
Ma boucle du plateau des Bolovens : 4 jours de roadtrip entre cascades et villages
La première fois que je suis venu à Paksé — base incontournable pour explorer le plateau des Bolovens — j’ai évidemment voulu en découvrir un aperçu. Mais faute de temps (et parce que j’avais aussi choisi de m’attarder autour de Champassak), j’avais dû me contenter d’une version express, concentrée sur quelques cascades parmi les plus connues.
Une sorte de mise en bouche — efficace, mais avec ce petit goût de « il faudra y revenir ».
Si vous recherchez des infos sur le plateau des Bolovens, vous aurez probablement remarqué qu’il existe deux variantes pour explorer la région :
– la petite boucle : généralement faisable en 2 jours
– la grande boucle : qui demande 3 à 4 jours selon votre rythme
Pour ma part, je suis parti 4 jours, sur une version longue, mais différente de la grande boucle classique car j’ai opté pour un parcours un peu inédit — d’où le « MA boucle » dans le titre. Ça peut sembler un peu présomptueux, mais c’est surtout pour souligner que j’ai tracé mon propre itinéraire, sans suivre exactement les boucles classiques (que je vous détaille juste après).
Dans tous les cas, attendez-vous à pas mal de cascades — c’est l’attrait numéro 1 du plateau des Bolovens — mais aussi à quelques pauses café, des routes paumées, des villages reculés… et quelques belles rencontres au passage.
Petite ou grande boucle ?
On voit souvent revenir ces deux appellations, mais attention : elles sont parfois accompagnées de cartes indiquant des trajets erronés (souvent un tracé marqué par la nationale 13 au lieu de la 20). Pour s’y retrouver, voici donc un comparatif clair entre les deux boucles classiques.
Petite boucle (env. 200 km) | Grande boucle (env. 300 km) | |
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Durée | 2 jours | 3 à 4 jours |
Villes / villages de passage | Paksé – Thateng – Paksong – retour Paksé | Paksé – Thateng – Sékong – Houay Kong – Paksong – retour Paksé |
Cascades accessibles | Pha Suam – Tad Champee – Tad Lo – Tad Yuang – Tad Fane – Tad Champee 2 – Tad E-Tu | Les mêmes que la petite boucle + Tad Faek, Tad Hua Kon, Tad Katamtok (Xekatam), Tad Tayicseua (+ variantes selon l’itinéraire) |
Parcours et liberté | Linéaire, peu de variantes | Boucle complète, plus de détours possibles |
Pour mieux visualiser les deux itinéraires classiques du plateau des Bolovens, voici une carte maison. Elle indique les principales étapes, zones de cascades et distances clés entre chaque point.
Aperçu de mon tracé sur 4 jours
Avant de vous détailler mon itinéraire jour par jour, voici le tracé en général de ma propre boucle. Une version revisitée sur 4 jours, avec un bon détour plus au sud — bien en dehors de la grande boucle classique.
>Pour vous repérer, les tracés en bleu et jaune correspondent aux deux boucles classiques, comme sur la carte précédente. Vous pouvez voir que mon itinéraire perso, en bordeaux, suit une partie de ces routes avant de bifurquer franchement au sud.
Comme je l’évoquais plus tôt, la grosse différence dans mon parcours, c’est ce choix de m’enfoncer plus bas, en passant notamment par Attapeu.
La raison première, c’était d’aller voir deux cascades complètement hors des circuits classiques : Tad Sepa et Sae Pong Lai Waterfall, que j’avais repérées en préparant ce petit roadtrip.
Pas forcément parce qu’elles semblaient exceptionnelles (quoique ), mais bien parce que ça me permettait de tracer une boucle vraiment différente — une façon de sortir du parcours habituel et d’éviter de simplement suivre la grande boucle comme tout le monde.
Avec cette loop XXL, je ne savais pas exactement dans quoi je m’embarquais, mais ce détour allait s’avérer fructueux. On en reparle plus loin.
En attendant, voici le déroulé de ma boucle, jour par jour :
Et pour ceux qui veulent visualiser tout ça plus précisément, j’ai aussi concocté une carte interactive. Vous pouvez explorer ce parcours plus en détail, zoomer, repérer les cascades, les étapes et autres points de passage en déroulant le menu (en haut à gauche).
Notez que chaque couleur du tracé correspond à une journée de trajet.
Comment se rendre à Paksé ?
Paksé est le point de départ logique pour explorer le plateau des Bolovens. Si vous êtes encore en phase de préparation, voici les principales options pour vous y rendre :
En bus ou minivan :
L’option la plus courante, avec des liaisons fréquentes depuis Vientiane, Thakhek, les 4 000 îles, ou même Bangkok — comme ce fut mon cas.
- Depuis Vientiane : comptez environ 12 h de trajet en bus de nuit. Les départs ont souvent lieu vers 19h–20h. Ce n’est pas le trajet le plus agréable, mais ça permet d’économiser une nuit.
- Depuis Thakhek : prévoyez au minimum 7 h de route. Les départs se font généralement en matinée ou début d’après-midi. Bus classiques ou minivans selon les compagnies.
- Depuis les 4 000 îles (Don Det / Don Khone) : des minivans combinés bateau + route sont proposés par les guesthouses ou les agences locales. Il faut compter 3 à 4 h en tout, avec parfois un arrêt à Champassak.
- Depuis Bangkok : il existe un bus direct de nuit opéré par une compagnie thaïlandaise (Transport Co Ltd), au départ de Mochit 2 (près de la nouvelle gare).
Il traverse la frontière à Chong Mek / Wang Tao, puis continue directement jusqu’à Paksé. Comptez environ 13 h de trajet +1h pour passer la frontière (vous gagnerez du temps en faisant votre eVisa au préalable). C’est l’option la plus simple si vous venez directement de Bangkok, sans correspondance.


En avion :
Même s’il est officiellement “international”, l’aéroport de Paksé reste très modeste. Il n’existe qu’un seul vol intérieur régulier depuis Vientiane, et quelques liaisons régionales depuis Ho Chi Minh City (Saigon) notamment. Depuis Bangkok, il faudra faire escale à Vientiane, ce qui n’est ni pratique… ni bon marché.
Pour plus d’infos sur Paksé, les transports, où loger, quoi faire avant/après la boucle :voir l’article dédié ici.
La location de scooter
Pour faire cette boucle, il faut évidemment être véhiculé, et le plus simple reste de louer une moto ou un scooter à Paksé. J’en parlais déjà dans mon article sur Champassak mais vous trouverez plusieurs loueurs en ville, dont quelques valeurs sûres régulièrement recommandées par les voyageurs : Miss Noy, mais aussi Lao Go Car ou Bolaven Trail Motorbike Rental Shop.
**Scooter, semi-auto ou moto ?**
Certaines portions, notamment vers Attapeu ou autour des cascades plus reculées, peuvent être un peu sport. Rien d’insurmontable si on roule tranquille, mais mieux vaut être à l’aise sur deux roues, prendre son temps, et éviter de rouler de nuit.
Pour ma part, j’ai pris une semi-auto (type Honda Wave), largement suffisante pour ce genre de roadtrip si on n’est pas trop chargé — et surtout nettement moins chère. Ce type de moto n’a pas d’embrayage à gérer, mais il faut tout de même passer les vitesses au pied. Si vous n’êtes pas familier avec ce système, testez-le bien avant… ou optez pour un scooter : tout automatique, plus simple à prendre en main — mais aussi plus cher.

La bécane de base pour une bonne boucle !
En général, comptez 130 000 kips/jour pour une semi-auto (environ 6 $), et jusqu’à 200 000 kips/jour (9 $) pour un scooter automatique comme un Honda Click. À l’heure où j’écris ces lignes, ces tarifs tiennent compte de la conversion actuelle, alors que le kip a perdu énormément de valeur ces dernières années.
Jour 1 : Paksé → Paksong → Thateng
Maintenant que les bases sont posées, voilà comment s’est déroulé ce roadtrip. Allez, on embarque.
Pour cette première journée, je partais sur un « petit » Paksé-Kok Phoung Tai, avec étape prévue chez Captain Hook dans son village Katu, un peu plus haut après Thateng. Un trajet d’un peu moins de 100 km, et c’était le seul jour où j’avais réservé un hébergement à l’avance.
En préparant le parcours, deux possibilités se présentaient :
– prendre la nationale 20 et redescendre ensuite vers le village après Beng.
– ou opter pour la nationale 16 via Paksong.

C’est parti sur la nationale 16.
Vous avez évidemment la réponse dans le titre, mais ce choix influait sur les cascades que j’allais pouvoir inclure. La première option permettait par exemple de faire un arrêt chez Mr Vieng, un producteur de café bien connu, et de passer par Tad Lo. Mais en regardant le tracé, j’ai repéré davantage de spots intéressants avec l’option 2.
Et d’après Google Maps, c’est aussi légèrement plus court (même si la différence est négligeable… donc pas vraiment un argument décisif). J’étais donc parti en direction de Paksong, avec quelques arrêts en ligne de mire. Le premier : Tad Yoi.
Cascade de Tad Yoi
Alors oui, j’assume mon pléonasme. Tad Yoi (ຕາດຍ້ອຍ) est une cascade qui a l’avantage d’être proche d’une autre immanquable du coin, Tad E-Tu. Je l’ai rejointe après une petite heure de route depuis Paksé, dont une vingtaine de minutes depuis l’embranchement principal.
Rejoindre la zone n’a pas été très compliqué en soi : il suffit de suivre le chemin de terre principal. Je traverse un petit pont de fortune à peine plus large qu’une voiture, et je poursuis sur quelques kilomètres, croisant mes premières plantations de café. C’est sur la fin que j’ai un peu galéré : la cascade est bien indiquée sur Google Maps, mais sur place… aucun panneau.


Autre souci : la zone était en travaux. La rivière où coule Tad Yoi est exploitée via un réseau de canaux pour alimenter une centrale hydroélectrique non loin. Dans un premier temps, je me suis dirigé vers un chemin menant au-dessus de la cascade. Mais la vue n’était pas ouf et y’avait surtout aucun moyen de descendre en contrebas comme j’espérais. Du coup, plan B, accéder au point de vue se trouvant presqu’en face, de l’autre côté du canyon où se déverse cette chute bien paumée.


Je reviens légèrement en arrière et bifurque du chemin principal pour rejoindre la zone, que j’atteins après 1 km. Là, je me retrouve face à une piste qui longe et descend la colline. Mais après quelques mètres, je trouve que ça descend trop à pic et ça devient casse-gueule pour ne pas dire dangereux. Je préfère pas prendre de risque, laissant la moto pour terminer les derniers mètres à pied pour prendre la photo que je voulais.
Depuis ce spot, le rendu est assez similaire avec la cascade de Tad Fane, une longue chute d’eau qui dévale une pente bien raide, mais en nettement plus sauvage vu qu’il n’y a aucuns aménagement pour autour.
Heureusement que j’avais mon GPS (pour ma part, j’avais préchargé la carte pour l’avoir hors-ligne mais prendre une SIM locale serait pas de trop). Tad Yoi reste une cascade « bonus », donc à ce stade, vous pouvez aussi faire le choix de viser Tad Yuang à la place, plus classique, plus accessible.

On dirait pas trop là mais ça descendait sec !

Plutôt pas mal pour une première cascade !
Cascade de Tad E-Tu
De retour sur la nationale, je fais un petit détour en arrière pour prendre le chemin menant à Tad E-Tu (qu’on prononce i-tout). Avec le recul, je me dis que ça aurait été plus logique de commencer par celle-ci : elle est plus proche et plus facile d’accès (sauf un passage avec un virage un peu traître).

Attention à ce passage.

L’entrée du resort, quand c’était ouvert…
L’entrée se fait via le E-Tu Resort, donc un terrain privé. Lors de mon passage, le site était ouvert, il suffisait de payer un droit d’entrée de 5 000 kips (environ 0,50 € à l’époque). Aujourd’hui, l’hôtel est fermé et semble abandonné, mais il reste apparemment possible d’accéder à la cascade. L’accès est alors gratuit, à condition de contourner le portail à l’entrée.
Un escalier descend jusqu’au pied de la cascade, qui dévoile un cadre vraiment bucolique. En dehors d’un couple de touristes venu profiter de la fraîcheur, j’étais seul sur place. En prenant aussi un moment pour voir la chute depuis le haut, je suis resté une bonne demi-heure à m’imprégner du lieu… et à mitrailler, car je trouve la cascade très photogénique.





Plantation de café – Coffee Garden Lak 45
Satisfait de ma précédente étape, je reprends la route sans but précis. Après ces deux cascades, j’avais rien programmé de particulier. Assez rare pour être noté, car d’habitude, je suis plutôt du genre à avoir un planning bien calé…
Pour remettre un peu de contexte : je suis parti vers 9h30 (pas très matinal, je sais), et après la visite de Tad E-Tu, il est déjà 13h passées. Autant dire que j’ai la dalle.
Dans l’idée, je comptais m’arrêter dès que je croiserais un resto potable. Normalement, j’aurais checké Google Maps pour repérer un bon coin, mais comme évoqué plus tôt, j’avais choisi de faire sans internet — histoire de m’imposer une part d’improvisation.
Et ça n’a pas traîné : à peine dix minutes après l’embranchement d’E-Tu, je tombe sur un grand panneau Coffee + Tea. Je me dis qu’à défaut de bouffe, je pourrais au moins me faire un petit café. Après tout, on est sur le plateau des Bolovens, ce serait dommage de ne pas goûter le café local. C’est comme ça que j’atterris au Coffee Garden Lak 45.


Sur le moment, je ne savais même pas que c’était une plantation. Je pensais juste siroter ma dose de caféine et repartir. Mais en discutant un peu avec le proprio, il m’explique produire lui-même son café. Un paquet attire alors mon œil : Lao Civet Coffee.
Je connaissais déjà le procédé : on récupère les grains après leur passage dans l’estomac d’un animal — en Thaïlande, ça se fait avec des éléphants. Ici, ce sont des civettes. L’animal ne digère pas le noyau, et ses sucs gastriques modifient la structure du grain, ce qui lui donne un arôme très recherché. C’est un café qui coûte cher, évidemment, vu le processus. Mais faudrait qu’on m’explique qui a eu l’idée et à quel moment ça semble « normal » de récupérer ça dans les excréments…
À défaut de manger, j’aurai au moins mon café (plutôt corsé), et le proprio m’invite pour une rapide visite de son exploitation : zone de lavage, serre de séchage, et… les cages des civettes. J’avoue que ces dernières m’ont un peu plombé l’ambiance.




Le temple de Paksong
À peine dix minutes après cette pause impromptue, j’arrive à Paksong. En passant à proximité d’un temple, planté au milieu d’un vaste espace un peu vide, je m’arrête pour faire quelques photos. Le lieu est en travaux, mais un moine m’aborde et m’invite à jeter un œil à l’intérieur. Il me montre aussi leur quartier de vie : une grande bâtisse en bois.





Avec cette petite visite improvisée, je me vois pas ne pas laisser quelque chose pour contribuer aux rénovations. Je quitte ensuite l’enceinte du temple et jette un œil à la cour d’école juste en face. J’aperçois alors plusieurs moines visibles dans l’encadrement des portes, ces derniers ayant sûrement un rôle d’enseignant pour cette école communale.
Marché de Paksong + repause café
En regardant sur Google Maps, je vois que je ne suis pas loin du marché de la petite bourgade, alors je décide d’y faire un saut. Outre d’espérer y trouver à manger, j’aime toujours traîner dans les marchés, c’est souvent propice à des scènes intéressantes à photographier. Bon force est de constater que si je prendrais effectivement quelques photos de scène de vie, je ne trouverais rien de suffisamment appétissant à avaler…





Je repars donc la faim au ventre. Peu après, je passe devant une maison qui a tout l’air d’un petit café. J’hésite à continuer, puis je fais demi-tour : l’endroit avait l’air sympa, propre et accueillant. À l’époque, ça s’appelait le Jhai Coffee (c’est maintenant l’Expresso Box Laos, toujours une bonne adresse).
Devant, je vois une ardoise avec écrit French Toast. Allez, banco. Avec un café en plus, je repars 30 minutes plus tard, le ventre un peu moins vide. Il est 15h passées, et j’ai encore une bonne heure de route pour atteindre le village de Captain Hook, mon objectif du jour.


Route entre Paksong et le village de Kok Phoung Tai
La route étant goudronnée, ça passe assez vite. Je traverse quelques villages, avec à chaque fois leur lot d’animation. Par moments, je croise une rivière où des enfants se rafraîchissent, tandis que d’autres rentrent chez eux en longeant la route.
Si autour de Paksong le ciel était bien gris et que je redoutais une averse (pourtant peu probable à cette saison), je suis vite rassuré lorsqu’arrivé à 16h, j’ai droit au retour du soleil, baignant l’atmosphère d’une douce lumière, alors que je traverse la campagne, où l’on peut distinguer des ouvriers encore dans les champs.





Je passe aussi par Thateng, une petite ville qui apporte une modeste touche de modernité dans ce décor très rural. Le contraste est d’autant saisissant que mon point d’arrivée, un village ethnique, n’est alors qu’à 10 km de là… Je poursuis donc mes quelques derniers kilomètres.
Lorsque j’arrive au village de Kok Phoung Tai, j’aperçois quelques villageoises en train de vendre leurs légumes — probablement l’une des rares sources de revenus pour les habitants de cette communauté, issue de l’ethnie Katu. C’est là que je m’arrête pour la nuit, puisque j’y ai réservé une maison d’hôte : le Captain Hook Homestay. Derrière ce nom, un personnage haut en couleur, lui aussi membre de l’ethnie Katu, qui a choisi d’ouvrir ses portes aux voyageurs curieux de découvrir un mode de vie hors du commun.
Même avec le GPS, heureusement que quelques panneaux indiquent la direction, car je dois m’engager sur un petit chemin cabossé, gondolé par la pluie, pour atteindre sa maison au cœur de ce village reculé.

A l’arrivée au village.
Nuit chez Captain Hook
J’avais choisi ce point de chute pour plusieurs raisons. D’abord, c’était l’un des seuls hébergements encore dispo à l’époque sur Agoda, ma plateforme habituelle. Et pour 7 $ la nuit, j’avais droit à une chambre double (donc spacieuse), dîner et petit-déj inclus. Imbattable !
Le tout se trouve dans le village de Kok Phoung Tai, au sein de la communauté Katu. C’est là que vivent le fameux “Captain Hook” et sa femme. Une communauté d’environ 700 personnes, avec des traditions qui peuvent surprendre. L’une des plus visibles : tout le monde fume, y compris les plus jeunes…
De ce que j’en ai appris, ils peuvent se marier dès l’âge de 8 ans, ou encore, les parents vivent traditionnellement toujours sous le même toit que les enfants, jusqu’à ce que mort les sépares, impliquant que plusieurs générations peuvent s’accumuler dans une même maison (le record étant 200 membres !





Au Laos (comme en Thaïlande d’ailleurs), le gouvernement central n’aime pas trop ce genre d’ethnie qui se différencie trop dans ses traditions par rapport aux normes nationales (et notamment bouddhistes). De ce fait, les enfants doivent maintenant obligatoirement aller à l’école primaire… et pour les hommes, fini la polygamie !
Mon logement se trouve à l’écart, tout au bout du village, que je partagerai avec d’autres compagnons de soirée. Il y a une terrasse et une superbe vue sur une colline, où le soleil commence à chatouiller la crête lorsqu’on m’installe mes couvertures pour la nuit.


Devant, il y a également un bassin, « vendu » comme la piscine locale. C’est peu après un petit moment détente dans le hamac que je prendrai une photo que j’aime bien, alors qu’une de nos hôtes, présente sur la terrasse, rêvasse en admirant le coucher de soleil.
Peu après ces instants poétiques, retour à la réalité. Cette dernière va dans le jardin bio aménagé au pied du bâtiment, et il est temps de rejoindre la cuisine de la maison familiale pour assister à la confection du repas du soir. C’est là que je fais connaissance avec les voyageurs du jour.
C’est assez fou de voir qu’on est dans une maison en bois, et que le feu pour cuisiner est à même le sol, alimenté par… du bois. Au menu du soir : un assortiment de légumes, une soupe de poisson, accompagné par l’indissociable riz. Évidemment, si vous comptez dormir là, mieux vaut ne pas être trop à cheval sur l’hygiène. Mais si je n’ai pas tout goûté personnellement, je peux dire que personne n’a été malade.

Prépa en cours…
C’est le moment convivial où tout le monde discute voyage, traditions, pendant que les membres de la famille, y compris les jeunes, se passent la pipe en bambou pour fumer à tout va. Moi qui suis non-fumeur, c’est la chose qui me déroute le plus.


Une fois repus, la soirée n’est pas terminée puisqu’en guise de « dessert », notre hôte nous emmène autour des jardins à l’arrière du village. Il y ramasse des crabes, criquets et autres insectes traînant dans les parages.
Installation d’un petit feu sur notre terrasse et hop, bonne dégustation. Au Laos, rien ne se perd ! Je vous cache pas que j’ai personnellement fait l’impasse sur cette nourriture en extra, mais les autres personnes présentes ont toutes joué le jeu.


Jour 2 : Thateng → Mun-Houamuang
De base, à partir de cette 2ᵉ journée, j’étais plus libre sur ma gestion du temps car je n’avais aucun logement de prévu ce soir-là. Toutefois, lorsque j’avais grossièrement établi mon programme journalier, mon plan à l’origine était d’atteindre Attapeu pour y passer la nuit. Cela représentait 130 km de trajet, donc largement faisable.
Sachant que lorsque je suis parti de Paksé, je n’avais prévu que 3 jours pour effectuer la boucle, puisque je comptais rallier Paksé depuis Attapeu le lendemain. J’aurais de cette manière visité au passage les fameuses cascades qui étaient l’élément central de toute cette expédition.
Là encore, le titre vous spolie un peu la journée, mais je ne suis pas allé jusqu’à Attapeu…
Visite du village ethnique de Captain Hook
Déjà, j’ai pas mal traîné au village de Captain Hook. Le petit-déj était servi au fur et à mesure que les petits sandwichs œufs-tomates étaient préparés, avec le café maison dont les grains sont broyés à la main au pilon et filtrés au bambou.


Et surtout, en plus de faire Homestay, Captain Hook propose des visites aux voyageurs de passage entre 9h30 et 13h30 (d’après la plage horaire officielle ; en pratique, ça se termine plus tôt). Cette prestation est accessible à tous pour 20 000 kips. Il vous emmène alors dans les plantations autour du village, en expliquant l’utilisation des différentes plantes et quelques traditions propres aux Katu, déjà évoquées plus haut.
Lorsque cette visite guidée matinale se termine, c’est l’heure de la dégustation de café pour les touristes de passage, alors que Mr « Captain » commence à torréfier les grains au wok. Pendant ce temps, j’ai sympathisé avec plusieurs des occupants des chambres voisines, dont une Belge francophone, un Allemand (ou Néerlandais, je sais plus trop, déso…) et une Cubaine. Forcément, ils faisaient leur boucle aussi, donc on décide de partager un bout de route et on se met d’accord pour partir ensemble.





Sur la route de Sékong
On décolle peu après midi, et on s’arrête une première fois après une heure de route, quand on croise une arène en bord de route avec un combat de coq en cours. Naturellement, ça attise la curiosité. C’est quelque chose dont je suis déjà familier, puisque c’est une pratique qu’on retrouve également chez leur voisin thaïlandais.
Quelques dizaines de minutes plus loin, on est entouré par un paysage de campagne typique d’Asie, avec des rizières alors en pleine période de récolte. Là encore, notre petit groupe s’arrête pour observer et prendre en photo une tranche de vie, avec ces villageois en train de s’occuper du foin laissé dans les champs, tandis que des vaches paissent paisiblement dans les parages.


L’arrêt suivant était une petite suggestion perso. En planifiant, j’avais repéré un spot qui me semblait photogénique, au bord de la rivière Xe Khong, et qui ne demandait pas un gros écart depuis la nationale (5 km exactement). Cette rivière constitue la principale source d’eau dans la région et finit par se jeter dans le Mékong, bien plus au sud — mais côté cambodgien.


Je suis pas mécontent de ma trouvaille, car l’endroit a en effet son charme, avec pas mal de rochers apparents, le niveau de l’eau étant plutôt bas. Il faut savoir aussi qu’avec le genre de petite bécane qu’on a tous, c’est pas prévu pour s’avaler des kilomètres d’un coup. Donc enlever ses fesses même quelques minutes pour marcher un peu, ça fait toujours du bien, et tout est prétexte à s’arrêter un petit coup.

La team du jour.
C’est précisément pour ça qu’on s’arrêtait de nouveau en débarquant à l’entrée de Sékong. Notre quatuor remarque vite ce pilier, dressé au milieu d’une petite esplanade. On n’en comprend pas vraiment la signification, mais ce pilier commémoratif — sobrement indiqué sur la carte comme le “Sekong Monument” — est décoré de bas-reliefs et de guirlandes. Sur l’esplanade, on peut voir une série de statues d’hommes et de femmes représentant plusieurs ethnies de la région. Chaque couple arbore une tenue traditionnelle propre à son ethnie.


Cascade de Tad Faek
Prochain arrêt : une cascade. On ne pouvait pas passer une journée aux Bolovens sans en voir une . On descend pendant près de 20 km après Sékong pour atteindre la zone où se trouvent deux chutes, à commencer par Tad Faek. Il y a environ 3 km seulement entre la nationale et l’accès au bord de l’eau.
Pour une raison que j’ai oubliée (possible qu’on est grignoté, tout simplement), il a fallu pratiquement une heure pour faire ce bout de trajet depuis le Sekong Monument. Résultat : il est quasiment 16h30, et le soleil se couche dans une petite demi-heure… Autant dire qu’on ira pas beaucoup plus loin.
En observant cette famille lao profiter du cadre de la cascade, baignée par cette belle lumière dorée de fin de journée, je repensais au village de Captain Hook visité le matin même. C’est fou, quand même, les écarts de mode de vie qu’on peut croiser au Laos. Entre le style vestimentaire très urbain de cette famille – probablement citadine – et les traditions encore bien ancrées dans le village katu, on a l’impression de voyager entre deux mondes.





Cascade de Tad Hua Khon
Alors que le soleil commence à s’éclipser, on repart vite pour rejoindre l’autre cascade du coin : Tad Hua Khon, à côté de laquelle on était passé en allant à Tad Faek. Certains profitent de l’instant pour se baigner dans l’eau relativement claire (mais trop fraîche pour moi). La lumière change vite, et le paysage s’en trouve rapidement plus terne. On sait qu’on n’ira pas plus loin pour aujourd’hui (personne ne se risque à conduire de nuit dans ces contrées).

Vue générale de Tad Hua Khon.
Nuit à côté de Mun-Houamuang
On est juste à côté d’un village, Mun-Houamuang, qui se trouve de l’autre côté du pont qu’on apercevait depuis la cascade. Mais même pas besoin d’aller jusque-là. Il se trouve que l’accès vers Tad Hua Khon s’est fait par le P&S Garden Restaurant, qui à l’époque proposait des tentes au pied de l’eau, pour à peine 4 $ (70 000 kips de mémoire). Les gens sont super accueillants (et le carlin en manque de câlins y participait), l’endroit est bien propre, calme, et le fait d’avoir un restaurant à disposition est juste parfait. Adjugé vendu. Plus besoin de bouger pour cette deuxième journée qui s’achève.
Le restaurant en question (toujours actif normalement) proposait de bons plats bien copieux, et autant dire qu’après ma journée d’hier, j’avais bien la dalle. Même si j’étais rincé par l’étape du jour, il me restait, avant de trouver le sommeil, à définir quel serait mon programme pour le lendemain, puisque, en suivant le rythme du groupe aujourd’hui, je me retrouvais à devoir changer mes plans.


Jour 3 : Mun-Houamuang → Attapeu → Sanamxai
En ce 3e jour de roadtrip, se posait donc la question de ce que j’allais faire… Quitte à décaler la durée totale de ma boucle, j’étais parti ce matin-là avec l’idée de rejoindre Attapeu, et de m’y poser comme prévu la veille. Cette 3e journée devenait une sorte d’étape « repos », pour reprendre ensuite le fil de ce que j’avais prévu pour le 4e et dernier jour.
Évidemment, mes titres spoilent tout à chaque fois… et effectivement, je n’ai finalement pas eu autant de repos qu’espéré.
Cap sur Attapeu
Dormir en tente, ça veut souvent dire se lever tôt. Ce matin-là, tout le groupe profite d’un bon petit-déjeuner — avec du pain, s’il vous plaît ! Parfait pour faire le plein d’énergie en profitant des températures encore clémentes. Après quelques caresses aux toutous de l’établissement, il était temps de dire au revoir.


Perso, j’aurais bien traîné un peu plus. Mais dans l’élan des copains de virée, je me remets en route… même si nos chemins se sont séparés à peine 9 km plus loin. Je continuais plein sud sur la nationale 11, direction Attapeu, tandis qu’eux bifurquaient sur une route secondaire vers Houay Kong pour rejoindre Paksong. En somme, chacun poursuivait sa propre boucle. On profite de l’arrêt au village, juste avant le carrefour, pour acheter de l’eau, quelques en-cas… et se souhaiter une bonne route.

C’est ici que nos routes se séparent.
Avant de se séparer, j’apprends une bien mauvaise nouvelle : l’une des filles qui était avec nous la veille chez Captain Hook a eu un grave accident. Elle a dû être rapatriée en urgence dans un hôpital de Bangkok, bien mieux équipé que ceux du Laos. L’occasion de rappeler ce que je disais plus haut : on ne part pas faire ce genre de périple sans un minimum d’expérience. Un accident peut certes arriver partout, mais ce coin-là, aussi chouette soit-il à explorer en autonomie, n’est pas un terrain de jeu. En Asie plus qu’ailleurs, le manque de conscience de l’environnement par une partie des locaux rend les routes particulièrement dangereuses — c’est encore plus flagrant en Thaïlande, où la circulation est nettement plus dense.
Il est alors 9 h et quelques, et me revoilà seul avec ma petite moto. J’ai une journée entière devant moi, et j’avoue ne pas trop savoir quoi faire. Attapeu n’est qu’à une cinquantaine de kilomètres, donc à peine une heure de route… Sur le moment, après hésitation, je me dis que je vais revenir au niveau du pont près de la cascade, là où on était passés un peu plus tôt, car je n’avais pas pris de photo. C’était qu’à 9 km, donc l’aller-retour se fait assez rapidement.
Il est alors 10 h, et je pars enfin vers Attapeu, à travers des paysages parfois agrémentés de rizières déjà récoltées et de maisons disséminées çà et là.


Une escale à Attapeu
Au final, la route, bien que parfois brute, est facile car suffisamment en bon état, ce qui fait que j’arrive à l’entrée d’Attapeu peu avant 11 h. Je me dis que cette journée va être longue… Jusque-là, mon idée était de divaguer en ville et de repartir tranquillement le lendemain pour faire ce que j’avais prévu à la base pour ce jour.
Cela ne fait que deux jours que j’ai quitté Paksé, et pourtant, revenir dans une ville, qui, du moins sur son artère principale, donne une impression de modernité, ça fait tout bizarre. Mon premier réflexe en arrivant est de me rendre au marché, enfin plus précisément au Saysettha Market, qui se situe à côté de la rivière. Attapeu se trouve dans un méandre de cette même rivière Xe Khong que j’ai longée depuis mon point de vue la veille.


C’est un marché couvert qui se découpe en deux zones, mais à cette heure de la journée, l’activité est assez réduite. La chaleur est cette fois bien plus écrasante, et ça donne pas trop envie de s’attarder à marcher dehors. Du coup, je décide de réenfourcher ma motocyclette pour faire un tour de la ville. Je me dis que je pourrais en profiter pour repérer un hôtel pour ce soir. J’en croise effectivement quelques-uns, mais les standings étant plus élevés, c’est tout de suite pas les mêmes budgets…
Je tombe aussi sur une vieille baraque qui devait certainement avoir de la gueule, il fut un temps… Puis je descends le long des berges, où se trouve notamment un restaurant flottant.
En traversant ce qui est censé être des rues, j’ai clairement pas l’impression d’être dans une ville, aussi modeste soit-elle. Comme souvent au Laos, les villes ont des airs de simple ville, légèrement upgradé.

Oui, on dirait pas mais je suis en plein Attapeu !
Il est même pas 11h30 et je tourne un peu en rond. En jetant un œil à la carte, je vois qu’il y a un temple en périphérie de la ville. L’occasion d’évoquer qu’au Laos, je trouve qu’on voit proportionnellement peu de temples par rapport à son voisin également bouddhiste. En Thaïlande, dans une ville de cette taille (33 000 habitants pour Attapeu), vous en trouverez facilement plusieurs dizaines.
Ici à Attapeu, outre celui où je me rends, je n’en vois qu’un autre en centre-ville : le Wat Luang. Cette différence s’explique sûrement par des niveaux de vie très différents. Moins de donations au Laos, car population nettement plus pauvre qu’en Thaïlande. Toujours est-il que ce temple est, tout comme à Paksong, en pleine rénovation. Il semble refait, et je ne m’attarde donc pas trop. Je passe ensuite devant le seul parc public de la ville.



Ça manque d’arbres et le tout n’incite pas vraiment à s’y poser… Il est alors toujours pas midi et je commence à douter de mon plan de passer la nuit à Attapeu. Sur le moment, je me dis : allez, trouve-toi un petit salon de massage et va te détendre. Y’a clairement moins de choix qu’en Thaïlande, mais je trouve assez rapidement, qui plus est, un salon bien propret avec la clim. Et l’avantage, c’est qu’en étant au frais, l’esprit tranquille, j’ai pu avoir les idées claires. J’ai aussi profité du wifi pour scruter la carte et peser les différentes options possibles.
Vous l’aurez déjà compris en lisant le titre de ce paragraphe, décision a été prise de quitter Attapeu et de poursuivre mon chemin jusqu’aux cascades Tad Sepa et Sae Pong Lai cet après-midi même.

S’il existe toujours, le salon de massage est dans ce grand bâtiment (même si j’en doute…)

Je repars requinqué.
C’est reparti sur les routes : direction Sanamxai
Ça m’embêtait un peu de devoir revenir sur mes pas, mais bon, il n’y a que 12 km entre le carrefour menant aux cascades et Sanamxai. Rien d’insurmontable. Le problème, c’est qu’à ce stade du parcours, les routes ne sont plus goudronnées depuis un bon moment. Résultat : je mords la poussière pendant des kilomètres.
Je me console en admirant la campagne, toujours aussi captivante. Malgré l’état de la route, ce tronçon n’a rien de monotone : ici un buffle à moitié immergé dans une mare d’eau boueuse, là une femme marchant tranquillement en guidant son bétail. Les habitations se font un peu plus espacées, mais on n’est jamais complètement seul. Il y a toujours un champ à longer, un animal à croiser ou une silhouette à l’horizon. C’est un coin du Laos rural, brut et vivant, où la route n’est plus qu’un prétexte à l’observation.





Je traverse rapidement Sanamxai, une bourgade aux allures de village du Far West, avec sa terre rougeâtre omniprésente, son axe principal cabossé et poussiéreux, et ses petites échoppes en bois ou en tôle alignées de manière un peu anarchique. Seule une boutique de téléphone mobile dernier cri dénote dans ce décor.
Et vu les autres magasins, ici, on sent bien que la vie tourne beaucoup autour de l’agriculture, avec pas mal de boutiques dédiées à la mécanique. Sur les bords de la route, on y retrouve les classiques étals proposant des fruits, des légumes, parfois quelques gâteaux sous cellophane. L’ambiance est calme et rudimentaire, et le temps semble suspendu sous l’ombre d’un grand arbre, où ça discutent à l’abri de la chaleur. J’hésite à m’y arrêter pour repérer un hébergement, mais je décide de prioriser les visites. L’heure tourne.


Tad Sepa et Tad Sae Pong Lai
Dix kilomètres plus loin, j’arrive au croisement où je quitte la route principale. En m’aventurant dans cette zone, je n’avais pas percuté que c’est ici qu’un drame avait eu lieu peu de temps avant. Un barrage en construction, plus en amont de la rivière que je franchis sur un pont provisoire, avait cédé, dévastant les villages situés en aval…
En longeant la rivière Vang Ngao, je croise plusieurs maisons abandonnées, un décor presque apocalyptique. Seul le temple local semble intact, toujours debout, et actif. Après encore quelques kilomètres, même si je ne doutais pas de l’itinéraire, je suis quand même rassuré de voir enfin un panneau indiquant les cascades sur la droite.


Petite subtilité : à cause de la prononciation lao, les “SE” sont souvent transcrits “XE” — comme pour la rivière Xe Khong, transcription différente mais référence à la province de Sékong. Ici, les chutes sont indiquées “Xepha” et “Xeponglai”, tout attaché, histoire d’embrouiller encore un peu plus.
Lorsque j’arrive à proximité de Tad Sepa, les dégâts de la violente inondation sont flagrants. Mais le cadre est conforme à ce que j’espérais : c’est sauvage, brut… et je suis absolument tout seul. Pour cette première cascade, aucun droit d’entrée ne m’est demandé — en réalité, c’est un ticket combo que je paierai un peu plus loin. Je prends le temps de faire quelques photos, dont une avec ma petite moto posée fièrement devant la chute, puis je repars en direction de Sae Pong Lai.

On voit que ça a bien morflé dans le coin.

Tad Sepa.


Les deux cascades ne sont distantes que de 8 km, mais j’ai mis une bonne vingtaine de minutes pour les relier. Preuve de ma conduite tranquille — ou de l’état du chemin. Celui-ci suit la rivière en remontant vers le nord à travers une zone forestière. J’arrive ensuite à un embranchement, y’a certes un panneau, mais la direction n’est pas indiqué… Heureusement, je tombe sur quelques ouvriers travaillant à proximité d’une exploitation forestière. C’est d’ailleurs à cet endroit que je paye les 30 000 kips pour l’entrée aux deux sites.
Je bifurque alors à droite, sur un chemin de terre plus étroit, qui me mène peu après au pied de la cascade. Si j’étais allé tout droit, j’aurais tout simplement atteint la partie haute. Mais là encore, j’ai le spot pour moi tout seul, baigné dans cette lumière chaude de fin d’après-midi, car il est déjà 16h. Le seul paradoxe de cette solitude, c’est qu’elle ne permet pas de donner d’échelle. En vrai, c’est un mur d’eau plutôt impressionnant, difficile à retranscrire sur photo sans personne à côté…
Alors que le soleil commence à disparaître derrière la cime des arbres, je m’autorise une dernière série de photos sur la plage de sable fin trouvée au pied du site. Il est presque 17h lorsque je quitte enfin les lieux. S’enclenche alors une petite course contre la montre pour revenir sur Sanamxai avant la nuit…





Nuit à Sanamxai
Alors que je trace ma route en fin de journée, le soleil dans le dos, j’ai un moment envisagé de m’arrêter dans un petit guesthouse aperçu en bordure de la ville. Mais en voyant l’environnement totalement désert autour — pas un restau, pas un boui-boui, même pas une échoppe — je me suis dit que j’allais me retrouver bien embêté pour manger le soir. J’ai donc décidé de continuer jusqu’au centre.
C’est dans les dernières lueurs du jour que je repasse par Sanamxai, accueilli par une scène un peu surréaliste : une vache plantée en plein milieu de l’intersection principale, comme si elle prenait la pose. Tranquille.

Tranquille.
Heureusement, quelques minutes plus tard, je trouvais enfin un endroit où poser mes affaires : le Vonghorm Guesthouse. L’entrée est un peu étrange à première vue, parce qu’ils font aussi épicerie juste devant, mais le panneau est bien visible, et on comprend vite que la partie hébergement se situe au fond, dans la maison qu’on aperçoit au bout de l’allée.


Si je me souviens bien, c’était l’hébergement le plus cher de ma boucle : 300 000 kips, soit environ 14 dollars. Mais à ce prix-là, j’avais droit à une petite chambre climatisée avec salle de bain privative. Et comme j’étais de retour en zone urbaine (tout est relatif), j’ai pu me trouver sans difficulté un petit resto local en bord de route pour me caler un repas bien mérité après cette journée bien remplie.

Mon petit restau du soir à Sanamxai.
Jour 4 : Sanamxai → île de Don Daeng → retour Paksé
Je savais que ce retour ne serait pas de tout repos. Ayant déjà parcouru la veille les 12 km après Sanamxai, j’avais bien compris qu’il ne fallait plus trop compter sur du goudron pour une bonne partie du trajet…
L’ironie, c’est que si j’ai choisi de passer par Attapeu, c’était en toute connaissance de cause : oui, ça rallongeait le parcours global, mais sur Google Maps, le tracé de la route apparaissait en jaune, numéroté comme une nationale (la 18). Et jusqu’ici, les routes marquées ainsi étaient toujours bitumées. Je m’attendais donc logiquement à retrouver un revêtement correct. Que nenni…

Sanamxai…

… et son ATM !
Passage par Ban Khiet Ngong
Me voilà donc parti pour 76 km de piste en terre. Oui, 76 km, croyez-moi, c’est long ! Heureusement, connaissant les routes laotiennes souvent poussiéreuses, j’avais le minimum vital : un foulard pour me couvrir la bouche, et des manches longues pour me protéger du soleil tapant.
L’état de la route varie pas mal : parfois lisse et roulante, parfois rocailleuse et plus délicate, où je dois clairement y aller mollo sous peine de glissade. Je croise peu de monde et traverse quelques villages, mais cette fois, je m’arrête peu, histoire d’avoir le temps pour les visites prévues dans la journée.




Même si c’est plutôt vers la fin de cette longue route chaotique, je tenais à faire un stop au village de Ban Khiet Ngong. Il me semblait pittoresque, bordé par un lac — même si je n’arrive toujours pas à trancher s’il est naturel ou artificiel. Le site est d’ailleurs assez attractif pour abriter un resort réputé dans la région : le Kingfisher Ecolodge, niché au calme avec vue sur les plaines inondées.
Quand j’arrive au village, cela fait deux bonnes heures que je me coltine cette piste cabossée depuis Sanamxai. Autant dire que ça fait du bien de ralentir un peu. Le lieu dégage un charme tranquille, avec ses maisons traditionnelles sur pilotis, son petit temple caché dans les arbres, et les gamins qui sortent de l’école en uniforme. Les scènes de vie sont simples mais pleines d’authenticité : un paysan qui rentre à pied chargé de bois, une vieille dame assistant son fils dans une ferme.





Je galère un peu pour rejoindre les rives du lac, car le seul chemin que je trouve, en allant tout droit après le village, est franchement casse-gueule. Mais j’avoue : sans être exceptionnel, le coin a quelque chose. J’aperçois quelques oiseaux, des pêcheurs au loin, un monsieur avec son chapeau en cône, accroupie au bord de l’eau et les barques, qui attendent dans les roseaux… Bref, un vrai petit coin de vie lao comme on les aime.
Au retour, je prends le temps d’un dernier regard sur le village. Ce fut une parenthèse paisible, un détour sans regret, qui ne m’aura pris qu’une vingtaine de minutes aller-retour depuis la “nationale” en terre.


Wat Tomo et l’île Don Daeng
Il me restait encore 10 km de piste depuis Ban Khiet Ngong pour rejoindre le croisement avec la nationale 13, à hauteur de Thang Beng. Je vous raconte pas mon soulagement de retrouver une vraie route, qui me ramènerait fissa jusqu’à Paksé. Mais avant de revenir à mon point de départ, il me restait à compléter les visites du jour. En ligne de mire : le Wat Tomo. Un petit temple khmer perdu au milieu des bois, sur les rives du Mékong, que je retrouve après plusieurs jours autour du plateau des Bolovens.

Allez, encore un petit effort !

De retour au bord du Mékong.
Ensuite, cap sur l’île de Don Daeng. Après une traversée via une embarcation sommaire, je passais un petit moment à parcourir ce bout de terre posé au milieu du fleuve. En plus de quelques villages, on y trouve plusieurs temples et même une grande plage de sable blanc. C’est là que je m’offrais mon petit plaisir du séjour, comme une récompense après cette matinée intense, en m’arrêtant déguster un bon burger au restaurant de l’hôtel chic de l’île, La Folie Lodge.

Vue du Wat Tomo.


Pour conclure rapidement : je rejoignais ensuite la terre ferme, l’embarcation me déposant cette fois à hauteur du Champassak Terminal West, juste au nord de la ville (de Champassak). Il me restait alors tout juste 30 minutes pour rejoindre Paksé et compléter cette boucle de 4 jours, et environ 400 km, à travers le sud du Laos.

Ça sent la fin !
Pour ceux qui ont un timing un peu plus souple, il est envisageable de rentrer via le Champassak East Terminal et d’en profiter pour faire un dernier stop à la cascade de Tad Koy Loy Far, avant de finalement regagner Paksé (j’en parle aussi dans mon article sur Champassak).
Une boucle exigeante, mais inoubliable
Que je referme avec les yeux encore pleins d’images. Quatre jours, 400 kilomètres, quelques détours et autant de souvenirs : cette grande boucle dans les Bolovens restera un moment fort de mes divers séjours au Laos. À refaire ? Clairement, oui — même si je ne vais pas mentir, certains tronçons sont un peu chauds (coucou la poussière entre Sanamxai et Ban Khiet Ngong).
Il faut aussi une bonne dose de débrouillardise, surtout si on sort des parcours classiques. Dans mon cas, le fait de comprendre le lao, parfaitement compréhensible quand on connaît le thaï est un plus indéniable.
Mais à côté de ça, quelle richesse : des cascades isolées, des villages reculés, une nature et une campagne brute, et cette sensation d’exploration qui devient rare. Bref, si vous avez un peu de temps et l’envie d’aller plus loin que la simple « petite boucle », foncez.
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