Pour notre dernier jour à Taïwan, il restait une zone intéressante de Taipei à visiter, le quartier de Beitou, situé avant celui de Tamsui (situé lui à New Taipei), qu’on a visité quelques jours plus tôt. Beitou est surtout connu pour son activité volcanique, qui se traduit notamment par ses sources d’eau chaude.
Niché au pied des montagnes au nord de Taipei, Beitou est un quartier où histoire et nature se mêlent harmonieusement. Ce lieu a connu un essor significatif durant l’époque coloniale japonaise, avec l’introduction et la popularisation des bains thermaux.
Aujourd’hui, Beitou a su transformer cet héritage en un véritable atout, faisant de lui une des destinations incontournables de Taipei.
La vieille gare de Beitou
Dès la station de métro Xinbeitou, on tombe sur notre première découverte du jour : l’ancienne gare de Beitou. Ce charmant bâtiment en bois, soigneusement restauré, date de 1916.
Il est construit en pleine époque coloniale japonaise, pour promouvoir les bains d’eaux chaudes, une activité déjà populaire au pays du soleil levant.
À l’extérieur, quelques mètres de rails et un wagon posé dessus témoignent de l’héritage ferroviaire de la région.
En visitant l’intérieur de la gare, maintenant transformée en un petit musée dédié à l’histoire ferroviaire de Beitou, on en découvre un peu plus sur son histoire, et notamment le fait que cette gare a failli disparaître. En effet, lors de la construction du métro aérien en 1988, la préservation du patrimoine n’était pas encore une priorité.
Hors, l’ancienne gare se trouvait sur l’emplacement prévu pour la nouvelle station Xinbeitou, et son démantèlement semblait inévitable. Heureusement, grâce à l’initiative d’un architecte local, la gare a été démontée pièce par pièce et déplacée au village folklorique de Taiwan à Changhua, où elle a été exposée pendant plusieurs années.
À partir de 2003, avec une prise de conscience accrue de l’importance de la préservation du patrimoine, le gouvernement de la ville de Taipei, soutenu par des organisations non-gouvernementales, a entrepris de rapatrier et de restaurer l’ancienne gare.
Elle sera finalement réinstallée parallèlement à la station MRT en 2007, à l’extrémité du parc Qixing, nouvellement aménagé à côté de la station Xinbeitou.
Sa forme actuelle, avec ses fenêtres en œil-de-bœuf intégrées dans la toiture, résulte de l’agrandissement de la gare en 1937. On remarque aussi les gravures florales sous les avant-toits qui ajoutent une touche particulière à cet édifice historique qui a fait les beaux jours de Beitou.
Aujourd’hui, l’espace accueille une exposition et une boutique de souvenirs, offrant un aperçu de l’époque où la gare jouait un rôle crucial dans le transport local.
En incluant la courte visite du wagon extérieur, qui présente des photos, une chronologie, et des costumes illustrant la vie le long de l’ancienne ligne ferroviaire TRA Tamsui, on passait une bonne demi-heure sur place avant de nous diriger vers la prochaine étape.
Parc Beitou et Musée des sources chaudes
Notre prochaine étape était le musée des sources d’eau chaude (Beitou Hot Spring Museum). Pour nous y rendre, on passait à travers le joli parc de Beitou, qui longe le ruisseau prenant sa source plus en amont dans la vallée thermale vers laquelle on se dirigeait en fin de compte.
Malgré un ciel chargé, on apprécie cette balade dans cet espace agréablement aménagé. On y croise des petits ponts en pierre, des étangs remplis de nénuphars et on passe devant un imposant bâtiment de plusieurs étages.
Ce dernier se fond bien dans le décor puisqu’il est essentiellement construit en bois, il s’avère être une librairie publique (Taipei Public Library Beitou Branch).
En traînant, on met près de 20 min pour parcourir les même pas 400 m séparant la vieille gare du musée. Ce dernier s’apparente à une grande maison sur deux étages, dont la partie inférieure est construite en brique rouge tandis que son étage est majoritairement en bois.
Bien que l’architecte en charge était japonais, le bâtiment arbore un mélange de style japonais et occidental, on y reconnaît notamment le style de maison dit Tudor.
Érigé en 1913 par le gouvernement colonial japonais comme bain public, le Beitou Hot Spring Museum était autrefois le plus grand établissement de ce type en Asie de l’Est et le tout premier bain public de Taïwan.
Après avoir été abandonné suite à la Seconde Guerre mondiale, ce bâtiment emblématique a été restauré et rouvert en 1998 en tant que musée. Aujourd’hui, il documente et préserve l’histoire et la culture des sources chaudes de Beitou.
Avant de visiter l’intérieur, on nous invite dans le vestibule à inscrire nos noms, heure de passage et surtout à mettre nos chaussures et affaires (autre que le portable, les photos étant autorisées) dans un vestiaire.
On commençait notre visite par l’étage. Il abrite divers espaces d’exposition, explorant l’histoire de la région de Beitou. On y trouve des photos relatant les efforts de reconstruction du musée, ainsi que le rôle significatif de Beitou dans le cinéma taïwanais.
On arrivait ensuite devant un grand espace ouvert, couvert par des tatamis, pas de doute que l’établissement a bien été construit par des Japonais. Juste à côté, on accède à un balcon avec une belle vue sur le parc Beitou.
Après environ 15 min, on accédait à la partie inférieure. C’est là que se trouvent les bassins pour les fameux bains d’eau chaude et une zone avec des robinets et petit siège en bois individuel pour se laver.
À côté, on arrive dans une grande pièce, avec un large bassin qui s’apparente presque à une piscine. Avec une taille de 9m par 6, c’était même le plus grand bain d’Asie de l’Est à son époque. Au moment de notre passage avait lieu une expositions artistique, le musée accueillant régulièrement des expos du genre.
Sur un côté de cette salle est exposée un rare morceau de roche minéral appelé « Hokutolite » pesant pas moins de 800 kg (une roche qui s’avère radioactive).
On passait une demi-heure dans ce musée agréable, qui revient de loin quand on voit l’état dans lequel il se trouvait suite à son abandon pendant des décennies.
La vallée thermale (Thermal Valley)
De retour à l’air libre, on reprenait notre chemin en longeant toujours le ruisseau, en direction de la vallée thermale.
En traînant bien (sachant qu’en plus je fais beaucoup de photos), on atteignait la vallée 30 minutes après notre visite du musée des bains. Pour l’anecdote, le nom originel de Beitou signifie « sorcière » dans la langue des aborigènes natifs de l’île.
Ce terme fait référence aux vapeurs de soufre émanant des sources chaudes qui confèrent à la région son atmosphère mystique.
On rentre donc là dans le vif du sujet. La vallée thermale est l’une des principales sources qui alimentent les bains d’eau chaude de la région. La vapeur sulfurique enveloppe la vallée tout au long de l’année, créant une atmosphère fantomatique autour de ce petit lac entouré d’un parc.
Cette scène brumeuse a valu à l’endroit les surnoms de « lac fantôme » et « vallée de l’enfer ». Avec un taux d’acidité autour de 1,5 et une température atteignant les 90 °C, autant dire que c’est pas là que vous irez tremper un orteil.
En tant que tel, ce n’est pas grand, le lac ne mesure même pas 100 mètres de long, et la boucle autour fait à peine 250 mètres. Mais parce que la brume chaude persistante crée une ambiance assez irréelle, on s’est pas mal attardé pour faire des photos.
il nous a fallu ainsi pas moins de 20 minutes pour faire le tour et revenir au point de départ, le site étant un cul-de-sac avec un seul accès.
Avant de quitter les lieux pour rejoindre notre étape suivante, on a pris un moment pour explorer la petite boutique à l’entrée, espérant y trouver du café… spoiler alert, y’en avait pas…
Heart village
Pour accéder à la prochaine étape, nous avons dû revenir sur nos pas et traverser un petit parc aménagé sur la colline, puis grimper encore un peu via un autre escalier situé juste à côté d’une galerie d’art installé dans le Beitou Public Assembly Hall, le « village » étant légèrement situé sur les hauteurs de Beitou.
Ce passage pour les piétons est bien pratique car ça raccourci le trajet presque de moitié par rapport au kilomètre à faire par la route.
Dans la même veine que le 44 South Military Village dont je vous parlais ici, j’ai voulu voir, puisque c’était pas loin, un autre petit ensemble de maisons historiques, autrefois habitées par les familles de militaires arrivées sur l’île après la guerre civile chinoise.
C’est moi qui avais insisté pour y aller, car en préparant notre journée à Beitou, j’avais cherché des activités complémentaires à la vallée thermale, qui était notre objectif principal. C’est comme ça que je tombais sur ce bout de quartier, situé à environ 500 m de la Thermal Valley.
On se contentait de jeter un œil au petit musée installé dans une ancienne maison familiale (en accès libre), qui permet de se donner une idée du quotidien de l’époque.
Heureusement que ce n’était pas trop loin, car la visite ne valait pas vraiment le détour à ce moment-là. Le site était alors en cours d’aménagement pour être mis en valeur, donc une grande partie du village était inaccessible…
Après une dizaine de minutes sur place, on a commencé à redescendre vers la station de Xinbeitou pour poursuivre notre journée.
Sulfur Valley Recreation Area
Après avoir visité l’essentiel de ce qui était prévu à Beitou, il était environ 14 h. Cela nous laissait encore toute l’après-midi pour explorer davantage.
Jitima souhaitait retourner au « Bopiliao Historical Block », près du temple de Longshan, qu’on avait visité quelques jours plus tôt (voir ici). Cependant, comme on avait encore du temps, je négociais pour approfondir notre visite de Beitou.
Ce que je n’ai pas précisé jusqu’à présent, c’est que les deux jours précédents, on avait quitté un peu Taipei pour explorer le nord de Taïwan et ses villages de montagne. On avait donc une voiture de location, que j’avais gardée pour ce jour afin de nous donner plus de liberté de mouvement pour visiter les alentours.
C’est dans ce contexte qu’on revenait à la voiture, garé dans un parking souterrain (Qixing Park Underground Parking Lot), situé juste à côté de la station Xinbeitou, et direction la vallée du soufre, situé à 2 km de là.
En tant que tel, c’est un site apprécié pour ces chemins de randonnée et ses bassins d’eau chaude pour tremper les pieds. Mais en dehors de ça, il n’y a pas grand-chose à y faire. Je ne vous cache pas que la miss n’était pas super emballée, préférant même m’attendre sur le parking après avoir jetée un œil à la vue sur le lac.
Pour ma part, j’ai opté pour une courte balade jusqu’à un point de vue à une centaine de mètres plus loin. De là, on a une vue d’ensemble de la zone, qui ressemble à une ancienne carrière. Il est difficile d’imaginer qu’il s’agit en réalité d’un volcan endormi.
J’ai aperçu diverses installations, avec des bassins et des tuyaux, reliés aux complexes hôteliers des environs. La vallée alimente en effet les hôtels et spas de Beitou en eau thermale. J’ai également observé les fumerolles, aperçu un petit geyser, et des taches jaunâtres, signe de la présence de soufre qui donne son nom à cette vallée.
Cette visite express m’a pris tout juste 20 minutes. Rien de spectaculaire, mais l’accès est gratuit et la vallée se trouvait sur notre route vers la prochaine étape que je voulais explorer : le chemin de randonnée de Zhongzhengshan.
Zhongzhengshan Trail
Dans les environs de Beitou, vous trouverez une multitude de balades à faire dans les montagnes, avec des chemins de randonnée offrant parfois de superbes vues sur Taipei et New Taipei (Beitou est notamment connu pour son parc national de Yangmingshan). Profitant qu’on avait la voiture de loc, j’avais repéré une promenade à faire proche de la vallée du soufre.
Avant de rejoindre le parking pour atteindre le point de vue de cette randonnée, je m’arrêtais voir une petite attraction locale, une cascade appelée « Lover Waterfall » qu’on peut traduire par la cascade des amoureux. Je ne sais pas ce qui lui vaut ce surnom, car si en photo on peut y voir un certain aspect bucolique, son aménagement l’est tout autre.
Il y a bien une passerelle avec une terrasse donnant sur la cascade, mais le tout est situé à « l’arrache » en bord de route, sans véritable parking… Je me suis donc calé en bord de route et expédié mon arrêt photo en 5 minutes.
La cascade n’étant qu’à moins de 200 m du carrefour que je venais de passer (et devais emprunter pour me rendre au parking du chemin de randonnée), cela ne demandait pas un détour énorme.
Pour atteindre le parking, situé à 5 km de la cascade, on a emprunté sur la fin une sacré route en épingle, passant d’une altitude de 240 m environ à plus de 500 m. Quand on arrive c’est vide et pour cause, le temps n’est pas trop de notre côté ce jour-là.
Comme vous avez pu le constater sur les photos jusqu’à présent, on avait droit à un ciel plutôt chargé, avec de nuages bas. Autant dire que c’était pas gagné d’avoir une vue une fois en haut… Mais comme on était bon dans le timing et que je suis têtu, j’ai insisté à aller au bout du truc et on se lançait vers le belvédère, situé à moins de 500 m du parking.
C’est aussi ce qui me motivait à faire cette petite randonnée, je me disais, « ça va, c’est que 500 m »… alors oui… sauf que, il y a un dénivelé de presque 150 m. Ça parait pas beaucoup en soit mais du coup, c’est quand même un parcours de 500 m en montée continue.
Si donc en distance pure, je pensais que c’était l’affaire de 10 minutes, il nous fallait en réalité un peu plus de 20 minutes pour atteindre l’objectif, à savoir le point de vue qu’on obtient sur la structure en bois proche du sommet local (le chemin se poursuivant après plus loin, pour rejoindre d’autres sentiers et accès derrière la montagne).
Jitima étant clairement plus citadine sur ce point, elle était un peu ronchonne, car ce genre de grimpette n’est clairement pas sa tasse de thé… Pour autant, la balade a permis de voir une belle forêt, en bambou au début, puis des arbres recouverts de mousses plus haut. À mi-chemin, j’étais surpris de voir une maison isolée avec un jardin visible sur les flancs de la montagne.
Pour ce qui est de la vue, c’était prévisible vue la météo, c’était bien bouché… On a même eu un peu de pluie, mais c’était quand même moins pire que ce que je pensais, car on arrivait quand même à voir quelque chose en bas.
D’un côté, on peut voir le centre de Taipei au loin normalement, avec une partie de New Taipei. On voit bien la zone urbaine traversée par la rivière Keelung, ainsi que la rivière plus large de Tamsui. D’ailleurs, de l’autre côté, outre l’épaisse forêt recouvrant la montagne, on aperçoit la baie où se trouve Tamsui, qu’on avait vu quelques jours plus tôt.
L’aller-retour nous prendra finalement moins d’une heure et on repartait du parking peu après 16 h, nous laissant le temps de revenir en centre-ville, de se garer et faire la visite du « Bopiliao Historical Block » comme prévu pour terminer cette dernière journée à Taïwan.