Temple de la Mahabodhi et de Sujata : sur les traces de Bouddha à Bodhgaya
Ce matin-là, nous parcourons les quelque 700 mètres séparant le Wat Thai du temple de la Mahabodhi. Celui-ci est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco (depuis 2002), il aurait été fondé par l’empereur Ashoka, 250 ans après l’Illumination de Siddhartha Gautama, le Bouddha.
Ashoka est celui-là même dont sa femme (et reine donc), jalouse de son obsession pour l’arbre de la Bodhi, détruira l’arbre originel (voir le reste de l’histoire ici)
Temple de la Mahabodhi, pilier de l’histoire du Bouddhisme
Le temple sera laissé à l’abandon plusieurs siècles à partir du XIIe après le pillage par les armées musulmanes.
Les terres seront récupérés par les Hindoues aux XVIe siècle jusqu’à ce qu’un moine Sri Lankais viennent faire campagne pour faire revenir l’administration du temple aux bouddhistes en 1891. Campagne semi-victorieuse, car depuis 1949 le temple est géré par un comité de 9 membres, mais à majorité Hindoue…
L’entrée du temple est gratuite, en revanche on vous fait payer une « taxe » pour rentrer avec son appareil photo, 40 Rs.
Dans l’enceinte du temple, pieds nus, on sautille sur le sol chauffé à bloc par le soleil tapant. On jette un œil à l’intérieur de la tour principale de 55m dont la rénovation importante des années 1880, géré par les Britanniques lui a redonné sa splendeur d’antan (d’autres réparations seront également faites en 2006).
Les structures actuelles datant environ d’il y a 1500 ans !
J’apprendrais en rentrant qu’un des moines en charge du temple fera des branches de l’arbre sacré un commerce juteux en coupant et revendant ces branches aux touristes et notamment à de riches Thaïs. Et seulement 2 mois plus tard une série de 9 explosions de petite intensité (2 blessés à déplorer) viendront perturber ce haut lieu de pèlerinage.
Le véritable arbre de la Bodhi, lieu de méditation de Bouddha
On s’arrêtera un moment sous l’ombre d’un arbre de la Bodhi, pensant qu’il s’agissait de l’arbre principal du temple, surpris qu’il soit accessible comme cela. Jitima se fera une petite séance de méditation, moi, fidèle à moi-même, je prenais des photos…
Lorsque nous croiserons un plus loin le véritable arbre, ce fut plus fort que moi de toucher ses feuilles. Jitima veut m’imiter, mais est trop petite, je commence à la porter pour qu’elle puisse également toucher l’arbre sacré, mais un Indien viendra nous voir en disant que cela ne se fait pas… Bon ok, ça parait légitime vu la sacralité du lieu.
En sortant du temple, on traînera dans une sorte de vieux sanctuaire semblant un peu à l’abandon et on se fera accoster par 2 jeunes… Pour savoir la suite de ce qui s’est passé à ce moment de la journée, je vous invite à lire l’article en question, ayant voulu développer le sujet séparément.
Visite au temple de Sujata
Après être revenu des « bas-fonds » de Bodhgaya, nous remercions tout de même les 2 jeunes qui eux au final n’aurons rien demandé, mais on leur filera tout de même 500 Rs (même si on se doute bien qu’ils doivent recevoir une commission…)
Ceux-ci nous suggéraient d’aller au temple de Sujata (ou simplement Buddha Temple sur Google Maps), quelque 2,5 km de l’autre côté de la rivière complètement asséché en cette saison (pour rappel, nous sommes début Mai).
Comme nous n’avions rien de prévu pour cet après-midi, nous prenions alors un tuk tuk pour nous y rendre (300 Rs l’aller-retour)
Nous traversons le long pont vers l’autre rive (la rivière, complètement sèche en cette saison, faisant quelque 500 m de large à cet endroit), puis derrière le village de Sujata se trouve le petit temple. On loupait au passage le stupa de Sujata, non loin de là, notre chauffeur n’y passant pas devant ni ne nous le mentionnant…
Petite histoire de Sujata
Pour résumer qui est ce personnage dans l’histoire du bouddhisme, attardons-nous un peu sur les débuts du prince Siddhartha. Après qu’une promenade dans les bois lui fit réaliser que sa condition le mettait à l’abri du besoin, mais que cela ne le protégera pas de la vieillesse, de la maladie ni même de la mort… Le futur Bouddha, lassé par sa vie de prince au palais, lâcha femme et enfant pour partir à cheval avec son serviteur pour chercher la voie du salut.
Arrivé dans le bois alentour, il donne ses bijoux et son cheval au serviteur en lui demandant de saluer son père pour lui et troque sa tenue et manteau de prince contre celle d’un pauvre chasseur. S’en suit alors une vie d’ascèse et de pratique de la méditation plutôt austère.
Six ans durant, avant qu’il ne réalise que cela ne le mène à rien sur la compréhension de ce monde. C’est alors qu’il accepta un bol de riz au lait de la part d’une jeune fille du village voisin, vous l’aurez deviné, il s’agit de Sujata (la fille, pas le village).
Il mit alors fin à ses pratiques rigides et préconisa alors un juste milieu consistant à nier les excès, en refusant donc l’austérité, la privation excessive autant que le laxisme. Pour l’anecdote, en faisant ce choix, il perdra alors les 5 disciples qui le suivaient déjà à cette époque.
Peu après, il ira s’asseoir sous un pipal (le fameux ficus religiosa ou arbre de la bodhi) en faisant vœu de ne pas en bouger sans avoir atteint la Vérité; vous connaissez la suite…
Au temple, vous êtes « accueilli » par une rangée de mendiants, puis un « guide » commence à nous suivre, nous poussant à faire une petite donation, ce que Jitima fera, en revanche, nous ne donnerons rien aux mendiants, je garde cette image terrible de cette petite fille qui commence à courir après notre tuk tuk en tendant les bras… Non l’Inde ce n’est vraiment pas reposant, psychologiquement et physiquement parlant.
Autour du temple, des gamins étaient en train de s’adonner au sport national, le criquet. Le soleil couchant donnait une belle lumière à ces terres arides. La chaleur est alors encore bien présente, mais commence à diminuer lorsque nous revenons vers Bodhgaya.
Il y a beaucoup de monde circulant sur le pont, devenant quasi inutile en cette saison, car la rivière n’est plus. Certains traversent d’ailleurs à pied en bas, d’autres jouent là aussi au criquet, profitant de ce vaste espace.
Au marché de Bodhgaya
En revenant vers Bodhgaya, on arrêtait et descendait du tuk tuk alors qu’on approchait du marché de Bodhgaya, lui-même à côté du temple de la Mahabodhi. C’est donc un retour à la « case départ » de notre journée que nous terminons celle-ci.
On restera un peu, le temps pour moi de prendre quelques clichés et pour elle de capturer l’essence des lieux avec quelques dessins notamment des portraits comme celui de ce gamin, qui dégage beauté et intelligence, mais qui poussé par les gens autour de lui finira par nous réclamer des sous aussi, à croire que c’est LE mode de vie par excellence à Bodhgaya, comme si la pauvreté était une fatalité dont nous étions la solution…
Le gamin, finalement insistant, Jitima lui proposait alors de lui payer une glace, ce qu’il finissait un peu à contre coeur par accepter, mais il sera foutu d’en demander 2, prétextant qu’il en faut aussi une pour sa soeur… On finit par se demander si le « sport » local consiste juste à soutirer des deniers aux touristes…
Distribution de repas au Wat Thai
De retour au temple après que nous avions mangé dans un restaurant du coin, repéré la veille, nous voyions alors un alignement de gens, manifestement en train d’apprécier un repas.
On se demande alors en quel honneur, on nous expliquait donc que 2 fois par semaine, le temple Thai offre un repas aux plus pauvres (Dont les fameux mendiants pros… Qui en profitent)
Les gamins en nous voyant nous crient littéralement dessus pour certains, afin que nous les prenions en photo… Une fois satisfait, que ce soit en photo ou en bouffe, ils repartent tous assez vite en laissant leur assiette sur place sans rien nettoyer… J’ai trouvé au final toute cette scène assez « dérangeante » / « perturbante » disons…
Avant de partir nous coucher, je discute avec un des jeunes volontaires pendant que Jitima est en pleine conversation avec un moine, celui-ci se dit intéressé par la danse traditionnelle, je lui souhaite de réussir quoiqu’il entreprend, tant que cela soit aussi honnête que d’aider à distribuer des repas ici même.
Pour le lendemain, nous confirmions avec le mec de ce matin que nous voulions un chauffeur pour nous emmener du côté de Rajgir et Nalanda, visiter quelques ruines.
Le Magazine du voyageur
Superbe diaporama !
Romain
Merci, la suite arrive bientôt !