St John et Kusu Islands – Escapade d’une journée dans les petites îles de Singapour
Si vous ne le saviez pas déjà, Singapour est à la base composée d’une grande île, isolée de la Malaisie au nord par le détroit de Johor et de l’Indonésie au sud par le détroit de Singapour. Elle est constituée par l’île principale, nommée Pulau Ujong, mais aussi par tout un semble d’îles et îlots l’entourant (au total, on en dénombre 63).
Et parmi ces îles, quelques-unes sont propices pour une journée détente et balade à vélo, mélangeant plage et forêt, le temps de décompresser à l’écart du centre-ville (bien que ce dernier étant rempli de parcs comme je l’évoque dans mon article précédent).
Je vous expose ici un résumé sur comment s’y rendre et ce qu’on peut y faire.
Singapour, une superficie en constante évolution
Avant de vous parler des îles intéressantes, je voulais vous exposer l’évolution de celles-ci, pour comprendre ce que vous allez voir et comment ça pourrait encore évoluer dans les années à venir.
Comme je le disais en intro, l’île principale est Pulau Ujong. Cette dernière, qui signifie « île à l’extrémité (de la péninsule) », en mandarin, s’étale sur 584,8 km², constituant de ce fait, la majorité du territoire de ce pays, et de loin, la superficie totale de Singapour en 2017 atteignant de 724,2 km². C’est là que ce trouve la ville d’origine et centre-ville actuel.
Pour remettre dans le contexte, en 1959, avant que le pays n’entreprenne sérieusement de s’agrandir, on en était à 581,5 km², soit déjà moins que l’île d’Ujong actuellement. Ensuite on note deux agrandissements notables, l’un s’étalant entre 1973 et 1976, faisant passer la surface de 587,6 km² à 616,3 km² puis entre 1997 et 1999, passant de 648,1 km² à 682,7 km².
Pour se faire, Singapour gagne du terrain sur la mer grâce à des travaux de remblaiement, reliant des îles entres elles et élargissant ses côtes. Parmi ces agrandissements notoires, le plus connus pour ses aménagements est la Marina, où se trouve Gardens by the Bay.
L’évolution est donc constante, avec encore plusieurs séries d’extensions sur la mer prévue d’ici 2030. À ce jour, Singapour a pu augmenter sa surface de 24 %, ce qui est assez considérable. Ce qui est paradoxale si on tient compte de l’aspect très à cheval sur l’environnement du pays, c’est cet entêtement a vouloir « tricher » avec la nature, et s’agrandir indubitablement pour faire face à l’accroissement de sa population et son développement.
Pour comprendre, sur cette carte vous avez deux couleurs distinctes :
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- En rose pâle, c’est les agrandissements ayant déjà été effectué.
- En rouge clair, c’est les extensions prévues d’ici 2030, donc certaines sont déjà en cours de réalisation
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La pointe tout à l’Est de l’île principale est là où se trouve l’aéroport internationale de Changi (soit dit en passant, l’un des meilleurs au monde), le principal aéroport de Singapour.
L’île au dessus de cette zone correspond aux îles de Tekong et Tekong Kecil (déjà rattaché ensemble d’après l’image satellite). Pulau Tekong est la plus grande des îles singapourienne en dehors de la principale (Pulau Ujong), avec une superficie de 24,43 km².
Elle ne se visite pas, car elle sert aujourd’hui de terrain d’entraînement pour les Forces armées singapouriennes, et accueille le Basic Military Training Centre.
Ensuite, on remarque toute la zone au Sud-ouest, lourdement agrandie. C’est parce que c’est là que se trouve le port de Singapour, le troisième port le plus important au monde en terme de tonnage (600 millions par an).
Pour comprendre ce chiffre, il faut savoir que le premier port mondial est celui de Ningbo-Zhoushan (900 millions) suivant par celui de Shanghai (650 millions, pour vous donner une idée de l’échelle, son quai fait plus de 5 km de long !), situé non loin l’un de l’autre en Chine.
Par comparaison, le premier port en terme de tonnage en Europe, c’est celui de Rotterdam au Pays-Bas (500 millions) quand le premier port français est celui de Marseille (avec un peu moins de 100 millions).
Pour l’anecdote, connaissant le nom du bateau (sur ma photo en plein format on peut lire facilement), on peut le suivre à la trace via un site dédié (c’est pas du tout sponso et un peu hors sujet, mais je trouve ça marrant).
Les îles St John, Lazarus et Seringat
J’admets m’être un peu égaré ci-dessus, mais je tenais à clarifier la situation du pays pour expliquer plus facilement ce qui suit. À savoir qu’aujourd’hui, si vous regardez le site du ferry (voir plus bas), vous verrez en destination uniquement St John et Kusu (au comptoir, ils indiquent aussi Lazarus).
J’admets m’être un peu égaré ci-dessus, mais je tenais à clarifier la situation du pays pour expliquer plus facilement ce qui suit. À savoir qu’aujourd’hui, si vous regardez le site du ferry (voir plus bas), vous verrez en destination uniquement St John et Kusu (au comptoir, ils indiquent aussi Lazarus).
Si vous passez la souris sur l’image ci-dessous, vous allez comprendre l’évolution importante de ces îles. Par défaut, ce que vous voyez est l’état de ce groupement d’îles, avant les travaux de remblaiement. En l’occurrence, c’étaient quatre îles bien distinctes. L’autre image représente les îles aujourd’hui.
En somme, St John et le groupement Lazarus / Seringat sont aujourd’hui reliés par un pont, ne formant dès lors plus qu’une seule « entité ».
Pour vous expliquer les circonstance de ma visite, j’y allais pour voir ce qu’il en était sur ces îles, faire des photos et avoir les infos sur comment s’y rendre. En gros, c’était donc pour mon blog et vous en parler.
Je vous précise cela, car concrètement, si vous voulez voir ces îles, il vaut mieux y consacrer la journée pleine. Vu les horaires du ferry, ce n’est pas vraiment possible autrement à moins de faire comme moi, une visite d’une seule île (Kusu, la plus petite).
Cette même journée, il me fallait aussi me rendre à Pulau Ubin, hors, voir St John ET Kusu ET Pulau Ubin n’est tout simplement pas possible. Ceci étant précisé, c’est pourquoi je n’ai pas été à St John. Le bateau y a accosté 15 min, avant de reprendre sa route vers l’île de Kusu, auquel j’y ai consacré plus de temps.
Pour l’anecdote, à la fin du XIXe siècle, l’île de Saint John était utilisée pour mettre en quarantaine les immigrants atteints de maladies infectieuses. Au XXe siècle, elle était également devenue une prison pour les prisonniers politiques et un centre de désintoxication pour les toxicomanes à l’opium !
De ce que j’en voyais, l’ambiance a l’air similaire a celle de Kusu, en juste plus grand. On y trouve un centre de recherche sur la vie marine locale, des chemins pour s’y balader, et a priori, des tables pour pique-niquer également. Comme je l’évoquais plus haut, un pont relie l’île Saint John et Lazarus, il faut compter 20 min pour se rendre du quai du ferry jusqu’à la plage principale de Lazarus.
Cette dernière étant artificielle, car crée pour relier les îles Lazarus et Seringat. De plus, vu la situation générale de ces îles, proche du port et donc fréquenté autour par beaucoup de navires, ces eaux, bien qu’aux belles couleurs turquoise sont pas mal nappées d’huile… Pour illustrer mon propos, je vous laisse avec une photo d’un des navires du coin, et une carte de mon crue situant où se trouve les îles.
L’île de Kusu
Passé mon stop à l’île Saint John, le bateau se dirigeait donc dans la foulée vers l’île de Kusu, voisine au nord. Et cette fois-ci je descendais pour découvrir ce qui se cache sur ce petit bout de terre.
Arrivé au quai de l’île à 11h, le ferry en repartait à midi, me laissant alors une petite heure pour parcourir ce petit bout d’île. C’est aussi l’île aux tortues, la légende locale raconte qu’une tortue géante se serait transformée en une île pour sauver deux marins dont leur navire venant de sombrer. L’un était un Malais musulman, l’autre, un Chinois, Taoïste.
C’est pourquoi aujourd’hui, on trouve sur l’île une statue de deux tortues, un sanctuaire avec un abri pour des petites tortues et surtout deux temples, l’un Chinois, l’autre Musulman. Ce dernier est situé sur une petite butte qui formait autrefois l’île d’origine, avec un autre petit îlot à côté comptabilisant à peine 1,2 hectares. Avec les travaux d’aménagements en 1975, prévus dans le but de transformer ce bout de terre en un lieu de villégiature, la surface globale de Kusu est passée à 8,5 hectares.
L’avantage de cette petite visite, c’est que c’était calme. Une seule personne est descendue en même temps que moi sur l’île donc en dehors de ceux présent pour l’entretien de l’île, il n’y avait guère plus de 5 personnes en tout, si on fait abstraction des singes s’y trouvant.
Car oui, il y a même une petite faune locale, quelques macaques vaquant dans les arbres et au sol, autour du temple chinois et du sanctuaire malais.
Kusu Island Chinese Temple
C’est un peu l’attraction principale de l’île. Aussi appelé Da Bo Gong 大 伯公 ou Tua Pek Kong (grand-oncle), le temple est construit en 1923 par un riche homme d’affaires. Il est dédié à deux divinités principales – Da Bo Gong et le Guan Yin (déesse de la miséricorde).
À côté du bâtiment principal, se trouve un bassin, qui sera rempli ou pas en fonction de la marée. Ce dernier est surmonté d’une passerelle avec en son centre un abri, où se trouve le « puits aux vœux », symbolisé par une feuille de lotus.
Si vous êtes déjà habitué aux temples chinois, vous y retrouverez une architecture familière, où le rouge prédomine. Malgré sa taille et allure modeste, le temple fait l’objet d’un pèlerinage annuel, qui a lieu entre les mois de septembre et novembre selon les années (9e mois du calendrier lunaire et les dates s’étalant sur 9 jours).
C’est une période où il peut donc y avoir du monde sur l’île puisque le pèlerinage attire jusqu’à 100 000 personnes !
Kusu Keramat ou Datok Kong Keramat
Au sommet de la seule « colline » de l’île Kusu, formée par un amas de rochers, se trouvent trois kramats (sanctuaires sacrés des saints malais). Ces trois kramats commémorent respectivement un homme pieux (Syed Abdul Rahman), sa mère (Nenek Ghalib) et sa sœur (Puteri Fatimah) qui vivait au XIXe siècle.
Pour s’y rendre, il faut « gravir » les 152 marches qui mènent aux kramats. Les locaux viennent pour prier, demandant richesse, mariage, et santé. Les sanctuaires sont également populaires auprès des couples sans enfant qui prieraient ici afin d’en obtenir.
Sa particularité pour ma part, c’est que le sanctuaire est tout de jaune vêtu. À mon passage, j’y étais absolument seul. Entouré par les arbres, l’espace d’un instant, j’avais vraiment cette sensation de bout du monde.
En une heure, j’ai eu largement le temps de faire le tour de Kusu. Faut voir que ça fait moins de 600 m de long pour une largeur dépassant à peine les 100 m donc on tourne un peu en rond. J’imagine que l’ambiance en week-end est radicalement différente. Perso, j’ai apprécié ce calme, ce sentiment d’être sur « son » petit bout d’île tranquille peinard, ce n’est pas déplaisant.
Cela contraste pas mal, alors même qu’on aperçoit au loin les immeubles dépassant de la ville, à seulement 5 km de là, de voir cette plage immaculée, avec une eau turquoise calme dans laquelle il serait tentait d’y tremper les pieds.
Et alors que je prends cette photo de la plage avec son palmier devant, je rigole intérieurement en me disant : « En voilà un cliché plage typique, et pourtant, je suis bien à Singapour !« , voilà de quoi bien casser l’image de ville juste bonne pour faire du shopping.
Comment se rendre aux îles St John et Kusu
Vous avez un ferry régulier pour se rendre sur ces îles, avec des horaires limités en semaine et un peu plus souple en week-end. Les gens s’autorisant naturellement quelques heures de répit sur ces îles après une semaine de boulot.
Depuis le quai, comptez 30 minutes pour vous rendre vers l’île de Saint John, puis 15 minutes pour aller de St John à Kusu.
Horaires du ferry vers les îles St John et Kusu
Tarifs et informations additionnelles
Les autres îles
Dans cette même zone du sud de Singapour, on peut y trouver d’autres petites îles pour passer un moment détente. Vous verrez probablement leurs noms en arrivant au quai Marina South et elles sont desservie par la même compagnie de ferry que St John et Kusu.
La seule différence est qu’il n’y a pas d’horaires régulier et qu’il faut donc prendre un bateau en charter. Vous aurez pour ça un comptoir blanc, séparé du orange pour les îles St John et Kusu, avec indiqué les îles suivantes :
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- Sisters Islands : les îles sœurs, composées de deux îlots Subar Darat et Subar Laut, juste à 1 km au sud-ouest de St John.
- Pulau Hantu : là aussi, un ensemble de deux îlots, littéralement à côté de l’île de Bukom (dédiée au port et plus précisément à l’industrie pétrochimique..).
- Pulau Semakau : une île au sud d’Hantu, majoritairement artificielle (je doute que les touristes s’y rendent).
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De ce groupe d’îles, à par Sisters Island, je doute fortement de l’intérêt de s’arrêter sur l’une des deux autres. Hantu est quasi collé à l’île de Bukom, complètement remplies par des cuves et tours des raffineries se trouvant sur l’île. J’ai cru pourtant comprendre que c’est un spot depuis lequel il est possible de faire de la plongée… À défaut, on y trouve des tables pour pique-niquer et l’île est bien dédié au tourisme.
Quant à Semakau, je pense qu’elle va à l’avenir également servir les intérêts du port et ne possède à ce jour aucun aménagement pour le public.
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