Jiufen est un village niché dans les montagnes au nord de Taipei, autrefois résidence des ouvriers miniers. Aujourd’hui, il attire les visiteurs en s’étant tourné vers le tourisme. Dominant les hauteurs proches de Keelung, Jiufen offre une vue imprenable sur la mer. Son charme réside dans ses ruelles et escaliers étroits, où se mêlent spécialités locales et salons de thé pittoresques.
À la nuit tombée, le village revêt un aspect presque onirique, avec ses allées illuminées par des lanternes rouges, qui en font une destination iconique de Taïwan.
Pour remettre dans le contexte, on a visité Jiufen après notre exploration de la côte entre Shuinandong et le cap Bitou, alors qu’on louait une voiture pour quelques jours. Arrivés en fin d’après-midi, notre temps sur place fut assez bref, mais suffisant pour avoir un aperçu de la vie du village et son ambiance. Voici le compte-rendu.
Petite histoire de Jiufen
Se garer à Jiufen
Quand on arrivait à l’entrée du bourg, il s’était écoulé à peine une demi-heure depuis notre départ de Bitou. En faisant mes repérages en ligne, j’avais pu voir qu’on y trouvait des parkings disséminés çà et là. Il y en a notamment un grand avant l’entrée du village, qui demande 400 m de marche environ avant d’arriver à l’entrée de la vieille rue principale, et un autre, situé de l’autre côté du temple « Jiufen Xiahai City God ».
C’est là que je prévoyais de me trouver une place, visiter le temple au passage et rejoindre la vieille rue via un escalier, une centaine de mètres en tout à parcourir pour atteindre Jiufen Old Street, le coeur du village.
Ce que je n’avais pas repéré à l’avance, c’est que des particuliers proposent leur place de parking à la location. Or, il se trouve qu’on venait juste de passer l’entrée de la vieille rue, reconnaissable à la foule s’y empressant, quand des locaux nous font des signes en proposant de se garer sur leur spot.
Comme on était tout proche, j’ai saisi l’opportunité, malgré un emplacement pas commode, dans une descente et juste avant un virage en épingle qui menait juste après au temple. Comme ils bloquent la circulation et m’aide à manœuvrer, ça l’a fait.
Parking privé : le tarif est abordable, 150 NT$ pour 3 heures.
Il est alors 16h30, il fait encore jour et on peut donc admirer en marchant vers l’entrée de la rue, la belle vue sur les baies en contrebas, avec en premier plan celle de Shen’ao, puis Badouzi. On peut même distinguer au loin le Sheliao bridge, un pont situé en périphérie de Keelung,, principale ville du nord de l’île.
Jiufen Old Street
Lorsqu’on pénètre Jishan Street, la ruelle communément connue sous le nom de Jiufen Old Street (dont l’entrée est marquée comme telle sur Google Maps), je suis agréablement surpris par la foule, dans le sens où il y a certes de l’animation, mais c’est loin d’être la cohue que je pouvais craindre.
Je m’attendais en effet à y croiser plus de monde, car Jiufen Old Street est quand même un spot populaire à Taïwan, notamment depuis son utilisation comme lieu de tournage pour le film Taïwanais « A City of Sadness » (traduit en français par « La Cité des douleurs », qui date de 1989).
Comme en plus c’est globalement étroit, j’avais peur que ce soit plus compact et moins évident pour se faufiler à travers les dédales de Juifen. Et si Jiufen Old Street est la rue commerçante la plus animée de Jiufen, le village perché compte un ensemble de ruelles et d’escaliers accrochés à flanc de collines autour de la zone principale.
Parmi les nombreux magasins alignés, on peut y trouver de nombreuses spécialités locales telles que du caoziguo (gâteau de riz), des saucisses et surtout des boulettes, souvent présenté en brochette et constitué selon de viande de porc rouge, de poisson en salé ou encore de taro pour du sucré.
Il y a également plusieurs boutiques de souvenirs taïwanais, des salles de jeux, mais aussi des salons de thé, dont le plus iconique est certainement le A-Mei Teahouse, qu’on trouve le long de l’emblématique Shuqi Road, une ruelle en escalier qui permet de rejoindre Quingbian Road, autre rue de Juifen serpentant un cran plus bas que Jishan.
C’est après une petite déambulation de 350 m le long de Jishan Street qu’on arrivait à un croisement où l’on pouvait continuer sur la même rue en allant tout droit, et qu’un escalier montant sur notre gauche, et descendait vers la droite.
S’il y a bien des panneaux indiquant des directions, on savait pas trop où ça menait et notre instinct nous poussait à descendre à droite. Quelques marches plus bas et on arrivait justement à hauteur du A-Mei Teahouse, d’où il y a une vue imprenable sur la baie de nouveau.
Il est alors 17h et les nombreuses lanternes qu’on voyait le long s’illuminent soudainement, et malgré la pluie qui se décide à tomber, il commence à y régner une atmosphère que certains qualifieront volontiers d’onirique.
Un cadre particulier qui voudrait qu’Hayao Miyazaki, le grand-maître des films d’animation du studio Ghibli, s’en soit inspiré pour établir les décors du village dans lequel évolue la petite Chihiro, dans le film éponyme « Le Voyage de Chihiro », sorti en 2001. C’est un fait qui n’a jamais été confirmé par le principal intéressé, mais il faut admettre que les similitudes sont frappantes.
On descend encore quelques marches et on arrive sur une espèce de petite place. Dans un coin se démarque une façade avec un chariot sortant du mur et des squelettes dessus. Il s’agit de l’entrée du Ghost Lore Museum, un petit « musée » original au coeur des vieilles rue de Jiufen. C’est qualifié de musée mais il s’agit plus d’une sorte d’expo sur le thème des fantômes et monstres, et s’avère plus un spot à photos.
Presqu’au milieu de cette placette trône une boutique de sacs dans un bâtiment tout en bois. L’emplacement pose question car il se trouve devant un bâtiment historique du village, le Shengping Theater, un ancien théâtre et cinéma datant des années 1930.
Ce dernier est libre d’accès et restauré pour refléter son apogée. Occasionnellement, ce théâtre projette des films anciens ou, comme le jour de notre passage, des documentaires (mais c’était qu’en chinois). À vrai dire, on y est surtout rentré pour se mettre à l’abri, car la pluie ne semblait pas vouloir s’arrêter.
La personne à l’entrée nous propose alors gentiment d’emprunter un parapluie pour nous permettre de repartir explorer les ruelles éclairées par les lanternes oranges. Sachant qu’on savait pas trop quoi faire à ce moment-là, on accepte l’offre, en concédant qu’il faudra repasser par le théâtre pour ramener ce dernier.
Dans un premier temps, on a commencé à remonter les escaliers pour revenir sur nos pas, et au fameux carrefour, prendre à droite. Quelques mètres plus loin, on arrivait sur un point de vue, d’où l’on voit certes la baie, mais aussi une bonne partie des habitations perchées de Juifen.
On pense être arrivé au bout de l’essentiel à voir et comme la météo n’est pas de notre côté, on en profite pour écumer les boutiques de souvenirs, histoire de ramener quelque chose de notre séjour ici. Après cette pause shopping, on redescendait vers le théâtre, mais on s’arrêtait au passage vers le spot photo du coin, où s’agglutinait bon nombre de personnes armées de leur perche à selfie.
On restait presque 10 minutes, dans l’absolu j’attendais pour avoir une luminosité se rapprochant de la nuit, pour mieux mettre en valeur les lanternes, alors que j’ai face à moi le salon de thé A-Mei Teahouse.
Mais l’attente se faisait trop longue (je parle de la baisse de lumière, pas d’une éventuelle queue) juste pour une photo donc j’abandonnais pour revenir au théâtre rendre les parapluies et proposait de remonter par la rue Qingbian. Il est à ce moment-là 18h00 lorsqu’on est de retour devant l’entrée de Juifen Old Street, la nuit n’est pas encore tout à fait tombée et on se demande si on fait les prolongations à Juifen.
Dans un premier temps, c’est le cas, on s’engouffre de nouveau dans l’artère où s’alignent les lanternes bien allumées. L’occasion de refaire quelques photos et revoir les boutiques, au cas où l’on est passé à côté de quelque chose au 1er passage.
Mais après 10 min, on rebroussait finalement chemin pour revenir à la voiture. Se faisant, on passe par une rue en contrebas de la partie animée (Qingbian Road). On découvre alors une facette différente du village, avec quelques peintures murales, quelques vieilles façades et des points de vue différent sur les environs.
On est presque décidé à repartir mais arrivé de nouveau à l’entrée de Juifen Old Street, Jitima fait refaire un dernier petit tour alors que la nuit tombe. On refait donc un aller-retour sur 200m puis cette fois, après 15 nouvelles minutes, on se dit qu’il est temps de s’en aller.
On y sera resté à peine 1h30. Il y a sûrement d’autres spots intéressants à voir, mais avec ce temps pluvieux, ça donnait pas trop envie de traîner. De plus, il nous restait la route pour revenir à Taipei et faire notre check-in au nouvel hôtel.
Conseils pratiques pour visiter Jiufen
Voici une liste de conseils généraux pour planifier au mieux votre visite du village de Jiufen.
Comment s’y rendre :
Jiufen est assez facile d’accès car il n’est situé qu’à 40 km de Taipei, ce qui en fait une destination idéale pour une excursion d’une journée. Voici les principales options pour vous y rendre :
- En bus direct depuis Taipei : La manière la plus simple de rejoindre Jiufen est de prendre le bus. C’est une option pratique et économique. Depuis la station de métro Zhongxiao Fuxing (sortie 1), vous pouvez prendre le bus 1062 (Keelung Bus), qui vous mènera directement à Jiufen en environ 1h30. Depuis le MRT Ximen Station ou Beimen Station, vous avez le bus 965 qui passe également par Jiufen.
- En train + bus : Vous pouvez également prendre un train depuis la gare de Taipei jusqu’à RuiFang Station (environ 45 minutes). Une fois arrivé à Ruifang, sortez de la gare et prenez un bus local (lignes 788 ou 825) pour Jiufen, qui est à seulement 15 minutes de trajet.
- En taxi : Si vous préférez un trajet plus rapide et confortable, vous pouvez opter pour un taxi depuis Taipei. Cela vous coûtera plus cher (environ 1000 à 1500 NT$), mais vous pouvez économiser du temps, surtout si vous voyagez en groupe.
- Location de voiture : J’en parle dans mon article lié à cette journée puisque c’était notre cas. Jiufen possède deux parkings publiques plus ceux des privés. C’est d’autant une option intéressante si vous comptez comme nous visiter les environs. Les routes vers Jiufen sont aussi pittoresque que le village même s’il faut être un minimum à l’aise avec les routes de montagnes, certains tronçons pouvant être étroits et sinueux.
- Excursions organisées : Dernière option pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec les transports en commun nombreuses agences de voyage à Taipei proposent des excursions d’une journée à Jiufen, souvent combinées avec d’autres sites proches comme la ville de Pingxi et la cascade Shifen. Ces tours incluent généralement le transport, ce qui vous permet de profiter pleinement de votre journée sans vous soucier de la logistique.
Quand visiter :
La meilleure période pour visiter Jiufen dépend de ce que vous recherchez, mais voici quelques conseils pour optimiser votre expérience :
- Saisons idéales : Les mois d’automne (septembre à novembre) sont généralement les meilleurs pour visiter Jiufen. Le temps y est plus doux, et les vues sont généralement dégagées, un combo parfait pour profiter des paysages. Le printemps (mars à mai), est sensé offrir une météo clémente, avec une nature luxuriante, mais tout comme dans notre cas, vous pouvez rencontrer des averses occasionnelles et un temps plus incertain.
- Saisons à éviter : L’été (juin à août) peut être chaud et humide, avec une forte probabilité de typhons, rendant la visite bien plus hasardeuse. L’hiver (décembre à février) est quant à lui plus froid et parfois brumeux, même si Jiufen a aussi un certain charme sous la brume hivernale.
- Moments de la journée : Jiufen est une destination touristique populaire, donc pour éviter les foules, il est conseillé d’arriver tôt le matin. La matinée est idéale pour profiter des rues calmes et prendre des photos sans la foule. En fin d’après-midi, le site est populaire pour y admirer le coucher du soleil sur la côte depuis les points de vue du village. Enfin, les soirées à Jiufen étant particulièrement prisées avec les lanternes allumées, c’est le moment où il y a le plus de monde.
Où manger et boire :
On a rien testé autre que des snacks à gauche à droite. Mais à donner des exemples, pour un salon de thé, outre le A-Mei Teahouse mentionné dans l’article, il y a aussi le Jiufen Teahouse, devant lequel on passait, proche du « carrefour » aux escaliers.
Pour déguster des boulettes de taro, vous avez par exemple le A-Gan-Yi Taro Ball. En vous rendant au A-Zhu Peanut Ice Cream Roll, vous pourrez y déguster l’une des spécialités locales, une fine crêpe garnie de crème glacée à la cacahuète râpée, enroulée avec de la coriandre, oui oui.
Enfin pour des restaurants plus « classique », vous avez le Day Eat Tea House & Co., situé dans la rue Qingbian (en contrebas de Jishan Street) ou encore le Jiufen Jie Jiao Traditional Diner, qui propose une cuisine traditionnelle taïwanaise juste à l’entrée de Jiufen Old Street.
Où loger :
Si vous venez à Jiufen en transport en commun, il peut être judicieux voire préférable de dormir sur place, ne serait-ce que parce qu’il est intéressant de rester le soir pour voir l’ambiance avec les lanternes.
En dormant sur place, ça évite de se prendre la tête au niveau des horaires et de pouvoir traîner tranquillement.
- Box_Inn_Jiufen, à partir de 25€, est au coeur de la vieille rue, avec une ambiance conviviale et une terrasse avec vue sur mer.
- Muxin Harajuku, à partir de 50 €, un établissement plus moderne, légèrement à l’écart du tumulte.
- Windsor’s Breeze, à partir de 75€, si vous voulez des chambres plus spacieuse avec vue sur mer.