
Ban Mae Kampong: un village de montagne et refuge nature près de Chiang Mai
Perché à 1 300 m dans les montagnes à un peu plus d’une heure de route de Chiang Mai, Ban Mae Kampong est devenu au fil des ans une escapade prisée, surtout par les Thaïlandais en quête de calme et de nature. Ce petit village de montagne, avec ses maisons en bois alignées le long de la route, séduit autant pour son ambiance tranquille que pour ses cafés à la déco travaillée, où l’on vient passer du temps plus que boire un simple expresso.
On y trouve aussi un petit temple discret, une cascade facile d’accès et, pour ceux qui veulent prolonger la balade, un point de vue au sommet de la montagne. Bref, un lieu qui a gagné en notoriété et a déjà bien évolué depuis mon premier passage mais qui garde encore un certain charme.
L’ambiance du village
Ban Mae Kampong est un village qui s’étire le long d’une route secondaire menant à la province voisine de Lampang. On peut y distinguer deux parties : une première qu’on pourrait qualifier de rue principale, puis un peu plus loin le cœur du village. La zone la plus animée, en tout cas lors de mes visites, reste celle qui longe la route.
La première fois que je m’y suis rendu, Ban Mae Kampong commençait à peine à devenir une attraction, même si l’histoire du village est pourtant centenaire. Les premiers habitants seraient des fermiers originaires du Doi Saket voisin, venus profiter du climat humide de Mae Kampong une bonne partie de l’année pour y planter du thé.


Quand la demande s’est tarie, les habitants ont cherché d’autres moyens de subsistance. Dans les années 80, ils ont commencé à cultiver du café sous l’impulsion du Royal Project (initié par le roi Rama IX). Comme beaucoup d’autres villages du Nord, Ban Mae Kampong a bénéficié de ce programme visant à offrir des alternatives durables à la culture sur brûlis et à la déforestation, mais aussi à remplacer la culture de l’opium, alors encore très répandue dans les villages ethniques des montagnes.
À Mae Kampong, cela a permis de valoriser les ressources locales, et pas seulement agricoles. Un exemple concret est l’aménagement d’une petite centrale hydroélectrique sur le ruisseau qui traverse le village, afin de produire sa propre électricité. Cette période a permis d’améliorer les conditions de vie, tout en maintenant une certaine cohésion communautaire.





Le virage touristique a été amorcé à partir des années 90, lorsque le gouvernement thaïlandais a mis en place l’OTOP. À Mae Kampong, le chef du village a alors choisi de proposer l’écotourisme comme spécialité, en valorisant le cadre naturel et la vie communautaire.
Les touristes sont invités à séjourner chez une famille locale et à participer à la vie quotidienne, comme la récolte des cultures ou l’entretien des animaux. Les habitants ont ainsi pu diversifier leurs revenus, accueillir des visiteurs et développer une économie tournée vers l’accueil et la nature.
Aujourd’hui, on en voit le résultat : le village vit toujours de ses cultures (essentiellement du café et toujours un peu de thé), mais le tourisme est devenu une source de revenu essentielle, parfaitement intégrée au modèle promu par le Royal Project. C’est ce qui explique aussi pourquoi Mae Kampong est souvent présenté comme un “village modèle” de tourisme communautaire en Thaïlande.





Cette réputation s’est construite avec le temps, car le changement était à peine perceptible au début. Il y a une petite dizaine d’années encore, le village ressemblait à bien d’autres. Lors de mon premier passage, certaines maisons étaient encore très simples et servaient uniquement d’habitation. Mais internet est passé par là et avec l’explosion des lieux instagrammable conjugué au bouche à oreille, Ban Mae Kampong s’est transformée.
Aujourd’hui, beaucoup ont évolué pour accueillir davantage de visiteurs, avec des homestays, des petites boutiques et bien sûr de nombreux cafés qui ont remplacé les structures plus modestes. On sent que le village a changé, mais il conserve une atmosphère chaleureuse et reposante.
Pour un voyageur étranger, Mae Kampong apparaît comme un village de montagne charmant, avec ses façades en bois, ses terrasses au bord du ruisseau ou ouvertes sur la forêt environnante. Pour les Thaïs, c’est devenu une destination à la mode, idéale pour se détendre et prendre des photos. Deux regards différents, mais chacun y trouve son compte.


Même si les cafés font désormais partie intégrante de l’expérience, on ne vient pas forcément ici pour un café d’exception, mais pour s’arrêter, profiter du cadre et prendre le temps. L’ambiance a un côté travaillé, pensée pour plaire aux visiteurs thaïlandais qui raffolent de ce type d’escapades, mais cela reste plaisant et colle finalement à l’évolution du lieu.
Si je devais nommer deux cafés emblématiques de Ban Mae Kampong, ce serait sans hésiter le Lung Pud Pa Peng Coffee House, tenu par un couple local et considéré comme l’un des tout premiers cafés du village, qui incarne bien cet esprit de détente.


Le 2e est sans conteste le Rabiang View Maekampong, qui s’est bien agrandi depuis mon dernier passage mais conserve son atout d’être perché sur les hauteurs, avec une terrasse offrant une vue imprenable sur les toits et les collines environnantes. Deux styles différents mais qui reflètent bien l’évolution du village : l’un ancré dans la simplicité et l’accueil local, l’autre pensé pour le panorama et l’expérience visuelle.


Les lieux à voir autour du village
Si le village en soi peut déjà valoir le déplacement, il y a heureusement d’autres choses à découvrir que ses cafés et restaurants, aussi agréables soient-ils.
Wat Khantha Phueksa : le temple local
Si vous remontez la zone animée sur environ 300 m, vous tomberez sur le petit temple local, situé au bord de la route. Les premières traces d’un temple à Ban Mae Kampong remontent à 1925, mais il ne s’agissait alors que d’un simple ermitage. En 1930, un moine local appelé Kruba Insom Khanthornso utilisa les terres de sa sœur pour construire un temple à l’emplacement actuel. Le terme « Khantha » fait référence au nom du moine, tandis que « Phueksa » — que l’on peut traduire par “flore” — renvoie à l’environnement, à la forêt luxuriante qui entoure le temple.
Avec la fréquentation croissante du village, le temple a bénéficié d’apports réguliers en dons, ce qui lui a permis de se développer continuellement. Mais les éléments d’origine sont toujours là. L’essentiel se trouve sur la partie haute, le long de la route, où se dressent un chedi et le principal viharn, dont la façade en bois de teck sculpté dans le style Lanna lui confère une certaine élégance.





L’attrait principal reste toutefois l’ubosot (la salle d’ordination, pour rappel). Tout en bois, il est posé au milieu du ruisseau qui dévale la montagne au pied du temple. C’est ce qu’on appelle un Uthoksema, formé de Uthok (qui signifie “eau”, dans un registre plus formel que l’habituel naam – น้ำ) et de sema → littéralement “sema dans l’eau”, les sema étant les pierres sacrées qui délimitent traditionnellement les ubosot.
D’après ce que j’ai pu lire, il ne subsisterait que deux constructions de ce type dans le nord du pays : ici à Ban Mae Kampong et au Wat Si Sutthawat Enmeku, aussi appelé Wat Phutthaen, dans le district de Mae Chaem (également dans la province de Chiang Mai). Placé face à une cascade, l’ubosot de Mae Kampong offre un décor particulièrement remarquable.





Si vous poursuivez encore 300 m après le temple, vous arriverez au “centre” du village, où les habitations se mêlent aujourd’hui aux nombreux homestays.


La cascade de Mae Kampong
Si vous remontez la route sur environ 1 km en amont du temple, vous tomberez sur le petit parking menant à la petite cascade de Mae Kampong. La route est assez pentue et, pour l’anecdote, avec ma voiture de ville de l’époque j’ai bien patiné dans un virage, pensant un instant que je n’allais pas y arriver…
Vu la distance, s’y rendre à pied depuis le village reste envisageable, même si ce n’est pas l’idéal car la route est étroite, donc dangereuse pour un piéton. La cascade se compose d’une succession de sept chutes auxquelles on accède par un sentier étroit qui remonte la jungle le long du ruisseau.


C’est une petite balade agréable pour sa fraîcheur et sa sérénité, entourée par une végétation dense. L’accès au premier niveau est facile, avec une petite piscine naturelle parfaite pour tremper les pieds ou, pour les plus audacieux, se rafraîchir entièrement.
En revanche, la montée vers les niveaux supérieurs peut vite devenir glissante : mieux vaut prévoir des chaussures antidérapantes et, si possible, venir tôt le matin pour profiter du calme avant l’arrivée des groupes de visiteurs, selon la période.
Le point de vue de Kew Fin
En poursuivant la route après la cascade, vous atteignez environ 3 km plus loin le camping, qui fait partie du parc national de Chae Son. De l’autre côté de la route, un sentier monte vers le point de vue de Kew Fin. Situé à 1 517 m d’altitude, il domine la chaîne de montagnes qui entoure Ban Mae Kampong.
Ce n’est pas un panorama que je qualifierais d’exceptionnel, mais ça reste pas mal et compte tenu de sa proximité avec le village, si vous êtes indépendant en transport, la halte peut valoir quand même le détour.



Nature et activités en montagne
En bifurquant vers le nord avant d’atteindre Mae Kampong, vous avez une petite route serpetant dans la montagne, menant dans un premier temps vers un café réputé du coin, le Giant Cafe, dont la terrasse entoure un magnifique arbre.
En poursuivant plus haut, vous arriverez sur une zone où se sont installées plusieurs activités outdoor réputées dans la région comme le Kingkong Smile Zipline, ou encore le Sky Hawk Zipline Chiangmai, tout deux spécialisé dans l’accrobranche et les tyroliennes. Un autre, le Skyline Adventure, se démarque avec une activité originale, puisque vous avez une descente en kart-luge, sorte de luge sur roues que l’on dévale une piste aménagée.
Sans forcément participer à ces activités, c’est l’occasion d’emprunter une route qui traverse ou longe de petits villages pittoresques — presque tous désormais tournés vers le café — et de découvrir d’autres cascades. Parmi elles, la Ya Chan Waterfall (น้ำตกย่าจันทร์) ou encore la Tad Mok Waterfall (petite précision, cette cascade est repérée par “Tabsadet Thebsadej Waterfall Tad Mork” sur Google Maps, en référence à la zone traversée, le Doi Thepsadet, mais le panneau local indique bien Tad Mok).
De quoi prolonger l’escapade en alternant nature et pauses café. Je souligne toutefois que la route pour y accéder est déjà une aventure en soi : étroite, avec certains passages délicats qui exigent une conduite prudente. Mieux vaut être un minimum expérimenté au volant ou au guidon pour s’y lancer.
Infos pratiques
Quand venir : plutôt en semaine pour éviter la foule. Passer une nuit en homestay est une bonne idée pour profiter de l’ambiance du village une fois les excursionnistes repartis.
Comment y aller : depuis Chiang Mai, il y a environ 50 km, soit 1h15 de route. On peut s’y rendre en voiture ou en moto pour les plus habitués aux routes de montagne, et c’est évidemment comme souvent me concernant, l’option que je recommande pour profiter au mieux des lieux en étant autonome. L’alternative étant via un songthaew organisé depuis la ville (selon votre programme, comptez de l’ordre de 1 500 à 2 000 bahts). La route est sinueuse mais bien entretenue.
Comment y aller : depuis Chiang Mai, il y a environ 50 km, soit 1h15 de route. On peut s’y rendre en voiture, en moto pour les plus habitués aux routes de montagne, ou via un songthaew organisé depuis la ville (selon votre programme, comptez de l’ordre de 1 500 à 2 000 bahts). La route est sinueuse mais bien entretenue. Reste aussi la possibilité d’opter pour une excursion organisée à la journée avec une agence locale, qui combine souvent Mae Kampong avec une activité d’accrobranche dans les environs.
Budget : comme c’est avant tout une destination prisée par le tourisme local, les restaurants et cafés restent abordables, souvent autour de 40–60 THB la boisson et 80–100 THB pour un plat (2–3 €). Côté hébergement, on sent en revanche que l’offre s’adresse à une clientèle de classe moyenne, avec des tarifs fréquents entre 1 500 et 2 500 THB la nuit, selon le confort et la saison.
Hébergements : à l’origine, l’offre reposait principalement sur des homestays au confort simple et chaleureux. Aujourd’hui, elle s’est professionnalisée et diversifiée : il reste quelques homestays modestes, mais on trouve aussi des chambres modernes et même des villas entières pour les familles. Dans les tarifs raisonnables, on peut citer le Baan Ing Dao ou encore le Hugkao Maekampong. L’un des plus intéressants pour son emplacement dominant le village est le ขึ้นเขาฟาร์มสเตย์ (nom uniquement en thaï, littéralement « farmstay en haut de la montagne »). Certains proposent aussi une formule pension complète, comme le Baan Ing Doi Maekampong.
À combiner avec : une halte à Doi Saket, où l’on peut visiter la grotte Muang On Cave, les sources d’eau chaude de San Kamphaeng Hot Springs ou encore le temple perché du Wat Phra That Doi Saket, histoire de compléter la sortie par une autre facette de la région.