Chanthaburi : du village de Nong Bua à l’île de Ko Proet, visite entre terre et mer
Après « l’épisode » sur les parcs nationaux de la province de Chanthaburi, je vous invite à suivre la série, et cette fois, je vous emmène sur la route menant à la côte. Car avant de détailler les différentes plages et points intéressants en longeant la mer, il y a quelques visites qui peuvent valoir le coup d’œil sur la route entre la ville de Chanthaburi et la plage principale de Laem Sing.
À commencer par un tour dans le village de Nong Bua, au charme indéniable malgré la quiétude en semaine, jusqu’au village de pêcheurs de Ko Proet, une presqu’île située à 10 km de la plage de Laem Sing.
Nong Bua Walking Street
Nong Bua est une petite bourgade à moins de 10 km au sud de la ville de Chanthaburi. J’avais repéré les lieux sur Google Maps sous le terme de Nong Bua Walking Street, car le village accueille (surtout les week-ends) les visiteurs pour déambuler dans sa vieille rue principale, bordée de maisons en bois.
Coup de bol, ne sachant pas si j’allais pouvoir me garer dans le village en lui-même, j’avais trouvé une place juste à l’entrée en me serrant sur le bas-côté. La chaleur était anormalement élevée pour ce mois de janvier et c’est plus ou moins une habitude dans ce cas-là, on évite de marcher trop longtemps sous le soleil. On se rangeait donc vite à l’ombre des maisons et commencions notre visite, accueillie par des devantures majoritairement fermées.
La rue se veut photogénique même s’il faut admettre qu’en semaine, ça manque clairement d’ambiance et de commerces, et si la photo n’est pas votre truc, clairement les lieux pourraient manquer d’intérêt dans ce cas. Car en dehors des vieilles maisons, il y a bien quelques peintures murales mettant en valeur les lieux, une mode récente d’ajouter du street art pour embellir des vieilles rues dont les autorités ne savent en général pas comment attirer un tourisme local autrement que par faire un site « instagram ready ».
La partie intéressante ne dépasse pas les 200 m de long, autant dire que ça coûte rien en terme de temps et qu’on avait vite fait le tour. Quelques commerces étant tout de même ouvert, on jetait un œil aux magasins, tout comme les quelques personnes qu’on croisait aussi de passage.
Tout comme nous, rien n’empêche de s’arrêter dans les parages pendant 15-20 min, même si c’est calme, ça reste une ambiance très locale et peu touristique.
La route passant par Nong Bua descend vers le bord de mer, on y passait alors que nous nous rendions vers la plage de Laem Sing, où se trouve notamment la maison rouge (Tuek Daeng), un reste de l’occupation française.
Nong Bua est aussi traversé par une rivière et un canal, tout deux bordés par de la mangrove, légion dans la région. C’est du coup aussi un village abritant quelques pêcheurs et un marché aux poissons, malheureusement pas actif au moment de notre passage vers midi (j’imagine que c’est plus actif le matin, sans savoir si c’est tous les jours ou pas…)
Histoire maritime de Chanthaburi
De part l’importance historique de la ville (j’en parle dans mon article sur la ville de Chanthaburi), que les navires pouvaient atteindre facilement depuis la mer en remontant la rivière Chanthaburi, on trouve dans la région plusieurs sites liés à l’histoire maritime de la région.
Ce site faisait partie de ma liste des choses à voir, car c’est situé non loin du village de Nong Bua, mais au final, je zappais cette visite au profit du bord de mer. Le site a été mis en valeur suite à la mise à jour d’une vieille épave d’un navire en bois, il est considéré comme étant le chantier naval ayant servi au futur roi Taksin après que ce dernier battît en retraite d’Ayutthaya et alors qu’il préparait sa contre-attaque.
Les restes d’une épave se trouvent sur un terrain mis à disposition par son propriétaire M. Chaleow Bantaowong, puis une collecte de fonds fut engagé pour acheter des terres supplémentaires. Plus tard, l’organisation administrative du sous-district de Nong Bua, qui est responsable de ce domaine, a demandé un appui budgétaire au Département de l’administration locale pour l’exercice budgétaire 2003. Le budget est destiné à développer le tourisme, à construire un bâtiment d’exposition permanente dans la région, près du premier étang, où l’épave du navire a été trouvée, pour construire un toit sur le navire et pour améliorer les bâtiments jumeaux qui existaient déjà comme zone de démonstration et une boutique vendant des produits locaux.
Les expositions à l’intérieur du musée sont des expositions permanentes de biographies royales et d’activités royales du roi Taksin le Grand. L’exposition présente également le contexte, l’évolution, l’archéologie et l’histoire de la province de Chanthaburi.
Comme je n’ai pu m’y rendre, les infos ci-dessus sont tirés du site des musées de Thaïlande.
Khai Noen Wong et le National Maritime museum
Khai Noen Wong est un vieux fort construit par Rama III dans le cadre d’un système de défense contre les éventuelles invasions vietnamiennes au cours de la première moitié de 19e siècle. Vous passerez devant l’ancienne muraille composée de brique en latérite et pourrez admirer ces vieux canons, qui méritent une halte rapide avant de se diriger vers le National Maritime Museum. L’emplacement peut aujourd’hui paraître un peu « hors de tout » mais il faut comprendre qu’en près de deux siècles, le cours de la rivière a probablement dévié de son cour de l’époque, car on peut supposer que le fort avait la rivière en point de mire auparavant.
Le musée a été inauguré en 2001 et figure parmi les musées ayant un réel attrait de par la modernité des expositions et agencement des salles. En l’occurrence, vous en avez 6 correspondant à 6 sujets différents répartis comme suit :
- Hall 1 : Exposition concernant les routes et biens commerciaux et du mode de vie des marins dont la pièce maîtresse est une réplique d’une jonque chinoise
- Hall 2 : Introduction sur les techniques d’archéologie sous-marine
- Hall 3 : « Entrepôts » des antiquités, où sont exposés diverses pièces anciennes de la région
- Hall 4 : Navires et style de vie au bord de l’eau, faisant référence au lien qu’on toujours eu les Thaïlandais avec la vie en bord de rivière
- Hall 5 : Salle présentant l’histoire de Chanthaburi et les biens caractéristique de la province
- Hall 6 : Salle dédiée au grand roi Taksin, considéré comme le libérateur du joug birman et souverain encore aujourd’hui très apprécié du peuple
Retrouvez plus de détail sur le site des musées de Thaïlande (bien fait mais qu’en anglais).
Entre terre et mer
Après ces visites, c’est l’occasion de continuer vers le bord de mer pour atteindre Ko Proet par exemple. C’est le moment d’évoquer le paysage caractérisant le bord de mer, sur une large portion s’étalant jusque 5 km dans les terres, les fermes de crevettes. Il faut savoir que la Thaïlande fait partie des plus gros producteurs mondiaux avec un volume à l’exportation représentant environ 200 à 250 000 tonnes par an.
Si la marge diminue face à l’arrivée de concurrent comme l’Inde ou l’Équateur, à son apogée, ce volume représentait pratiquement 10 % de la production mondiale. En traversant la zone, vous verrez donc de nombreux bassins dédiés à l’aquaculture.
On croise aussi de beau panorama sur la région depuis les ponts enjambant les rivières de la zone. C’est par exemple le cas en traversant le pont Bang Sakao, où se retrouvent quelques locaux pour pêcher à la ligne dans la rivière Phlio, provenant de la cascade du même nom.
On a alors une vue sur les montagnes dans le fond d’un côté, avec des maisons flottantes, probablement pour de l’élevage de poissons cette fois. Tout le bord des rizières est parsemé de mangroves, rendant un aspect assez sauvage à la région.
L’île atypique de Ko Proet
Comme à chaque fois que je prépare un séjour quelque part dans un endroit nouveau, je parcours Google Maps pour dénicher des endroits ayant l’air intéressants. Mes yeux se portèrent alors sur ce petit bout de terre protubérant s’avançant dans la mer, Ko Proet. En regardant « Street View« , je vois alors que la ruelle passant dans le village est là aussi bordée de maisons en bois, et comme c’est en bord de mer, il m’en fallait pas plus pour m’y rendre voir par moi-même.
Je l’évoquais en intro, Ko Proet est une presqu’île, dont le nom laisse suggérer que ce serait même une île puisque, si vous ne le savez pas encore, Ko en Thaï, signifie île (C’est pourquoi vous avez toujours des noms comme Ko Samui, Ko Phangan etc., avec une exception, Phuket, qui est pourtant bien une île). Il est probable que la route liant directement l’île au « continent » n’existait pas avant ou que la fine languette de terre ai été largement développée pour améliorer l’accessibilité sur l’île, la transformant en péninsule.
Une histoire locale voudrait que ses premiers habitants furent des marchands chinois de passage avec leurs jonques et que le nom original de l’île était Koh Perd (Open island).
Si je respecte la chronologie de notre séjour, ce n’était pas après les visites citées dans cet article même car après Nong Bua, on était allé à Laem Sing. Non, c’était un autre jour et on faisait cette visite après avoir fait le tour de la ville de Chanthaburi. C’était donc en fin d’après-midi qu’on débarquait sur ce petit bout de terre.
Et autant dire qu’à cette heure avancée, niveau activité pêche, c’est proche du néant. C’était donc un village aux allures assez désertique qu’on traversait, après s’être garé un peu à l’arrache à l’entrée de la rue menant à l’ensemble des maisons en bois et sur pilotis. Ça nous laissait 600 m à parcourir jusqu’au bout de la route qui se termine à ce qui s’apparentait à la coopérative du port de l’île.
Selon les mots de Jitima, « y’a pas grand chose ici » quand moi j’y voyais de jolis maisons colorés, on n’avait clairement pas le même ressenti. Pour sa défense, c’était très calme, pas de commerces, rien à se mettre sous le nez d’un point de vue snack, souvenirs, pas de peintures murales ou autres.
Tout juste quelques habitants dehors, un vieux restaurant fermé à la devanture indiquant « Restaurante Pelicanos » et des reste d’un menu hispanophone à la craie, un étranger qui avait essayé de s’implanter ? J’avoue que ça piquait ma curiosité. Par contre on croisait un hôtel tout neuf, enfin, hôtel, plutôt un guesthouse vu la taille, mais d’aspect moderne et contrastant avec le reste du village, donnant clairement plus une allure « d’hôtel » que de maison d’hôte (ce qui, à mon sens, vu les lieux, n’est pas des plus logique).
L’air de rien, d’aller au bout de la route et prendre des photos en traînant, ça prenait 20 min l’aller, et 20 min retour en discutant avec une habitante après avoir croisé un adorable chiot nous gratifiant de tout son amour en passant devant sa maison.
Toutefois, la balade ne s’arrêtait pas là. Curieux comme je suis, je tenais à me diriger vers le temple de l’île, sobrement appelé Wat Ko Proet, car en arrivant sur l’île, avant de me garer, j’y voyais des panneaux l’indiquant sur la gauche, quand on allait alors sur la droite. Mais le point intéressant, c’est qu’en plus du temple, cela indiquait un « viewpoint« .
Même s’il n’y avait que 500 m, on reprenait la voiture pour se garer au temple et être prêt à repartir ensuite. Il fallait aussi se presser un peu, car on approchait de l’heure du coucher de soleil. Le temple en lui même n’a rien d’extraordinaire. Et sur le coup, je pensais que le point de vue en question était celui qu’on avait depuis la balustrade jouxtant ce dernier. Une vue sur le continent, avec en toile de fond la montagne du parc national de Namtok Phlio et les fermes aux crevettes au premier plan.
Je me dis, mouais, OK. Mais heureusement que je me suis pas contenté de ça. Voyant d’autres voitures arriver, je vois globalement personne se rendre là, dont l’accès est par ailleurs un peu chaotique (terrasse abîmée). En revanche, je vois comme une zone de verdure à l’arrière, où l’on aperçoit la mer et des gens s’enfonçant dans les bois sur le côté. Je me dis, AH, ça doit être plutôt ça.
Et en effet. Des panneaux nous confirment vite que le véritable point de vue du temple se trouve bien dans cette direction. Et on dit bien point de vue du temple, car ce dernier fait parti du terrain lui appartenant. Il n’y a pas de « ticket » en tant que tel, mais un don est plus que bienvenue, alors soit. On s’exécute et nous voilà à arpenter ce chemin de terre et de cailloux. 300 m à parcourir, un peu délicat vu que ça monte et c’était peu aménagé au moment de notre passage donc parfois casse-gueule vu la pente. En haut de la montée, on arrive au pied de la falaise, mais ce n’est pas le point de vue proprement dit, bien que la vue est déjà pas mal.
Je m’empresse d’immortaliser le soleil couchant, au cas où le temps de rejoindre le véritable viewpoint nous ferait louper le meilleur instant. Ce dernier est « décalé » plus haut sur la gauche par rapport au point d’arrivée. On passe alors devant une ancienne structure (abri ?) puis une zone boisée, et voilà. Le timing était parfait, nous étions le 1er jour de l’année, 1er janvier donc, les journées étant assez courtes, le soleil tombe avant 18h et il est alors peu après 17h30 lorsqu’on arrive au point de vue.
On aperçoit en contrebas un vieil escalier en béton menant au pied de la falaise, où il y a apparemment une cavité, frappé par les vagues qui dessinent les côtes rugueuses de ce côté-ci de Ko Proet.
Pour cet aspect érodé et sauvage, les Thais n’hésitent pas à la comparer à une petite Bali… (les falaises étant globalement rares, en dehors des rochers karstiques aux murs verticaux). Mais si la Thaïlande aime les « titres » un peu pompeux (autre exemple, Sam Phan Bok, surnommé le « Grand Canyon » du pays du sourire…), il est certain qu’avec cet endroit, encore peu connu, ça ajoute un attrait incontestable à Ko Proet, au-delà du village lui-même.
Mais comme les choses peuvent vite évoluer en Thaïlande, j’ai vu que depuis notre passage, un café est venu s’implanter sur le bord de la falaise (le Sky view cafe). Cela va probablement changer la donne et attirer plus de monde, car outre l’évidence de la vue imprenable sur les lieux, j’imagine que le chemin d’accès a depuis été amélioré pour avoir pu construire ce bâtiment.
Et je terminerai justement cet article par évoquer une remarque qu’on m’a déjà faite, je ne devrais justement pas parler de ce genre de lieux pour que cela reste « des petits coins de paradis ». Mais à l’inverse, ne pas partager reviendrait tout simplement à rendre désuet le blog, car cela reviendrait à ne parler que des lieux et infos déjà connues.
Cruel dilemme… Mais pour moi, le choix est fait, et je pars toujours du principe que le bouche à oreille quel qu’il soit, arrive avec ou sans blog.
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