Quand on évoque le fait de visiter Macao, on pense généralement aux casinos et au luxe. Si on a effectivement visité un casino (sans y jouer) et bien goûté au luxe (pour une fois…) c’était pas la raison première de notre visite à Macao, qui est avant tout riche en bâtiment historique de par son long passé Portugais.
Si cette région administrative spéciale est devenue le Las Vegas asiatique, elle possède un certain charme dû à son passé colonial. Jusqu’ici, je ne vous apprends pas grand chose, car j’en parle déjà sur mon précédent article où l’on découvrait la vieille ville de Macao.
Où se trouve Taipa et Coloane ?
La vieille ville, où se trouve les bâtiments célèbres comme les ruines de Saint Paul, se trouve sur la partie nord de Macao, composée d’une péninsule rattaché au continent. Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est le sud de Macao. Si aujourd’hui en regardant une carte vous ne verrez qu’une île, en réalité cette partie sud était auparavant composée de 2 îles bien distinctes, Taipa et Coloane.
La partie centrale étant des terres gagnés sur la mer et donc artificielle, mais qui a donc fait se rejoindre ces 2 îles pour n’en former qu’une et cette extension a été naturellement nommé COTAI, pour les premières syllabes de COloane et TAIpa.
Si Cotai est surtout composée d’un ensemble de grand casinos comme The Venitian où nous étions allés, Taipa au nord, et Coloane au sud sont des lieux d’habitations essentiellement et qui ont gardés un air de village d’antan, surtout Coloane.
Au paisible village de Coloane
C’est d’abord au sud et donc à Coloane qu’on commençait notre visite de cette partie de Macao. Pour s’y rendre, on prenait un bus depuis l’arrêt à côté du temple A Ma, qu’on venait de visiter ce matin-là.
Nous prenions le bus 26 dont le terminus est à Coloane pour un coût de 6$. L’inconvénient des bus est qu’il faut donner le montant exact car on ne vous rendra pas de monnaie vu qu’il faut mettre les sous dans une boîte et que le chauffeur n’est pas là pour ça. Donc préparez vos pièces à l’avance, les tarifs sont affichés sur les panneaux indiquant le parcours des bus.
En comptant les arrêts, il a fallu un peu plus d’1/2 heure pour faire les 10 km entre notre position et le village de Coloane. On nous déposait au niveau d’un genre de rond-point à l’entrée nord du village, non loin du bord de mer.
Une carte nous indiquait les principaux centres d’intérêt, en résumé des temples chinois et l’ancienne chapelle. Sur cette même carte, on nous montrait une suggestion d’itinéraire pour en faire le tour à pied, j’ai d’abord voulu m’en inspirer, mais au final on allait juste flâner un peu aléatoirement.
C’est d’abord le sud du village qu’on se dirigeait en premier pour aller vers le temple chinois dédié à Tin Hau (encore une fois…). On a suivi l’avenue principale avec dans l’idée de passer dans les petites rues ensuite pour remonter à la petite place où nous étions arrivés, histoire de faire une boucle.
Le petit temple de Tin Hau est similaire à ceux qu’on a déjà pu voir auparavant donc on s’est pas trop attardé. Après quelques photos, on se faufilait par la suite dans les ruelles colorés de Coloane, pavés pour la plupart.
On passait d’abord par la rue do Estaleiro. On arrive là devant quelques bâtiments et façade aux allures atypique, contrastant pas mal avec le reste de Macao. D’abord la maison rouge, derrière laquelle il y a un petit temple chinois là encore et à côté, se trouve une grande façade jaune normalement recouverte d’un beau bougainvillier, malheureusement taillé et réduit à son minimum lors de notre passage.
Malgré le temps morose, ça reste assez photogénique, au moins, il n’y a pas foule donc c’est plutôt agréable. La petite rue est pavée, les façades de chaque côté sont colorées avec le jaune qui domine, certaines maisons sont à l’abandon.
Après même pas 100 m, on arrivait derrière la chapelle de Saint François-Xavier (Chapel of St Francis Xavier), construite en 1928, devant laquelle se trouve la place appelé « Jardim Eduardo Marques ».
S’il n’y a pas de vraiment de « jardim » (comprenez jardin bien entendu), la place est joliment pavé, ça fait pensé à un petit square de ville en Europe. Au bout de cette place, se trouve un petit monument commémorant une victoire importante sur les pirates en 1910 (Qui sévissaient beaucoup dans la région à l’époque, d’où l’ancien poste de police important à côté du village de Tai O à Hong Kong), le bord de mer étant juste là.
Sur l’autre bout se trouve donc la petite chapelle portant le nom du jésuite Saint François-Xavier, qui paradoxalement n’a jamais mis les pieds à Macao, mais est mort en 1552 sur l’île de Sangchuan à 90 km plus au sud, alors qu’il cherchait à rejoindre le continent chinois plus au nord. La chapelle a pourtant bien contenu une relique du Saint avant d’être transférée vers l’église St. Joseph, où nous étions passé à côté lors de notre visite de la vieille ville de Macao la veille.
Comme on était sur le front de mer, c’est en longeant le quai qu’on passait pour remonter le village un bout. On voit alors l’île de Tai Wang Kam qui fait partie de la Chine continentale. Là aussi, on peut apercevoir au fond un impressionnant casino aux allures de château fantastique (cherchent-ils à concurrencer Macao ?).
On remontait cette avenue du Cinco de Outubro (le 5 Octobre marquant le jour de la proclamation de la république du Portugal, mettant fin à la monarchie en 1910) jusqu’à un rond-point où se trouve la pâtisserie Lord Stow qui a la particularité d’avoir popularisé en Asie les fameuses tartes aux œufs portugaises.
Nous étions alors un peu plus haut qu’à notre arrivée. On redescendait alors pour rejoindre la place du président Antonio Ramalho Eanes par laquelle nous étions arrivés. Comme cela faisait moins d’une heure seulement qu’on était là (40 min pour être plus exact), on décidait de s’engager de nouveau dans les petites rues pour vraiment faire le tour de Coloane.
On passait alors devant un petit marché, ou en tout cas, une supérette étalant ses fruits et légumes dans la ruelle. Il y avait là une boutique souvenir et on ne croisait qu’un restaurant une fois revenu à hauteur de la place de la chapelle.
Globalement c’était plutôt désert. Peut être parce que c’était en semaine. En weekend, il y a clairement le potentiel pour en faire un village côtier agréable pour se balader (avec une meilleure météo ce serait aussi plus appréciable, après c’est pas la côte d’Azur non plus).
J’allais dire qu’on ne croisait pas un chat dans ses ruelles colorés, mais à vrai dire, si (un seul). À côté se trouvait un artiste en herbe qui peinturait là tranquillement dans une rue parallèle au marché, alors qu’on revenait vers la place. C’est peu avant de revenir à notre point de départ qu’on croisait les restes du mur marqué « pátio da greta », seul vestige d’une ancienne maison avec un patio construite en 1941.
Au final, notre parcours nous a permis de bien faire le tour de Coloane , ce qui, sur une carte donne ceci :
Passage inattendu par la plage de Hac Sa
Ceci marquait la fin de notre balade à Coloane après une petite heure sur place. On reprenait le bus, non sans se planter, car à l’arrêt de bus où nous étions arrivés, on nous dit que c’est un autre bus pour aller à Taipa. Alors on a marché à un autre arrêt de bus en amont de la place, mais ce n’était pas clair d’après le tableau d’affichage pour savoir dans quelle direction il se rendait, comme les passages sont pas non plus fréquent, on montait dans le but pour éviter de se retrouver à poireauter, avant de s’apercevoir que celui-ci était pour dans le sens des arrivées et non des départs…
Autrement dit, il se rendait à son terminus et ce n’était pas Taipa puisqu’il en venait… Ce qui fait qu’on s’est retrouvé à descendre à la plage de Hac Sa, à l’est du village de Coloane. C’est la plus grande plage de Macao, son nom signifie sable noir, car en effet, elle a la particularité d’avoir du sable noir, en tout cas à l’origine. Car pour prévenir la disparition de la plage due à l’érosion, les autorités ont rempli cette plage de sable jaune…
Là non plus il n’y avait pas grand monde même si on pouvait noter quand même plus de gens qu’à Coloane. Pour autant, les boutiques typiques de bord de mer avec bouées et tutti quanti étaient ouvertes (partiellement du moins) et on pouvait aussi voir des petits bateaux à voiles qui s’apprêtait à rentrer dans l’eau.
Après cette courte visite imprévues, on reprenait donc un autre bus pour cette fois bien arriver au coeur de Taipa.
Taipa, un mélange entre rural et urbain
Je m’étais repéré sur Google Maps pour savoir à peu prêt où descendre, on s’arrêtait donc peu avant un rond-point à Chun Yuet Garden. L’idée première était de marcher jusqu’au cœur du vieux Taipa, ce faisant, cela nous a permis de passer par la jolie petite rue de Fernao Mendes Pinto (sans le savoir avant, ce fut le fruit du hasard…).
On a donc marché le long de cette artère, qu’on rejoignait après seulement 100 m depuis le rond-point. Si je dis que cette rue est jolie, c’est parce qu’on est alors entouré par de grands arbres et point d’immeubles à l’horizon. Après à peine une centaine de mètres en plus, on passait devant un petit temple bouddhiste, le Sam Po Temple dans lequel on jetait un œil avant de poursuivre.
Plus loin, en plus de voir quelques street art sur les murs, on passait devant une ancienne usine de pancho désaffectée, avant d’arriver 100 m plus loin devant les escaliers que j’avais repéré et qui mène plus haut vers un musée, un jardin et une église paroissiale, Our Lady of Carmel Church, ou, en bon français, l’église Notre-Dame du Carmel.
Our Lady of Carmel Church et Taipa Houses Museum
Généralement, on dit plutôt Notre-Dame du Mont-Carmel, qui est une des appellations de la Vierge Marie. Carmel étant un nom en Terre Sainte qui dérive de Karmel ou Al-Karem et qui peut se traduire par jardin (merci Wikipedia). Et justement à côté de la place de l’église se trouve un jardin simplement nommé jardin de Carmel.
L’église, de style néoclassique, fut complétée en 1885 et sa façade arbore la couleur caractéristique de Macao, le jaune. Mais aussi typique soit elle, c’est pourtant vertes que sont les maisons justes en contre-bas de la place de l’église.
En effet, à côté, se trouve le Taipa Houses Museum, littéralement le musée des maisons de Taipa. C’est un ensemble de 5 demeures construites dans les années 20 dans un style typique portugais-macanais (un peu différent du style sino-portugais classique qu’on retrouve dans plusieurs endroits en Asie dont la Thaïlande).
Ces maisons coloniales ont été préservées et rénovées pour devenir aujourd’hui un musée. À l’intérieur on y trouve des infos sur les racines portugaise de Macao mais je pourrais pas en dire plus vu qu’on est pas allé voir à l’intérieur.
Il faut savoir qu’à l’époque, elles étaient alignées sur le front de mer, Cotai n’existant pas alors, cette partie de Taipa était le sud de l’île. Aujourd’hui, il y a un étang avec vu sur les casinos et les immeubles tandis qu’on peut y voir quelques rizières juste devant (vide en cette saison).
Juste comme ça au passage, nous étions le lendemain de la Saint-Patrick, et même ici à Macao, il y avait des célébrations, ce qui fait qu’on a assisté à une petite démo de musique irlandaise tandis qu’un petit groupe de badaud arborant la couleur traditionnelle verte assistait à cet événement.
Mais on ne s’attardait pas trop car le temps passait et on avait pas encore atteint le coeur de Taipa avec sa rue marchande.
Taipa et la rue marchande « rua do Cunha »
En revenant en bas après cette balade autour du musée des maisons, on se retrouvait dans une rue aux allures européennes, avec des maisons et petits immeubles bas, un petit trottoir bien propret, pas de voiture (non, bon, ça, ce n’est pas un argument valable…).
Après 100 m (on cumule les 100 m sur cette journée…), on arrive sur la place Feira Do Carmo. Au milieu, se trouve une série de colonnes supportant un toit, c’était l’ancien marché de Taipa. Nous voilà donc arrivé au coeur du vieux Taipa.
La rue marchande « rua do Cunha » est une petite ruelle piétonne connue à Taipa pour y trouver bon nombre de spécialités d’origine portugaise, notamment sous la forme de paquet à ramener en souvenir quand il s’agit de gâteaux ou desserts, mais on y trouve aussi des restaurants servant des plats portugais, le plus connu étant le « O Santos » présent depuis plus de 20 ans.
C’est d’ailleurs le seul endroit où l’on croiserait un peu de monde de toute cette journée. Ça faisant bizarre d’avoir un peu plus d’animation après cette journée au calme. On a fait le tour des petites rues autours, passant devant un square et d’autres restaurant.
En remontant la rue principale do Cunha (nommé d’après un explorateur Portugais, Tristão da Cunha), on arrivait au niveau d’un building dont la façade colorée est difficile à louper, le Cunha Bazaar. C’est une boutique vendant des souvenirs sur 2 étages. En y jetant un oeil on trouvait tout ce dont on avait besoin, c’était parfait pour terminer cette journée.
L’avantage c’est que c’est des souvenirs crée par des artisans locaux via leur propre marque, Macau Creations, dont certains sont faits à la main, ils proposent donc des objets aux designs originaux plutôt que les traditionnels souvenirs un peu bateau.
Avant de rentrer vers notre hôtel, en reprenant le bus (n°11 cette fois), on passait dans le marché couvert jeter un œil. C’est le marché municipal de Taipa, aussi appelé Dangzi Shizheng Wet Market, situé sur la droite en sortant de la rua da cunha. S’il y avait encore quelques marchands comme le poissonnier qui était ouvert, c’était relativement calme en cette fin de journée, et à part un design un peu particulier en U et qu’il y ait 2 étages, pas grand chose à signaler donc on ne s’est pas attardé.
En résumé sur une carte, voici quel a été notre parcours à Taipa :
En résumé Taipa et Coloane sont intéressantes et montrent une facette autre que le cliché et réducteur de Macao = Las Vegas Asiatique. Après la météo maussade n’a pas aidé pour apprécier au mieux, Jitima en revenait avec un sentiment un peu mitigé, pas vraiment emballée mais sans pour autant avoir regretté d’y être allée. Le but étant aussi que ce genre d’article vous pousse à voir justement un peu au-delà des stéréotypes qu’un pays peut véhiculer (et dieu sait si c’est aussi le cas en Thaïlande).
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