, intitulé « Elizabeth Orphanage ». C’est un prêtre catholique, Indien. Il accueille des dizaines d’enfants dont certains ont par exemple été retrouvés dans des poubelles… Ça, c’est ce qu’on nous dit.
Les 2 jeunes qui nous ont accompagnés nous avaient briefés, en gros on nous présente l’endroit et on peut échanger, peut être enseigner un peu d’anglais aux gamins. J’essaye alors d’expliquer en dessinant une carte sur le tableau d’où nous venons. Pendant ce temps, Jitima dessine un portrait de tous les enfants en réclamant un (autant dire beaucoup).
On sent l’homme qui nous accueille un peu « désespéré », manque de moyens dit-il… Il nous dit par exemple qu’il va devoir déménager, car le loyer est trop cher (7000 Roupies, ce qui nous parait effectivement excessif mais surtout anormal…).
Forcément au bout d’un moment alors que nous souhaitons poursuivre notre journée, il nous demande si nous pouvons signer un genre de livre d’or, pas de soucis, ils nous montrent des photos d’autres personnes venus ici et viens évidemment le moment où il demande si nous pouvons faire un don… Sur le principe, on se sent un peu piégé, car on sent bien qu’on n’a pas trop le choix.
Il se trouve que ce jour-là, je n’avais que très peu de liquide avec moi et lorsque je tends quelques « malheureux » 2000 Rs l’homme avait l’air non seulement déçu, mais ose même demander si l’on n’a pas plus. Je n’ai pas trop aimé cette attitude, car un don est un don et l’on fait en fonction de ses moyens, c’est à ce moment précis que je me suis fait la réflexion que cet endroit n’est pas très net (bien qu’étant suspicieux depuis le début).
Nous partons après quelques « aux revoirs » avec les enfants qui eux étaient tout content de recevoir une visite. En parlant de cet endroit avec un des bénévoles locaux et aux responsables du temple Thai, ceux-ci nous répondent qu’ils n’ont pas entendu parler de cet orphelinat…
Donc méfiance, c’est manifestement une machine bien rodée, pas sûr si l’homme en question profite réellement de la détresse de ces enfants ou si carrément les familles des alentours « prêtent » leurs enfants, mais dans tous les cas, c’est particulièrement douteux…
C’est apparemment le genre d’arnaque courant à Bodhgaya, sachant que la province du Bihar est la plus pauvre d’Inde.
La région la plus pauvre de l’Inde
L’homme du Wat Thai, qui le lendemain nous servira de chauffeur nous dressait un portrait particulièrement peu flatteur à propos de ses congénères, « paresseux, se contentant de mendier professionnellement pour abuser de la naïveté des touristes », des propos un peu durs qui avaient certainement une part de vérité, particulièrement la raison comme quoi donner un peu d’argent à un mendiant ne sert à rien puisqu’on ne sait d’autant pas à quoi l’argent servira que c’est dérisoire…
Il vaut mieux donner à des associations caritatives sérieuses, mais sur le moment ça touche un point sensible, en général, on veut aider, se montrer bon en aidant son prochain, parfois égoïstement parce qu’on se sent « privilégié » mais au final, c’est donc particulièrement vicieux de faire un business en profitant de cette « faiblesse ».
D’après ce que j’ai pu en lire, nombres de mendiants à Bodhgaya sont en effet des « pros », ont des comptes bancaires et pour certains une situation plutôt enviable…en ont vraiment fait leur « métier ».
Il faut admettre qu’après cet épisode, on ne donnera pratiquement plus rien quitte à passer pour des sans cœurs…
Laurent
C’est vrai que c’est quelque chose d’assez compliqué à gérer parfois en Inde. Devoir distinguer les arnaques du reste. Une solution consisterait à systématiquement refuser, mais elle ne me plait pas trop non plus. Plus d’échange si on suit cette voie. Alors des fois on se plante, c’est normal, c’est la vie, c’est le voyage. Notre égo y prend un peu un coup, mais on s’en remet vite !
Romain
Merci Laurent, j’aurais pas dit mieux. Pour être honnête je me doutais depuis le début que ce serait un truc dans le genre mais je n’ai vu que le positif, on s’est baladé dans le vrai Bodhgaya, à la rencontre des gens, les gamins étaient quand même bien réel et heureux de nous voir donc oui, en dehors de l’ego (et je dirais même plus la morale, parce que je déteste ce principe de profiter de la misère, aussi triste soit elle) ca faisait partie du voyage, personne ne s’est vraiment plaint dans l’histoire.