Voilà moins d’un mois, je revenais d’un voyage au goût particulier, en effet, je revenais pour la seconde fois à Siem Reap voir les temples d’Angkor et par là même revenais également au Cambodge pour la première fois depuis 7 ans. Alors que peut-on constater sur l’évolution touristique des lieux en presque une décennie ?
Les sollicitations : 1 dollar, 1 dollar vs tuk-tuk tu-tuk ?
Pour ceux ayant visité les lieux vous n’y avez probablement pas échappé, ces groupes d’enfants s’aglutissant autour de vous dès que vous approchez ou sortez d’un temple étaient plus que courant. C’est ce qui m’avait particulièrement fatigué lors de mon premier séjour en 2007, au point même que j’en étais revenu avec le sentiment assez franc « J’aime pas le Cambodge… »


Faut quand même remettre un peu le contexte, à l’époque c’était mon premier voyage hors Thaïlande, je découvrais donc un autre pays d’Asie et il faut admettre qu’autant son voisin s’en tire plutôt haut la main niveau économie, autant le Cambodge lui, est toujours hanté par les fantômes de son lourd passé et les Cambodgiens sont là pour vous le rappeler…
Bonne nouvelle, cela s’est amélioré ! Alors il y a toujours bien sûr quelques enfants, mais bien moins qu’auparavant, de plus il y avait aussi tous ces vendeurs de livres et autres marchands à chaque temple qui s’empressaient d’essayer de vous vendre quelque chose (ce qui marchait, car j’avais fini par acheter un livre histoire de dire aux autres, « c’est bon, j’ai »), ce qui aujourd’hui est moins le cas.
En revanche de l’autre côté de la balance, il y a maintenant plus de chauffeurs de tuk tuk que la demande… Résultat, vous êtes constamment harcelé dès que vous allez manger vers le vieux marché (à côté de la pub street de Siem Reap), à peine vous vous levez en finissant votre repas que vous aurez déjà 3, 4 chauffeurs vous guettant, prêt à vous « sauter » dessus…
C’est assez pénible et même moi qui suis d’un tempérament calme, je me suis « gentiment » énervé en expliquant à 2 reprises que si je voulais un tuk tuk, j’en demanderai un, ça sert à rien de héler comme ça dans le vague et ça gêne tout le monde. Le problème étant qu’ils en sont probablement conscient, mais faute de boulot, ne trouvent pas mieux à faire… du moins c’est mon ressenti car j’arrive pas à comprendre sinon ce mécanisme les poussant à faire quelque chose qui, à mes yeux, est contre productif.
Chong Kneas, village flottant méconnaissable
J’ai su que c’était devenu très touristique, ça l’était déjà en 2007, mais ça avait toujours un certain charme au fameux village flottant de Chong Khneas, le principal visité pour les excursions vers le lac Tonlé Sap, d’où l’on prenait le bateau pour aller voir les villages flottant Vietnamiens.
Mais en arrivant sur place, ce fut un peu le choc. Je ne reconnaissais absolument sinon vaguement la longue route avant la colline bordant les quais. Je découvrais une route élargie (même si pas encore goudronné), la « rue » devenue déserte ou presque alors que des maisons pleine de vie bordaient autrefois l’endroit.
Un peu plus loin, on y voit un grand parking en train d’être aménagé. C’est là, devant ce bâtiment servant de quai, je me suis carrément senti mal à l’aise… Mais où sont passés ces petits bateaux qui viennent vous récupérer directement sur le bord du lac à côté des maisons ? où est passée la vie du village ??
Une fois sur place, j’ai hésité quelques secondes à aller au bout du truc et y retourner mais je savais qu’il y avait un autre village plus loin, décision prise, direction Kampong Phluk (j’ai évoqué ça dans mon article sur les villages du Tonlé Sap).

Les temples d’Angkor toujours en rénovations
Si la dernière fois il n’y avait eu peu, voire pas du tout de rénovation en cours en dehors de l’Angkor Wat, où son dernier étage était inaccessible, cette année les travaux battaient leur plein. En plus d’Angkor Wat qui était toujours en travaux (façade avant), ils refaisaient les murs et les galeries du Ta Prohm, retapaient le Phnom Bakheng et le Bayon.
C’est un long travaille de patience car la tâche est ardue et le nombre de sites à gérer est colossal (ne pas oublier que c’était une cité, pas un gros village quoi…)


Les vieux temples sont de véritable puzzle géant. Certaines parties étant complètement écroulées, rassembler le tout demande beaucoup de dextérités, d’autant plus qu’ils essayent en général de respecter le mode opératoire de l’époque afin de réserver le savoir-faire, sous-entendu qu’ils ne recollent pas tout ça à coup de béton et autres.
Je vous conseille de visionner cette vidéo qui expliquent sur une partie comment se passe justement la rénovation d’un temple et les impératifs à rencontrer.
Parfois des pierres ne trouvent pas place et sont placés en rang près de l’endroit auxquelles elles appartiennent.

Mais je dois avouer que si la préservation de ces sites est évidemment importante et même primordial pour la région que ne vit quasiment que de ça, trop de rénovations tuent un peu le charme des lieux… Quand je vois au Ta Prohm, toutes ces passerelles en bois, les galeries entièrement refaites, c’est parfois comme si on cherchait à effacer les années qui ont passé.
Alors oui, je sais d’un côté que faute d’entretien suffisant tout pourrait s’effondrer. Mais je pense qu’il y a un juste-milieu entre refaire « comme neuf », et garder un peu les sites « dans leur jus », surtout lorsqu’on remplace sciemment des vieilles pierres par des neuves ou même carrément rajoutent des statues, neuves elles aussi, comme ici au temple de Banteay Srei :
Autre exemple, pour éviter d’abîmer les marches des différents temples, il devient rare de pouvoir utiliser les marches d’origines, qui pourtant, ajoutait un petit quelque chose à atteindre les sommets des temples « comme à l’époque ».
Je me souviens par exemple du temple de Phimeanakas, lequel on pouvait gravir via ses petites marches étroites et pentues sur le côté du temple. C’est aujourd’hui impossible et accessible que par une rampe d’escalier en bois aménagée derrière. Une nana m’a foutu le doute en nous balançait un sec, « c’est la descente ici », alors que c’est bien un double sens, car il n’y a pas d’autre issue jusqu’à preuve du contraire…
Globalement, j’aurais dû regarder les photos de 2007 avant, histoire de prendre les même angles mais cela donne quand même une idée des éventuels changement entre 2007 et 2014.
Une dernière comparaison pour la route, le temple de Pre Roup qui, je me souviens, était à payer séparément du pass à l’époque, du coup on ne l’avait pas visité en 2007 (peut être que les gardiens cherchaient juste à se faire quelques extras qui sait…) mais ce fût chose faite cette année.
Quid du nombre de touristes à Angkor ?
Et bien en août, ce n’est pas vraiment la pleine saison, c’est censé être la saison des pluies (censé, parce que cette année là, on n’a pas eu une seule goutte de pluie, même les Cambodgiens dont notre chauffeur, disaient que c’est pas normal), et il faisait une chaleur écrasante !!!
Pour cette nouvelle visite, j’avais suivi les bons conseils de Tugdual (de feu le blog Visapour), dont je détaille d’ailleurs ma version ici, mais globalement, il est impératif de se lever tôt pour espérer du calme. Là, entre ses conseils et le presque « hors saison », c’était que du bonheur, globalement peu de monde, parfois l’impression d’être tout seul et clairement le meilleur moyen d’apprécier les lieux pleinement.


Il s’avère que je retournais une 3e fois à Angkor quelques mois plus tard, en mars cette fois (fin de saison en gros) et je peux confirmer cette impression. La foule, elle peut se contourner.
Dit autrement, il est toujours possible, malgré le nombre sans cesse grandissant de touristes, d’éviter les troupeaux et de visiter sans avoir l’impression d’être un mouton (l’article date d’il y a quelques années, je préfère prévenir, car ça a peut être évolué..). Je le dis d’autant que je pense par exemple à Amandine, du blog Unsacsurledos, qui n’a justement pas pu apprécier les lieux comme il se doit.
Donc oui, Angkor reste un incontournable qui a encore (j’espère) de beaux jours devant lui, malgré le tourisme de masse.
Avez-vous visité les temples d’Angkor ? Qu’en avez-vous pensé ? Avez-vous pu éviter les foules ?















2 Commentaires
Et bien ! Je suis surpris de lire qu’en 2007 il y avait beaucoup plus d’enfants qu’aujourd’hui, ça devait être vraiment fatigant à l’époque ! Enfants ou pas, les vendeurs sur les temples m’ont toujours agacés avec leur systématique « buy one sir », mais encore une fois, si ça marche, c’est bien qu’il doit y avoir des gens qui aiment ça les pacotilles. Je crois que le pire, c’était la vente de fringues au Ta Som avec un mannequin poqué au milieu des ruines. Ou alors c’est juste moi qui ne suis pas normal car je n’aime pas les souvenirs ?
Intéressantes les comparaisons avec les photos 2007/2014. Idem, j’ai du mal à me positionner entre la conservation et l’over-conservation. D’ailleurs il est dit que nombreuses plateformes en bois ont été construites pour préserver les pierres mais l’autre fois, un guide leur donnait aussi une autre raison d’être en taclant sans retenu certains touristes : « bah oui là ils ont fait des escaliers parce-que les chinois ils arrivaient pas à descendre tout seul », « ici aussi les vieux ils avaient du mal donc on a mis des passerelles ».
En effet c’était pire… dire si non seulement c’était effectivement fatiguant mais ça nous avait un peu dégoûté du pays… Même là les vendeurs il y en avait peu. Je suis par contre tombé sur un mec qui me proposait un Bouddha (un vrai, original, dans un temple !), 10 000$, j’ai cru que c’était une blague au début…
J’avais effectivement entendu que les plateformes servent à préserver les pierres, malheureusement les sites étant victimes de leur succès je ne vois pas comment les sites pourraient ne pas s’abîmer autrement…