Pulau Ubin est une île située au nord-est de la principale île de Singapour. L’occasion de remonter le temps puisque Pulau Ubin représente vraiment la dernière zone de Singapour restant au plus près de ce qu’était ce petit pays péninsulaire, il y a 60 ans, avant que ce dernier ne prenne son élan vers la route de la modernité.
C’est-à-dire un pays composé majoritairement de jungle tropicale, de villages avec maisons traditionnelles chinoises qu’on nomme Kampong (même si différentes des Kampong malaisiennes).
Pulau Ubin est particulièrement adaptée pour une balade à vélo puisque celle-ci comporte plusieurs pistes cyclables, mais aussi des sentiers pédestres, sillonnant dans la jungle, parsemée de petits lacs formés par les restes des carrières de granits qui étaient exploités sur l’île.
Après vous avoir emmené au sud de Singapour dans les îles St John et Kusu, je continue donc mon périple dans les îles autour de Pulau Ujong, l’île principale composant la cité-État de Singapour. L’occasion encore une fois de se mettre au vert et d’illustrer que Singapour ne résume pas ni à une jungle urbaine ni qu’à ces seuls jardins comme Gardens by the Bay, aussi populaire soient-ils.
Petit tour à vélo sur Pulau Ubin
Je faisais la transition entre la Marina, d’où je venais, après mon tour sur les îles St John et Kusu, et arrivais au quai de Changi pour Pulau Ubin alors que l’après-midi est déjà bien entamé.
Pas le choix, faut faire avec ! La différence sur le transport entre cette île et celle de la matinée est flagrante. Ici, on emprunte un bateau local appelé bumboat, tout en bois et d’une capacité dépassant à peine les 10 personnes.
En arrivant sur l’île, je suis un peu inquiet niveau météo car j’aperçois au loin ce gros nuage noir menaçant, mais qu’à cela ne tienne, j’y suis j’y reste et me voilà à louer un vélo pour partir à la découverte de l’île.
En prenant le vélo, on me brief vite fait sur ce qu’il y a à voir et on me file une carte pour me repérer. De toute façon, vu le temps qu’il me reste, je vais surtout me concentrer sur une zone de l’île, en l’occurrence la partie Sud-est, vers laquelle je suis arrivé.
Et c’est vers la zone indiquée « Beach n’ mangrove » de ma carte que je me dirigeais en premier.
Sensory Trail
Comme son nom le suggère, ce sentier se veut un parcours « sensoriel ». Bon perso, je n’ai pas particulièrement ressenti d’odeur ou d’autres sens particulièrement mis en avant autre que ma vue, mais c’est une bonne introduction sur la nature sauvage de l’île. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les poules qu’on voit là sont normalement des poules sauvages, qui ont la particularité de pouvoir voler.
C’est une promenade facile qui peut se faire à pied si vous avez le temps et prend environ 1 heure à compléter. Cela vous mènera à travers la plantation du village de Pulau Ubin, où sont plantés des arbres fruitiers (papaye, banane, ramboutan, fruit à pain, etc.).
Pour ma part, je ne m’attardais pas trop là et poursuivais vers le bord de mer. Alors que je passe ces cocotiers et cette jungle tropicale, j’ai encore du mal à réaliser qu’on est bien à Singapour.
Après quelques minutes seulement, j’arrive vers un petit bout de plage ou quelques vélos stationnaient déjà. La marée est haute, donc difficile d’imaginer une « plage » en tant que tel, mais j’ai cru comprendre que c’est un spot pour pique-niquer au bord de l’eau.
Le temps de faire 2-3 photos et j’enfourchais de nouveau mon vélo déglingué, en pensant faire une petite boucle dans la zone, je commençais à longer le même chemin en suivant le bord de l’eau, tout comme un autre vélo juste devant moi. Mais en commençant à le voir descendre, prendre le vélo et passer par-dessus un tronc d’arbre, puis un groupe de rochers et galérer à poursuivre sans pouvoir monter sur le vélo, j’ai vite fait demi-tour pour aller voir une autre zone.
Teck Seng’s Place
Je revenais donc vers le chemin principal puis sur la route goudronnée. Bordant le Sensory Trail, vous croiserez là un joli étang rempli de fleurs de lotus au bord duquel je prenais le temps de faire quelques photos, là encore.
Mon objectif d’alors est de rejoindre la maison n°1, qui fait simplement référence au numéro de son adresse postale. Se faisant, je passais devant quelques maisons locales, faites en bois et qui sont censés représenter le style Kampong.
Je passais d’ailleurs sans m’en rendre compte devant l’une d’elle, la maison 363B, aussi appelé Teck Seng’s Place. Cette dernière se trouve sur le côté gauche de la route (en se rendant vers Chek Jawa), en hauteur par rapport à celle-ci.
Elle appartenait à M. Chew Teck Seng, un commerçant local qui y habita de 1970 à 2005, date à laquelle ce dernier s’est relogé sur Pulau Ujong (l’île principale). La maison a depuis été conservée et rénovée en tant que maison modèle de kampong chinois en gardant l’architecture d’origine pour conserver son charme rustique.
Elle sert maintenant de « musée » immersif qui retrace la vie de Pulau Ubin dans les années 1970. À savoir qu’à l’époque, l’île est exploitée pour ses mines de granit, le nom même de l’île « Pulau Ubin » signifiant l’île de granit !
La famille Chew dirigeait ce magasin d’approvisionnement qui fournissait les ouvriers situés autour des diverses carrières situées autour de Pulau Ubin. La maison est uniquement ouverte les 2e et 4e week-ends du mois et les jours fériés de 10h00 à 14h00.
House n°1
C’est en arrivant vers Chek Jawa, la zone humide de l’île que vous trouverez la maison n°1, une maison de style Tudor construite dans les années 1930, qui fait aujourd’hui office de centre d’accueil des visiteurs. La maison, bordant la mer, a été restaurée avec soin.
L’une des caractéristiques unique de la maison est sa cheminée d’origine, qui est probablement la seule de Singapour (pour rappel, on est pratiquement à hauteur de l’équateur, autant dire qu’un foyer de cheminée, c’est vraiment folklore sous cette latitude !).
Le rez-de-chaussée de la maison du centre d’accueil présente des panneaux d’information illustrant l’histoire et les caractéristiques du patrimoine naturel de Chek Jawa. En contrebas de la maison, je rejoignais la jetée sur la mer, alors que le ciel se fait toujours plus menaçant (j’aperçois d’ailleurs de la pluie tombant au loin).
D’ici, on a une belle vue sur la maison et le bord marécageux de cette partie de l’île.
Chek Jawa
J’entre alors à Chek Jawa, où je serais accueilli par un cochon sauvage vaquant là à ces occupations (c’est-à-dire chercher à manger pour résumer), ce qui est assez commun sur cette partie de l’île, où la faune locale est particulièrement visible.
Pour info, Chek Jawa ne se visite qu’à pied, j’avais donc laissé le vélo sur le parking approprié à côté du centre d’accueil.
Chek Jawa est une zone marécageuse composée de 7 écosystèmes interdépendants comprenant notamment une forêt côtière, de la mangrove et différents type de rivages. Chacun des écosystèmes apporte son lot de plantes rares, d’oiseaux locaux et migrateurs.
Pour avoir une vue dominant la forêt, rien de mieux que la tour d’observation (Jejawi Tower), vers laquelle je me dirigeais en premier avant que le ciel ne me tombe sur la tête. C’est le seul endroit où je croisais d’ailleurs du monde puisqu’une classe en sortie en revenait et quittait la promenade côtière le long de laquelle se trouve la tour (nommée Mangrove and Coastal Loops).
Vu l’heure tardive, je ne m’attardais malheureusement pas trop, mais la balade complète en journée peut être vraiment sympa pour y observer la faune locale (on peut y voir quelques oiseaux exotiques comme des calaos pie, et, en plus des cochons sauvages, des singes, varans etc).
Pekan Quarry
En guise de dernière petite visite express avant de ramener le vélo et rentrer en centre-ville, j’allais jeter un œil à l’une des anciennes carrières de l’île. Ces dernières sont aujourd’hui toutes remplies d’eau et forment autant de lacs artificiels qui sont un refuge pour les oiseaux comme les hérons.
Je me rendais à Pekan Quarry, car c’est la plus proche du village où se trouve le quai par lequel j’arrivais.
Autres visites sur l’île
En poursuivant plus vers l’ouest de Pulau Ubin, vous pourrez visiter quelques autres petites attractions locales. À commencer par le « sommet » de l’île, Bukit Puaka, qui culmine à 74 m. Ce dernier domine un autre lac.
À côté, se trouve un petit temple chinois, Wei Tuo Fa Gong Temple. En vous dirigeant vers le Ketam Mountain Bike Park, un parc de 45 hectares récemment aménagé (en 2008) qui comprend 10 km de pistes de vélo de montagne, vous passerez devant le sanctuaire dit « de la fille allemande » (German Girl Shrine).
Pour résumer l’histoire de ce sanctuaire, cela remonte à la Première Guerre mondiale. Il y avait alors sur Pulau Ubin un terrain sur lequel s’était implanté une famille allemande qui possédait une plantation de café. Si les propriétaires sont identifiés comme étant Daniel Brandt et Hermann Muhlingan, l’identité de leur fille est restée inconnue.
Lorsque la guerre a éclaté, l’armée britannique a rassemblé le propriétaire de la plantation allemande et sa famille. Sa fille, effrayée (âgée d’environ 18 ans à l’époque), s’est enfuie dans les bois. Le reste de sa famille a été envoyé dans un centre de détention à Singapour. Quelques jours plus tard, le corps de la jeune fille a été retrouvé sans vie par les ouvriers de la plantation.
Si au début, les ouvriers ont simplement recouvert son corps avec du sable et lui offrait des fleurs et de l’encens à chaque passage devant, un groupe de travailleurs chinois sur l’île a finit par transporter sa dépouille jusqu’au sommet de la carrière et l’a enterrée comme il se doit.
Pulau Ubin, un coin préservé, mais jusqu’à quand…
Pour résumer mes impressions, Pulau Ubin est particulièrement atypique, j’aime beaucoup cette impression d’être complètement ailleurs, tout en étant bien à Singapour.
C’est une île parfaite pour se relaxer le temps d’une journée et passer du temps entouré d’une nature encore préservée. Il faut noter que Pulau Ubin est le dernier endroit de Singapour comportant une côte rocheuse naturelle.
Toutes les autres îles étant massivement transformées dans le cadre de plan de remblaiement pour gagner du terrain sur la mer. Un projet était d’ailleurs prévu pour Pulau Ubin, pour l’instant mis en suspens tant que ce n’est pas absolument nécessaire d’être agrandi. Mais avec l’expansion de l’urbanisme galopant, Pulau Ubin ne devrait malheureusement pas faire exception et voir son paysage radicalement changer si ces terre-pleins venaient à être aménagés.
Pour l’anecdote, j’avais repéré à peu près le bus que je devais prendre pour le retour, mais j’étais un peu confus sur le sens des circuits. En arrivant à l’arrêt que je pense être le bon, je zieute en attendant les numéros de bus.
Un monsieur descendant d’un bus à l’instant me voit alors un peu en « galère » et me renseigna direct, et pour une raison que j’ignore, me donna carrément sa carte EZ Link (carte rechargeable pour utiliser les transports en commun) dans laquelle il restait quelques crédits. J’ai donc pu rentrer gratis en ayant le bon numéro de bus. À peine eu le temps de le remercier que je sautais dans le bus en question.
Cela confirmait mon impression du séjour que les Singapouriens étaient devenus moins « froid » en quelques années, car d’autres personnes nous avaient aidés plus tôt alors qu’on se rendait au Southern Ridges.
Comment se rendre sur Pulau Ubin
Vous avez un quai dédié au nord de Singapour, non loin de l’aéroport. S’il y a plusieurs quais d’accès sur l’île, c’est normalement le seul qui est tout public. Il existe en effet 2 autres quais au nord de l’île pour accéder au Outward Bound Singapore, des centres pour la jeunesse (sorte de camp pour des activités s’approchant du scoutisme).
Depuis le quai de Changi, comptez 15 à 20 minutes pour vous rendre sur l’île de Pulau Ubin.
Tarifs et horaires
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