Wat Yai Chai Mongkhon
วัดใหญ่ชัยมงคล
- Emplacement : extérieur du parc historique d’Ayutthaya
- Fondation : 1357
- Tarif d’entrée : 20 ฿
- Horaires : 8h-17h (tous les jours)

Le Wat Yai Chai Mongkhon, dont le nom signifie littéralement « Temple de la Grande Victoire Auspicieuse », a été fondé dans les premières années du royaume par le roi U-Thong, premier souverain d’Ayutthaya. Situé à l’extérieur des anciens remparts de la capitale, il accueillit une communauté de moines revenus du Sri Lanka, devenant ainsi le siège du patriarche, le moine suprême du royaume.

C’est l’un de mes temples préféré à visiter en dehors de la vieille ville. Le Wat Yai Chai Mongkhon étant un mélange de ruines anciennes mais toujours actif, il permet d’y observer une ferveur toujours présente et s’avère plus souvent visité par les locaux que les touristes.
Histoire du Wat Yai Chai Mongkhon
Il est supposé que le temple a été construit sur un site auparavant déjà occupé par un complexe religieux plus ancien, probablement khmer et datant de la période Dvaravati (VIe – XIe siècle). La présence d’une douve entourant l’enceinte en témoigne : elle symbolise l’océan céleste entourant la montagne sacrée, le mont Méru. Il ne subsiste toutefois aucune structure visible de cette époque.
La fondation « moderne » du temple remonte à 1357 (certaines sources évoquent 1363), sous le règne du premier souverain d’Ayutthaya, le roi U-Thong (Ramathibodi I, r. 1350–1369).
L’origine de la construction est liée à un drame familial : deux princes, Chao Kaeo et Chao Thai — fils d’une des épouses du roi — succombèrent au choléra. Le roi ordonna alors l’exhumation de leurs corps et la construction, sur le lieu de crémation, d’un monument sacré (un chedi) et d’une salle de prédication (viharn).

Peu après, le complexe accueillit une communauté de moines récemment ordonnés par Somdet Phra Wannarat, patriarche du royaume. Ces moines revenaient de Ceylan (actuel Sri Lanka), où ils avaient étudié les écritures bouddhiques et approfondi la pratique de la méditation. À cette époque, le temple portait le nom de Wat Pa Kaeo (ou Wat Pakew), que l’on peut traduire par « Temple de la Forêt de Cristal ».
Deux siècles plus tard, en 1548, le temple servit de lieu de réunion pour un complot visant à renverser le roi Worawongsathirat, considéré comme un usurpateur. Lui et son épouse Si Sudachan furent assassinés après seulement 42 jours de règne. Ce coup d’État amena sur le trône le prince Thianracha, couronné sous le nom de Maha Chakkraphat (r. 1548–1569), légitime héritier de la dynastie de Suphannaphum qui régnait sur Ayutthaya depuis près de 150 ans.
Bien qu’aucune mention officielle n’apparaisse dans les chroniques royales, on considère que l’agrandissement majeur du temple est directement lié à la victoire éclatante du roi Naresuan sur l’armée birmane en 1592.
Cet épisode historique célèbre, connu comme la bataille de Nong Sarai, vit Naresuan affronter en combat singulier, sur le dos d’un éléphant de guerre, le prince héritier birman Mingyi Swa. Ce duel épique, remporté par le souverain siamois, est représenté dans de nombreuses peintures à travers le pays — y compris sur l’un des murs intérieurs de l’ubosot du Wat Yai Chai Mongkhon.

À la suite de cette victoire, le roi Naresuan ordonna la restauration et l’agrandissement du temple. Le grand chedi fut alors surélevé et prit le nom de Phra Chedi Chaiya Mongkhon, donnant au temple son nom actuel. C’est également à cette période qu’une salle abritant un Bouddha couché fut ajoutée, orientée nord-sud avec le visage tourné vers l’est.
Deux siècles plus tard, le temple joue encore un rôle stratégique. En 1766, face à l’avancée des armées birmanes, le roi Ekathat nomma le Phraya de Tak (futur roi Taksin) commandant d’une flotte chargée de défendre la capitale. C’est au Wat Yai Chai Mongkhon qu’il rassembla ses troupes avant l’assaut. L’année suivante, en 1767, Ayutthaya tomba : le temple fut pillé et abandonné pendant près de deux siècles.
Le monastère fut officiellement rétabli en 1957, devenant l’un des rares temples historiques d’Ayutthaya à être encore actifs aujourd’hui. C’est à cette époque que les statues en béton alignées autour du cloître furent ajoutées. Le Bouddha couché fut reconstruit en 1965, l’original ayant été trop endommagé par les pillages.
Enfin, en 1979, l’abbé du temple lança, en collaboration avec le Département thaïlandais des Beaux-Arts, la reconstruction de l’ubosot, tout en préservant les éléments de structure originels qui restent visibles.
Architecture du Wat Yai Chai Mongkhon
La structure générale du temple suit le schéma classique des sanctuaires d’Ayutthaya, avec un alignement est–ouest : viharn à l’ouest, grand chedi au centre et ubosot à l’est. Le chedi est entouré d’un cloître couvert à l’origine, et les abords sont parsemés de plusieurs chedis secondaires de tailles variées.
Comme le temple est toujours actif, on y trouve également des kutis — petites habitations en bois sur pilotis servant de logements aux moines. Dans le coin nord-est, on peut encore voir les vestiges du viharn qui abritait le grand Bouddha couché.
1 – Le grand chedi (Phra Chedi Chai Mongkhon)
Avec ses 60 m de hauteur, le grand chedi était l’un des points de repère les plus visibles d’Ayutthaya, surtout pour ceux arrivant par l’est. C’est l’un des rares monuments, avec le Wat Phu Khao Thong, à adopter des éléments inspirés de l’architecture birmane.
Le chedi se compose de trois parties :
– une base carrée de 32 m de côté,
– une structure orthogonale surélevée, formant une terrasse à 15 m de haut,
– un dôme en forme de cloche typique de la période d’Ayutthaya.
Aux quatre coins de la terrasse se trouvent de petits chedis. L’absence de constructions modernes alentour permet encore aujourd’hui d’avoir une vue dégagée sur la ville depuis cette plateforme.
Un escalier orienté vers l’est mène à l’intérieur du chedi, avec une bifurcation permettant d’accéder à la terrasse. Dans la chambre située sous le dôme se trouvent plusieurs statues de Bouddha, ainsi qu’un puits au centre marquant l’emplacement originel des reliques.
La tradition veut que l’on jette une pièce au fond du puits en visant le centre du carré de pierre : si elle tombe dedans, c’est un bon présage, annonciateur de chance ou de l’accomplissement d’un vœu formulé juste avant.
2 – La galerie
Une galerie rectangulaire entoure le chedi principal. Autrefois couverte, il n’en subsiste aujourd’hui que les bases des piliers. Le long du mur intérieur, on trouve une rangée de statues de Bouddha assis, laissées volontairement à l’état brut, sans dorure ni peinture.
Ces statues ont été réalisées lors de la réhabilitation du temple en 1957, en remplacement des originales trop détériorées. Certaines abritent les cendres de défunts, comme l’indiquent les plaques fixées à leur base.
À proximité du mondop gauche, une petite tente permet aux visiteurs de faire un don et d’accrocher un tissu orange (symbolisant la robe des moines) autour d’une statue, en récitant une prière.


3 – Les mondops
Deux mondops se trouvent de part et d’autre de l’escalier menant à l’intérieur du chedi. Les structures pyramidales qui les couvraient se sont effondrées, laissant les statues exposées à ciel ouvert. Restaurées, elles sont aujourd’hui des lieux de prière : les visiteurs peuvent y déposer des offrandes ou envelopper la statue d’un drap, dans un geste de dévotion.
4 – Le viharn principal
À l’ouest du chedi se trouvent les vestiges de la grande salle de prêche, où les moines se réunissaient pour les sermons. Il n’en reste guère que les fondations, désormais agrémentées de haies pour « embellir » le site. Au fond, des statues modernes représentent des disciples faisant face à un Bouddha debout.


5 – L’ubosot
Située à l’est, la salle d’ordination (ubosot) mesurait à l’origine 16 m par 44 m. Elle est aujourd’hui recouverte d’une charpente moderne, plus modeste, érigée au-dessus de la structure ancienne pour la préserver.
La statue principale à l’intérieur, Phra Phuttha Chaiya Mongkhon, est l’une des plus vénérées d’Ayutthaya. Le lieu est très fréquenté par les fidèles, qui prient souvent sur l’esplanade extérieure correspondant à l’entrée d’origine. Les barres métalliques visibles sur les façades témoignent d’un projet décoratif inachevé — probablement non par manque de moyens, mais faute d’avoir été finalisé.


6 – Le viharn au Bouddha couché
Dans le coin nord-est du complexe, près du parking et de l’entrée principale, se trouvent les ruines du viharn abritant une grande statue de Bouddha couché. Érigé sous le règne de Naresuan, l’ensemble est orienté nord–sud, avec le visage tourné vers le soleil levant.
Le toit a disparu, mais la statue est encore encadrée par des sections de murs. Elle est une reconstruction moderne, avec une particularité rare : les yeux sont grands ouverts, alors que les Bouddhas couchés sont en général représentés les yeux clos.


Emplacement du Wat Yai Chai Mongkhon
BON à savoir
Le Wat Yai Chai Mongkhon est situé dans ce qui constitue la ville nouvelle. C’est un temple toujours actif, on y trouve pas mal de choses sur places. Il y a aussi des distributeurs de billets et de quoi acheter boissons fraîches et souvenirs. Autour de la place avant d’entrée dans l’enceinte du parking, il y a également quelques restaurants.
Photos du Wat Yai Chai Mongkhon









