Pour cette 8e journée, nous partions en tuk tuk donc depuis notre guesthouse à Dambulla pour rejoindre l’arrêt de bus vers le centre où nous étions la veille. Le comble étant qu’on en aura pour plus cher à faire ce court trajet (200 Roupies) que celui en bus veres Polonnaruwa (180 Roupies pour 2).
Après un trajet d’environ 1h30, nous passions devant le lac artificiel datant de l’époque où Polonnaruwa servit de capital au Royaume, ce large réservoir d’eau appelé Parakrama Samudra couvrant 15km² furent le plus vaste projet d’irrigation du roi Parakramabahu.
Le site historique de Polonnaruwa
Le site fait partie de ce qui est dénommé « le triangle culturel », triangle compris entre Kandy, Polonnaruwa et Anurâdhapura (et qui inclut Dambulla ainsi que Sigiriya) L’ancienne cité fut la seconde capitale du Royaume Cinghalais après la destruction d’Anuradhpura à la fin du Xe siècle.
Polonnaruwa se développa donc pendant près de 200 ans, entre le XIe et le XIIIe, avant de passer à Dambadeniya. Capitale qui changea encore 4 fois jusqu’en 1592 où les Cinghalais s’installèrent à Kandy pour s’isoler et se protéger des invasions européennes (Portugaise d’abord puis Hollandaise) avant la colonisation totale par les Britanniques au début du XIXe. Le site se répartie en plusieurs sous-sites couvrant environ 122 hectares.
En arrivant au dépôt de bus proche des sites historiques, nous négocions le prix pour une journée de tuk (1700 Roupies). Nous partons d’abord acheter les tickets pour visiter le site, 25$ chacun, budget non négligeable… Puis sous une chaleur écrasante, nous commencions cette journée par la chambre du conseil (Raja Sabahawa) de ce même roi Parakramabahu.
La chambre du conseil et le palais royal
L’époque de Polonnaruwa était une époque où le Bouddhisme était déjà bien ancré, la plupart des monuments sont donc à but religieux, sauf ici, puisqu’il s’agit donc d’une chambre de conseil, un reste du siège du pouvoir des rois.
Le style architectural est influencé par le style Hindou. Un point commun à tous les monuments, typiques du Sri Lanka, sont ces fameuses « moonstone » (sandakada pahana) ou pierre de lune en bon français. Elles symbolisent le Samsara, terme Bouddhiste signifiant littéralement « cycle de l’existence » ou « mouvement continuel ». Ces pierres semi-circulaires sont placées telles un « paillasson » (c’est pas sa fonction qu’on soit bien d’accord !) au pied des escaliers des monuments, eux-même bordés par des sculptures, souvent en forme de lions.
En face de la chambre du conseil se trouve le Palais-royal, qui était décrit comme un édifice particulièrement imposant pour l’époque, car haut de 7 étages. Celui-ci comportait notamment une salle d’audience pour les entretiens avec le roi et plus de 1000 chambres !
Détruit et brûlé lors d’une invasion sud indienne au début du XIIIe, il ne subsiste aujourd’hui que l’équivalent de 3 étages debout et la trace de 55 chambres. On peut aussi y apercevoir quelques plaques de la surface qui recouvrait les briques rouges, ainsi que les traces de brûlures.
Le site dit du Quadrangle
Nous poursuivons notre découverte de Polonnaruwa et rejoignait le site suivant appelé Quadrangle (ou Dalada Maluwa en Singhalais), signifiant littéralement cour carrée ou quadrilatère. Le site est entouré d’une petite muraille et posé sur un petit plateau dont y accède par quelques marches dont il y a d’ailleurs encore au pied un bassin qui servait surement à se laver justement les pieds avant d’accéder au complexe qui comprenait plusieurs temples.
Vatadage et Hatadage
Tout de suite en haut des escaliers sur votre gauche se trouve le Vatadage, un temple d’une forme plutôt inhabituelle, car si les stupas sont généralement ronds, les temples eux, sont plutôt rectangulaire, ce qui n’est pas le cas ici.
D’un diamètre de 18m, celui-ci aurait contenu un temps la fameuse relique avec la dent du Bouddha. Au pied de l’escalier proche de l’accès au site se trouve une pierre de lune considérée comme étant la plus finement sculptée de Polonnaruwa.
Visiblement « jaloux » de la trace historique que le roi Parakramabahu laissait déjà ici (il a par ailleurs assassiné son fils, qui ne régna que 5 jours, pour s’emparer du trône…), le roi Nissanka Malla fit construire le Hatadage juste en face du Vatadage, temple plus « classique » de forme rectangulaire donc, mais sur 2 étages à l’origine et il y plaça la relique de la dent.
Le nom provient de « Hata » qui veut dire 60 et dage qui signifie relique. Alors pourquoi 60 ? La légende voudrait que le temple fût complété en 60 jours seulement… Plus communément, on pense que celui-ci contenait 60 reliques/statues de Bouddhas.
Nissanka Latha Mandapaya et Gal Pota (le livre de pierre)
Bien sûr, il ne se contenta pas que de ça, puisqu’il est aussi à l’origine d’un hall portant son nom, le Nissanka Latha Mandapaya, avec ces 8 piliers de granite aux formes uniques qui soutenaient une toiture.
Il a aussi fait construire cette statue de bodhisattva qui a perdu ses bras (« celui qui suit la voie du Bouddha ») et qui pourrait être aussi un portrait du roi Nassanka (mais il avait des bras lui hein) comme cela ne suffisait pas pour démontrer Sa « Grandeur », il fit graver sur une pierre ses exploits, cette pierre de 8m sur 1m40 relate le règne du roi Nassanka et sa vision de la légitimité du trône (il faut être Bouddhiste pour régner au Sri Lanka).
À côté se trouve un bâtiment plutôt unique au Sri Lanka, de forme pyramidale de 7 étages, le Satmahal Prasada est une construction similaire à ce que l’ethnie Mon (qui fût à l’origine de l’expansion du Bouddhisme en Birmanie et en Thaïlande, paradoxe étant qu’ils ont pratiquement disparu de Thaïlande aujourd’hui…) a construit à Chiang Mai et Lamphun.
Atadage
Ce bâtiment est le seul attribué au roi Vijayabahu I encore debout de nos jours. Il faut dire que son règne remonte à loin, puisqu’il fût de Polonnaruwa sa capitale (1070-1110). Celui-ci possède 54 piliers en pierre qui soutenaient un étage aujourd’hui disparu. Sa particularité est d’avoir été le premier temple de la dent sacrée, relique du Bouddha.
Le Thuparama Gedige
Enfin le dernier bâtiment et pas des moindres, le Thuparama avait pour fonction d’accueillir des images du Bouddha, mais sa particularité est d’avoir admirablement bien résisté à 900 ans d’histoire (environ, car la date de sa construction, ni qui exactement en est à l’origine, n’a pu être établi), il a notamment encore sa toiture faite de briques semi cylindrique. La structure est faite de murs épais de 2m, cela a sûrement joué sur la solidité du temple.
Le temple était d’ailleurs en rénovation lors de notre visite.
Temples Rankot Vihara et Alahana Pirivena
Le terme Vihara est un terme sanskrit qui désigne un temple bouddhiste. Et ces 2 temples valent le coup d’œil, les 2 pour des caractéristiques en faisant des bâtiments imposants, même 900 ans après leur création.
Rankot Vihara
Le Rankot Vihara est le 4e plus large stupa (désigné localement par le mot dagoba) du pays et, avec ces 55 m de hauteur pour 168 m de diamètre à sa base, c’est aussi le second bâtiment le plus grand du Sri Lanka encore entier après 900 ans.
La construction serait le fait du roi Nassanka Malla, enfin, il serait en tout cas celui qui l’aurait fait compléter (un panneau indique d’ailleurs la position exacte où il aurait observé en personne les ouvriers à l’œuvre).
Le stupa repose sur une terrasse en brique, elle-même étant entièrement faite de briques. Elle comporte également 4 vahalkadas (une à chaque points cardinaux) qui ont avant tout une fonction décorative, mais servent aussi pour le dépôt de fleurs en offrande.
Après cela, nous nous laissions tenter par une pause boisson, alors que nous voyions cette brave dame agiter ces bras pour nous faire venir, elle qui ne voit pas grand monde en ce jour et supporte la chaleur tant bien que mal. Pause relativement rapide, car il y en a encore beaucoup à voir.
Next step, Alahana Pirivena, un complexe de monastère incluant le Lankatilaka Vihara.
Le stupa Alahana Pirivena
Nous entrons dans la zone appelée Alahana Pirivena, un complexe de temples de 8 hectares construit sous le règne du roi Parakramabahu (qui régna entre 1153 et 1186 peu avant le roi Nissanka Malla, mentionné auparavant, qui lui succéda de 1187 à 1196 pour re situer historiquement parlant).
Lankatilaka Vihara Image House
J’ai vraiment du mal à trouver une traduction précise à « image house » mais comme son nom l’indique, c’est un temple qui pour vocation « d’héberger » (« house ») des représentations (« image ») de Bouddhas, généralement sous forme de statues.
D’ailleurs, le Bouddha debout principal restant au fond du temple en atteste. Celui-ci a malheureusement « perdu la tête », d’après des archives, notamment photos, la statue était encore complète au début du siècle dernier. La particularité de ce temple est l’imposante entrée avec ses murs épais et la hauteur actuelle de 17 m, sachant qu’originellement celui-ci avait 5 étages.
Nous terminions cette journée de visite à Polonnaruwa par le monument le plus connu des lieux, si ce n’est d’ailleurs le plus connu du Sri Lanka, le Gal Vihara.
Gal Vihara : Les sculptures de bouddhas sur pierres
Il s’agit de groupe de 4 sculptures taillées dans un même bloc de granite. Les 4 sculptures sont 2 bouddhas assis, un debout de 7 m et un en position allongée (en train d’atteindre le nirvana) de 14 m de long. La grosse déception fut que les autorités dans le but certes de préserver au mieux le site, y a ajouté un toit métallique qui défigure pas mal le site à mes yeux… La finesse et la qualité de ces sculptures en ont fait la renommée du site.
Le site est gardé en permanence et les femmes ne peuvent s’en approcher au-delà d’un cordon de sécurité… Nous n’avions pas vraiment bien regardé les infos et j’ai su par la suite que juste derrière le Gal Vihara se trouve un ancien auditorium qui vaut aussi le coup d’œil. À noter que des singes traînent dans les lieux.
Soirée à Dambulla
Après ça, nous rejoignions l’arrêt de bus via notre tuk tuk, qui aura un bref soucis technique avec son engin. Puis nous payons comme ce matin les 180 Roupies pour revenir à Dambulla, notre point de chute pour visiter le triangle culturel.
En cours de route, on s’arrêtait faire un break, l’occasion de rencontrer quelques habitants et faire des portraits et photos du coin. Une fois de retour, nous allions plus tard chercher où manger dans les environs de notre Green Hut.
Nous trouvions un restaurant qui avait l’air un peu chic mais vide. On était seuls, mais c’était bon et un prix raisonnable pour un restaurant de ce standing, 875 Roupies, j’avais pour le coup pris des sandwichs, histoire de changer du curry…
Sur le chemin du retour vers notre guesthouse, une dame nous interpella en nous proposant à manger, nous lui expliquons que nous venions juste de diner, celle-ci nous invita quand même à rentrer dans son salon. Après une brève discussion, on lui promettait de venir le lendemain tester, car il nous restait encore une nuit sur Dambulla avant de partir sur Sirigiya.
Car le lendemain, encore une journée de prévus dans le triangle culturel, Anuradhapura.
Jacques WEBER
Monsieur,
Vous avez eu la gentillesse de m’autoriser à reproduire une photo du Wat Phra Si Sanphet d’Ayuthhaya dans le tome 3 (sur 6) de mon histoire de la civilisation indienne consacré à l’Inde extérieure. M’autoriseriez-vous également à reproduire l’une de vos photos représentant le Parinirv??a du Bouddha à Polonnaruwa ? Les références de l’illustration figurent en bas de page et la moindre des choses serait que je vous envoie exemplaire à la parution du livre que nous prévoyons fin 2024.
Avec mes remerciements.
Bien cordialement,
Jacques Weber
Romain
Bonjour,
Je vous y autorise, en revanche, je ne peux fournir pour l’instant une version haute résolution car je ne suis pas chez moi avant le mois de novembre.
Cordialement,
Romain