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Perdu dans les montagnes du district de Thong Pha Phum, à la frontière birmane, Pilok – et son village principal Ban I-Tong – a longtemps vécu au rythme de ses mines d’étain et de tungstène. Quand l’activité s’est arrêtée, le village a su renaître peu à peu grâce au tourisme domestique.

Aujourd’hui, on vient surtout pour son ambiance singulière : un petit village de montagne où l’on croise autant de voyageurs curieux que de familles thaïes en escapade, à la recherche d’un peu de fraîcheur dans les hauteurs. Ban I-Tong a son propre charme, entre ruelles tranquilles, maisons en bois et cafés au bord du petit lac. Et si le lieu en lui-même se découvre assez vite, c’est surtout l’occasion de profiter des paysages alentours, entre cascades, cols brumeux et panoramas sur la Birmanie voisine.

L’histoire de Pilok et ses mines

Quand il s’agit de lieux aussi atypiques, j’aime bien rappeler le contexte historique : comprendre le passé aide toujours à saisir l’évolution d’un endroit.

Même si les dates exactes restent floues, on sait que des filons d’étain et de tungstène furent découverts dans cette région isolée, frontalière de la Birmanie. Les premières exploitations furent menées à petite échelle par des prospecteurs birmans, qui revendaient ensuite leur production aux Britanniques, alors colonisateurs de la Birmanie.

À partir des années 1940, le gouvernement thaïlandais s’y intéressa plus sérieusement et établit les mines de Pilok, bientôt rejointes par plusieurs compagnies privées. La région devint rapidement un centre minier important, attirant des travailleurs venus de toute la Thaïlande et du Myanmar voisin. Ci-dessous : sur l’image de gauche, on arrive à reconnaître le passage menant l’entrée du village, prise depuis le bout du réservoir, quant à celle de droite, on reconnait bien le temple Wat Mueang Rae Pilok, déjà présent (photos d’époque provenant du site The Cloud).

C’est à cette époque que naquit Ban I-Tong, une ville champignon accueillant plusieurs milliers de travailleurs. Son nom viendrait du birman nat im taung (« montagne des esprits »), une signification proche de Pilok, dérivé du thaï phi lok (« hanté par les fantômes »), en référence aux dangers des lieux et aux tensions entre autorités thaïes et ouvriers birmans qui ont fait plusieurs morts.

À l’époque, faute de routes, les minerais devaient être descendus à Thong Pha Phum à dos d’éléphant, puis transportés vers Kanchanaburi par la rivière Kwai, rien que cette descente de la rivière prenait deux jours. Malgré ces difficultés, la région prospéra, au point que son nom actuel, Thong Pha Phum, reflète symboliquement cette richesse : Thong signifiant littéralement « or », quand Pha « falaise », et Phum « pays/région » font référence au caractère montagneux de ce district.

Dans les années 1950, une route de terre fut construite pour améliorer l’acheminement, puis partiellement goudronnée dans les années 1980. Mais le paradoxe, c’est qu’au moment où les infrastructures progressaient, le marché mondial de l’étain s’effondra (1985), entraînant rapidement la fermeture des mines. Pilok se vida peu à peu, devenant presque une ville fantôme.

Le village ne fut toutefois jamais complètement abandonné : son emplacement stratégique à la frontière lui permit de subsister. Coup de chance également, à la même époque de son déclin, un champ gazier fut découvert au large de la Birmanie, et un gazoduc de la compagnie thaï PTT, l’un des exploitants, fut construit dans les années 1990, passant justement par le col de Sao Thong, qui domine le village d’I-Thong, où se trouvent maintenant des infrastructures gazières sur les hauteurs du patelin.

Il faudra néanmoins attendre les années 2010 pour que Pilok connaisse un véritable renouveau, surtout grâce à la création en 2009 du parc national de Thong Pha Phum, qui intégra dès lors les forêts environnantes, démarrant l’essor d’un tourisme alternatif. De village minier presque disparu, Pilok s’est réinventé et attire désormais les voyageurs curieux de découvrir une Thaïlande différente, loin du tourisme de masse.

Le charme atypique de Ban I-Tong

Petite précision orthographique : le nom s’écrit majoritairement « Ban I-Tong » (avec un i majuscule), mais il peut aussi apparaître sous la forme « Ban I Thong », ou encore « Ban E-Tong » pour les anglophones.

Pilok et Ban I-Tong sont souvent confondus, mais il y a une nuance : Pilok désigne toute la chaîne de montagnes formant un sous-district de Thong Pha Phum, tandis que Ban I-Thong est le village né au pied de la mine principale. Officiellement, Pilok regroupe quatre villages, mais comme les trois autres sont au bord du lac et seulement accessibles en bateau, c’est surtout Ban I-Thong qui est resté associé au nom de Pilok.

Pour ajouter à la confusion, sur Google Maps, vous verrez aussi apparaître la mention « Pilok Village », mais l’emplacement correspond à un autre village voisin, « Ban I Pu », situé environ 3 km avant Ban I-Tong.

carte pilok thong pha phum national park kanchanaburi

Avec ses 2 500 habitants, Ban I-Thong devrait être considérée comme une petite ville. Pourtant, son isolement au milieu des montagnes et sa taille modeste, articulée autour d’un petit réservoir, lui donnent clairement plus l’allure d’un village.

Une rue concentre l’essentiel de la vie locale, bordée de maisons transformées en guesthouses, cafés et petits restos. L’attrait des Thaïlandais pour les paysages alentour et la brume hivernale – qui lui a valu d’ailleurs le surnom de « ville dans la brume » – a accéléré cette mutation.

Si le village n’a pas totalement perdu son identité, on ne retrouve plus le côté rustique d’antan et il reste peu d’éléments visibles de l’époque minière. Il suffit de jeter un œil aux images plus anciennes sur Google Street View pour s’en rendre compte : la différence est frappante.

Malgré tout, Pilok conserve une atmosphère unique que j’ai rarement retrouvée ailleurs en Thaïlande. Et si l’architecture n’est pas particulièrement mise en avant (comme souvent en Thaïlande…), beaucoup des maisons sont encore en bois. Une part de ce charme tient aussi à sa proximité avec le Myanmar : elle donne au lieu une identité culturelle à part, perceptible jusque dans la cuisine locale, où l’on retrouve des influences birmanes dans certains currys, soupes épicées et snacks vendus au marché.

Que faire à Ban I-Tong

Même si Ban I-Tong se résume à une seule artère, je vous liste ici les petits points d’intérêt accessibles à pied, de quoi s’occuper le temps d’une balade dans le village et ses alentours immédiats.

⚠️ Stationnement à Ban I-Tong : le village n’a pratiquement pas de places de parking. À part le petit parking au bord du réservoir, vite saturé le week-end, il faut utiliser les parkings collectifs en périphérie, comme l’hélipad au-dessus de la rue principale. Si vous logez sur place, mieux vaut déposer vos bagages à l’hôtel avant d’aller garer la voiture.

Ban I-Tong Market

Ce qui est marqué comme le marché de Ban I-Tong s’avère ni plus ni moins que sa rue principale. C’est donc là, comme je le disais plus haut, que sont concentrés les restaurants, boutiques de souvenirs et toute la ribambelle de guesthouses permettant d’accueillir tout ce petit monde.

Là où l’ambiance devient plus proche d’un « marché »  et animée, c’est dans la petite rue perpendiculaire qui relie le parking au bord du réservoir à l’artère principale. C’est là qu’on trouve une enfilade d’échoppes couvertes, avec aussi bien des snacks thaïs et birmans que des vêtements et souvenirs. L’endroit est étroit donc ça donne une impression d’être bondé les week-ends, mais c’est justement ce qui fait son charme, ça donne un côté plus vivant, à mille lieues du calme du reste du village.

C’est justement à la sortie de cette ruelle, qui longe le réservoir, qu’on peut voir un long mur recouvert de plaques en bois. Chacun y laisse son petit mot, un vœu ou plus souvent simplement son nom et la date de leur séjour, avant de l’accrocher. On peut voir ça comme une sorte de livre d’or collectif, mais en version tangible et décorative. Le résultat donne un patchwork visuel plutôt sympa, où se mélangent souvenirs de passage et déclarations d’amour.

Car il faut comprendre que, selon les critères thaïlandais, Pilok est perçu comme un lieu romantique : son atmosphère brumeuse et fraîche pendant la saison des pluies, son cadre naturel de montagnes, forêts et cascades le reste du temps, et plus généralement, la tranquillité qui permet de s’évader du rythme des grandes villes.

Les couples y trouvent de quoi partager des moments simples, entre balades, photos et, point important, de quoi bien manger grâce aux petits restaurants installés dans le village. Avec en plus le réservoir qui apporte un côté photogénique, le lieu se prête facilement aux escapades à deux.

vue iconique de ban i tong depuis bord reservoir
guesthouses le long reservoir ban i tong kanchanaburi
reflets sur reservoir de ban i tong kanchanaburi

Il est vrai que le réservoir, certes petit, était ce qui m’avait attiré l’œil quand j’étais tombé sur des photos de Pilok. Et si je n’y étais pas en couple (séjour avec des amis suisses à qui je passe le bonjour !), ça ne m’a pas empêché d’y passer un bon moment. Ça me permet d’ailleurs de glisser une petite info : en face du réservoir, une rue en pente abrite quelques guesthouses, dont certaines font aussi café et restaurant. J’y avais passé une super soirée au Ko Ko Homestay and Restaurant, petit mais convivial.

Ça me permet de glisser ici quelques photos de Ban I Tong le soir venu, où les lumières et les reflets sur le réservoir change complètement l’atmosphère. À l’heure de manger, ça bouge pas mal et les rues sont animées, mais ça se calme assez vite. On sent bien qu’on est dans un village de montagne : les gens ne traînent pas pour faire la fête, l’ambiance reste conviviale mais paisible, et la nuit tombe sur un rythme tranquille.

Pilok Mine

Le spot marqué comme étant les restes de la mine de Pilok se résume à quelques bicoques en tôle et à des restes d’équipements, de machineries et de véhicules aujourd’hui rouillés, utilisés à l’époque de l’apogée minière de Pilok. Rien de spectaculaire, mais c’est un rappel concret du passé minier de la région, quand Ban I Thong vivait encore au rythme des exploitations. Photo de droite : @23degreesC

Juste à côté se trouve un petit bassin, avec au bout ce qui est indiqué comme étant la “cascade de Pilok” (Namtok Pilok). En réalité, c’est plutôt un filet d’eau qui se déverse dans le bassin donc clairement pas un immanquable.

namtok pilok ban i tong province de kanchanaburi

Namtok Pilok. Crédit photo @23degreesC

Wat Mueang Rae Pilok

On reste en Thaïlande, donc qui dit village dit temple, et Ban I-Tong n’échappe pas à la règle. Pour s’y rendre, il faut monter au bout de la rue principale, passant à côté de l’hélipad, plus largement utilisé en parking.

Le temple n’est évidemment pas ancien, mais il est perché à flanc de colline et décoré de statues un peu kitsch qui font son charme, on sent que ça a été construit avec les moyens du bord. On grimpe un escalier encadré de moines dorés portant leur bol d’aumône, avant d’arriver au chedi principal, entouré de plusieurs petites versions.

Un peu plus haut, visible depuis presque tout le village, on peut voir une statue d’un grand Bouddha assis protégé par un naga à plusieurs têtes. Classique dans l’absolu mais ici ce dernier se différencie par sa couleur rouge, quand le bâtiment principal a été repeint en vert… Des couleurs donnant une atmosphère à la fois décalée et typiquement thaïe.

Le vrai bonus, c’est la vue : depuis l’esplanade du chedi, on a un panorama sur le temple, et les montagnes entourant le village en contrebas. Je m’y étais rendu au lever du jour, avec l’air frais et la lumière douce qui rendait le moment particulièrement agréable.

Point de vue de Noen Sao Thong

Dans la foulée du temple, vous pouvez poursuivre sur la route en continuant la montée pour rejoindre le point de vue de Noen Sao Thong, à environ 600 m plus loin. Situé sur la crête, un promontoire marque la frontière, avec les drapeaux de la Thaïlande et du Myanmar flottant côte à côte. De là, on profite d’un panorama sur les montagnes des deux pays.

Au pied du promontoire, vous aurez un petit poste militaire birman, qui ajoute une note particulière au lieu. Selon l’humeur des soldats postés là, les Thaïs aiment bien se faire prendre en photo avec eux. L’avantage, c’est que ce spot est facilement accessible, à pied, en moto ou en voiture, mais la route et l’espace pour se garer est limité. En revanche, je n’y suis pas allé moi-même, mais de ce que j’en ai vu, la vue reste moins impressionnante que depuis l’autre grand point de vue du secteur : Nern Chang Suek.

Les environs proches de Pilok

Au-delà du village, Pilok est entouré de paysages spectaculaires. Entre crêtes brumeuses, montagnes couvertes de forêts et cascades nichées dans la jungle, la région offre de belles possibilités d’escapades. Plusieurs lieux emblématiques, faciles d’accès depuis Ban I-Tong, permettent de prendre la mesure de ce décor de bout de chaîne montagneuse.

Nern Chang Suek

Avec le parc national de Thong Pha Phum, c’est vraiment l’une des attractions majeures de Pilok. Nern Chang Suek, littéralement « colline des éléphants de guerre » (je n’ai trouvé aucune source sur l’origine de ce nom), est connu des Thaïlandais comme une position militaire importante à la frontière avec la Birmanie, abritant notamment le poste de la Border Patrol Police n°135.

Mais son attrait n’est évidemment pas dans le fait de pouvoir déambuler dans une base militaire en activité (il n’y a guère qu’en Thaïlande que ce genre de chose soit possible, soit dit en passant… Amazing Thailand !). La crête, située à seulement 2,5 km du village, fait face à la vaste région de Tanintharyi au Myanmar, qui s’étend vers le sud sur plus de 500 km. Paraît-il que, par beau temps dégagé, on peut même apercevoir la mer d’Andaman, à une cinquantaine de kilomètres.

vue sur pilok depuis nern chang suek kanchanaburipoint de vue sur birmanie depuis nern chang suek pilokfin apres midi point de vue nern chang suek piloksoleil couchant point de vue nern chang suek pilok

C’est un spot plus populaire au coucher du soleil, car on est orienté plein ouest. Mais tant qu’à faire, j’ai voulu tester les deux options en m’y rendant aussi au lever du jour. La différence est nette : au coucher, il y a généralement plus de monde, certains s’asseyant pour profiter tranquillement du spectacle. Le matin, c’était beaucoup plus calme.

Par contre, même si j’y étais en hiver, je n’ai pas eu droit à la mer de nuages caractéristique de la saison (du moins comme on la connaît dans le nord du pays). Les deux moments se valent, tout dépend des montagnes que vous voulez privilégier en photos : le matin, le soleil se lève côté thaïlandais, ce qui met les montagnes de ce versant en contre-jour ; le soir, la lumière écrase un peu les reliefs côté birman, mais les couleurs la mettront plus en valeur.

Pour comparer, je vous mets deux vues (angle légèrement différent mais ça marche dans l’idée !), la première étant côté Thaïlande, la seconde, côté Birmanie, avec à gauche le matin, et le rendu en fin de journée.

Perso, j’ai préféré les montagnes du côté thaïlandais : les reliefs y forment un paysage plus harmonieux, alors que côté Myanmar, ça paraît plus « plat ». Sinon, en plus de la base militaire, on trouve un petit mémorial à côté du parking. Il est dédié au Major General Tawan Ruangsri, un vétéran de l’armée thaïlandaise décédé dans un tragique accident d’hélicoptère en 2011 (dans une autre région). Il semble aussi que camper autour de la base soit possible.

vue sur base border patrol police 135 nern chang suek pilok

Vue sur le point de vue.

monument au major general tawan ruangsri pilok

Le monument dédié au Major General Tawan Ruangsri.

Pour s’y rendre, trois options :

  1. Avec son véhicule : on peut emprunter la petite route partiellement bétonnée. Attention : elle est mal entretenue et bien dégradée ces dernières années, avec de gros nids-de-poule. Les parties non goudronnées sont plates, mais je ne m’y risquerais pas en saison des pluies. En saison sèche, un SUV reste préférable. Sinon, utilisez le service de transport du village.
    ascension point de vue nern chang suek pilok

    Pendant l’ascension, sur une partie non goudronnée.

  2. En transport local : un service de pick-up fait la montée depuis le parking au bord du réservoir. Comptez 50 bahts aller-retour par personne.
    pickup pour acceder au point de vue pilok

    Pick-up pour accéder au point de vue.

  3. À pied : la rue en pente évoquée plus haut (en face du réservoir) se poursuit en chemin, qui rejoint 600 m plus loin la route montant au point de vue. Il reste alors 1,2 km à grimper jusqu’à la base militaire. Le chemin est assez raviné, donc mieux vaut de bonnes chaussures si vous choisissez cette option.
chemin menant nern chang suek ban i tong province de kanchanaburi

Le chemin menant au point de vue depuis le village de Ban I Tong. Crédit photo @23degreesC

Parc national de Thong Pha Phum

Le centre d’accueil du parc national de Thong Pha Phum se trouve à 8 km en aval du village de Ban I-Tong. Comme souvent dans les parcs thaïlandais, il fait aussi office de terrain de camping, très fréquenté par les Thaïlandais en quête de fraîcheur pendant l’hiver. En dehors de la chute d’eau incluse dans le tarif d’entrée (200 bahts), l’intérêt principal de cette zone est l’accès à une plateforme offrant une vue imprenable sur les montagnes de Pilok, jusqu’au lac Vajiralongkorn en contrebas.

Cascade de Chokkradin

Située à 5 km du centre d’accueil du parc national de Thong Pha Phum, on y accède par une petite route secondaire de 2,5 km qui mène au parking. De là, un chemin bien balisé de 300 m permet de rejoindre facilement la chute, ce qui la rend accessible à tout le monde.

chemin menant a la cascade de chokkradin pilok

La cascade de Chokkradin est une chute d’environ 30 m de haut, sur un seul niveau, qui se déverse dans une petite vallée entourée de forêt. Ce qui la rend particulière, c’est son bassin aux tons indigo mêlés de vert selon la lumière. Avec son fond sablonneux, c’est une véritable petite plage au milieu de la nature, idéale pour la baignade. Mais il ne faut pas être frileux : l’endroit étant souvent à l’ombre, l’eau reste fraîche.

Si « Chokkradin » est la translittération visible sur Google Maps, sur place vous verrez écrit « Jok Kradin ». Le nom, d’origine birmane, est d’ailleurs simplement descriptif : « Jok » signifie rocher et « Kradin », cascade.

En résumé, la cascade de Chokkradin est une pause facile et rafraîchissante mais pour ceux qui veulent aller plus loin, l’attraction majeure du parc national reste sans conteste l’ascension du sommet de Khao Chang Phueak, réservée aux amateurs de randonnée sportive.

Sommet de la montagne Khao Chang Phueak

L’ascension de ce pic de 1 249 m, le plus élevé du parc, est accessible uniquement en saison sèche (de novembre à mars en général). La randonnée suit un sentier d’environ 8 km, demandant entre 4 et 6 heures de marche. La partie finale, une crête surnommée « fil du couteau », est étroite et vertigineuse. Si certains passages sont sécurisés par une corde, l’itinéraire reste plutôt réservé à des randonneurs expérimentés.

sommet de la montagne khao chang phueak pilok

La montagne Khao Chang Phueak.

C’est une excursion qui se prépare à l’avance : seuls 60 visiteurs sont autorisés par jour, avec obligation de réserver au moins 7 jours avant auprès du parc (les informations, en anglais, sont disponibles sur ce site avec le numéro de contact). En plus du prix d’entrée au parc s’ajoutent les frais de guide et de porteur. L’ascension est souvent organisée sur 2 jours / 1 nuit, avec campement prévu soit au sommet, soit à mi-parcours. En somme, pas une balade qu’on se tape à l’improviste et demande un peu de temps, mais c’est le genre de randonnée qui m’intéresserait à faire un jour.

Somsak Mine et la maison de Tata Glenn

Je manquais de temps et je n’étais de toute façon pas équipé pour m’y rendre, mais si vous avez l’esprit aventureux, il y a une autre « visite » possible dans les parages. Je mets « visite » entre guillemets car, à la base, c’est une guesthouse, mais elle était souvent fréquentée par les curieux de passage venus rencontrer son hôte : une Australienne mariée à un Thaïlandais.

Une histoire d’amour atypique commencée dans les années 1960, lorsque Somsak Setaphanthu partit à Cloncurry, une petite ville d’Australie connue pour ses mines de cuivre et d’étain, afin de préparer un master en ingénierie minière. C’est là qu’il rencontra Glennis Germaine White, surnommée affectueusement « Tata Glenn ». Le couple se maria et retourna en Thaïlande pour fonder une famille.

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Maison de tante Glenn à la mine de Somsak. Crédit photo Tripgether.com

Somsak ouvrit sa propre mine, qui prospéra un temps, tandis qu’elle enseignait à Bangkok. Mais avec le déclin de Pilok, la mine ferma en 1986 et Somsak, tombé gravement malade, décéda quelques années plus tard. Plutôt que d’abandonner totalement les lieux, Glenn choisit de perpétuer la mémoire de son mari en aménageant la maison attenante à la mine et en se tournant vers le tourisme.

Son point fort ? Ses gâteaux faits maison, qui variaient selon les jours et les ingrédients disponibles. Y parvenir reste un vrai défi : même si ce n’est qu’à 5 km de Ban I-Tong, la route est particulièrement endommagée et un bon véhicule tout-terrain est indispensable. La maison jouxte un bassin et s’ouvre sur une belle nature. Dans les limites de l’ancienne concession, on peut aussi voir une petite cascade ainsi qu’un chedi perché sur un promontoire, à 300 m de la maison.

Malheureusement, si la maison d’hôtes reste ouverte, il semblerait que Tata Glenn ait fini par rejoindre son mari…

Sur la route de Thong Pha Phum à Pilok

Avant d’attaquer la montée, je peux déjà citer trois arrêts dont deux classiques de Kanchanaburi, situés avant le carrefour entre la route 323 et la 3272 qui bifurque vers Pilok : la cascade de Sai Yok Noi, le musée du Hellfire Pass et, un peu plus loin, les chutes de Pha Tat (น้ำตกผาตาด). Ces dernières dépendent du parc national de Khuean Sri Nakarin Dam, le même qui abrite les chutes de Huay Mae Khamin, une alternative moins connue à Erawan.

Je ne m’attarde pas plus dessus ici car la suite se concentre sur les visites possibles à partir de Thong Pha Phum, en direction de Pilok.

Wat Tha Khanun

Je démarre cette section avec une petite entorse à la règle, car le Wat Tha Khanun ne se trouve pas directement sur la route 3272 menant à Pilok, mais toujours le long de la 323. Comme il est situé à peine à 500 m du carrefour, je ne considère pas tricher en l’incluant ici. D’autant qu’on peut aussi l’atteindre depuis Thong Pha Phum en traversant un pont suspendu qui enjambe la rivière Kwai.

Déjà, impossible de rater le grand Bouddha blanc assis qui domine la route : entouré par deux rangées de bouddhas dorés assis, c’est vraiment comme un panneau publicitaire indiquant la présence d’un temple, incitant à s’arrêter au Wat Tha Khanun.

bouddha blanc assis entree du wat tha khanun kanchanaburi

Bouddha blanc à l’entrée « arrière » du Wat Tha Khanun.

Mais l’intérêt ne réside pas là. Comme souvent me concernant, je ne recommande pas d’aller dans un temple juste pour voir “un temple” : il y en a tellement en Thaïlande qu’il faut un intérêt particulier pour justifier un stop.

Ici, il y en a plusieurs mais personnellement c’est surtout pour son chedi doré perché sur la colline, appelé Chedi Phuttha Chethiya Khiri lui aussi bien visible depuis la route. L’ascension demande un peu d’effort, mais la vue récompense largement la montée, avec un panorama à 360°. En haut, en plus du chedi, on trouve un petit pavillon vitré abritant un Bouddha doré et une plateforme permettant plusieurs points de vue sur la vallée. D’un côté on a vue sur Thong Pha Phum et le tout est entouré par les montagnes environnantes.

En contrebas, l’enceinte principale réunit le viharn et un chedi doré attenant, dans un style classique mais d’un bel effet. L’autre bâtiment important est annoté « Sala 100 Years Luang Pu Sai », un pavillon commémoratif où repose le corps momifié de Luang Pu Sai, un moine vénéré qui a contribué à la renaissance du temple après son abandon.

Infos pratiques :

  • L’accès au Chedi Phuttha Chethiya Khiri se fait par un escalier en métal (environ 10 minutes de montée).
  • Pas de parking au pied : on se gare soit directement le long de la route, soit sur le parking principal du temple, 200 m plus loin.
  • Pas d’horaires stricts pour l’escalier : il est ouvert en permanence car situé sur une voie publique.

acces au chedi du wat tha khanun kanchanaburi

Vajiralongkorn Dam

Peu après Thong Pha Phum, on tombe sur l’impressionnante structure à l’origine de l’un des plus grands lacs de Thaïlande : le barrage de Vajiralongkorn (anciennement Khao Laem Dam). Contrairement à ce qu’on s’imagine d’un grand barrage, ce n’est pas un mur de béton incurvé mais une énorme digue de roches compactées qui barre la vallée. Quand on pense aux millions de mètres cubes retenus derrière, c’est presque déroutant de voir une construction qui semble « simple », comme un immense talus de cailloux.

La route principale traverse le sommet du barrage, permettant d’admirer d’un côté le lac qui s’étend à perte de vue, et de l’autre la vallée en contrebas. On peut y croiser des singes macaques, installés sur les rambardes, toujours à l’affût d’un snack auprès des touristes — ambiance garantie, même si mieux vaut ne rien laisser traîner. Autre particularité du lieu : une seconde route redescend le long de l’énorme digue, une expérience assez unique que de « rouler » sur le barrage, offrant au passage d’autres points de vue sur l’ouvrage.

Au pied du barrage, juste en face de la station électrique de la centrale hydroélectrique, un vaste jardin fleuri change de couleurs au fil des saisons, avec des parterres bien entretenus et une signalétique « Vajiralongkorn Dam » qui attire les visiteurs pour la photo souvenir. Je sais qu’il y a aussi un « skywalk » dans les parages mais dont je doute de son intérêt puisque son emplacement donne juste une vue sur la plaine au pied du barrage.

au pied du barrage vajiralongkorn kanchanaburi

Au pied du barrage.

Les rives du lac et le Phra That Bo Ong Chedi

En reprenant la route 3272 vers Pilok, on franchit un petit col au milieu de formations karstiques avant de longer le lac Vajiralongkorn sur une dizaine de kilomètres. Je recommande de bifurquer à droite dès que vous voyez une petite intersection après le col : on se retrouve rapidement au bord de l’eau, avec une vue magnifique sur le lac, les collines en arrière-plan et les maisons flottantes disséminées sur la rive.

La terre rouge du sol contraste fortement avec le vert de la végétation environnante, offrant un cadre photogénique. Plusieurs guesthouses flottantes y sont installées, donnant aussi la possibilité d’organiser une sortie en bateau.

rive du lac vajiralongkorn route de pilok
vue sur lac vajiralongkorn route de pilok
lac vajiralongkorn route de pilok

Si vous avez du temps et un peu l’esprit débrouillard, il est possible de rejoindre par bateau le village de Bo Ong, rattaché au sous-district de Pilok. Ce hameau karen (l’ethnie majoritaire dans la région) est surtout connu pour son petit chedi, le Phra That Bo Ong, perché au-dessus d’un amas rocheux entouré par un bassin couvert de nénuphars.

J’avais déjà mentionné ce site dans mon article consacré à Sangkhlaburi, puisqu’il fait partie des visites liées au lac Vajiralongkorn. C’est donc logique de l’évoquer aussi ici, son accès se faisant depuis les mêmes rives proches du barrage.

Point de vue sur le lac Vajiralongkorn

Dernier arrêt avant la montée finale vers Pilok (17 km plus loin), un petit parking en bord de route permet de profiter d’un beau panorama. D’ici, on a une vue dégagée sur le lac Vajiralongkorn au loin, avec les montagnes de Pilok en toile de fond.

C’est un point de vue simple mais agréable pour faire une pause photo. Attention toutefois : entre février et avril, la chaleur et la pollution liée aux brûlis rendent souvent la visibilité médiocre, voilant complètement le paysage.

Comment aller à Pilok ?

Depuis Kanchanaburi, il faut d’abord rejoindre Thong Pha Phum (140 km, environ 2h30–3h de route). De là, comptez encore 70 km sur la route 3272 pour atteindre Ban I-Tong, au bout de la route.
La route est sinueuse et pentue sur certains passages, mais elle reste en bon état jusqu’au village. En saison des pluies, il faut simplement conduire avec prudence, sans difficulté particulière.

  • Pas de bus direct : Pilok est trop isolé pour être desservi par un transport public classique.
  • Transport local : l’alternative est un songthaew (pick-up collectif) depuis Thong Pha Phum. D’après les infos disponibles, il y aurait 5 départs par jour entre 10h30 et 14h30, depuis les abords du Thong Pha Phum Fresh Market (cherchez les pick-ups jaunes). Le tarif est d’environ 70 bahts par personne. Attention : le retour ne se fait que le lendemain matin, avec des départs toutes les demi-heures entre 6h30 et 8h30 → il est donc obligatoire de passer une nuit sur place.
  • Véhicule personnel : c’est l’option la plus simple. Un SUV n’est pas indispensable pour rejoindre Ban I-Tong, mais il reste préférable si vous comptez explorer les environs par vous-même, notamment pour accéder au point de vue de Nern Chang Suek ou aux routes plus abîmées.

Où dormir à Pilok

Trouver un hébergement à Pilok n’est pas aussi simple qu’ailleurs en Thaïlande. Comme le village reste surtout une destination pour les Thaïlandais, la plupart des guesthouses se réservent via Facebook ou en appelant directement un numéro trouvé sur Google Maps… Pas vraiment pratique pour les voyageurs étrangers.

Lors de mon séjour, j’ai choisi le Pilok MyHome, qui était alors le seul hôtel disponible sur une plateforme internationale type Agoda. Simple mais convivial, bien placé au cœur du village, il reste une valeur sûre pour éviter les galères de réservation. C’est déjà un bon argument mais en plus de ça, il y avait un balcon avec vue sympa et surtout, non négligeable, son propre parking !

Notez que depuis, un deuxième hôtel (ปิล๊อกพอเพลิน – Pilok Por Ploen) est aussi apparu sur Agoda, ce qui donne désormais deux options “faciles” à réserver.

Comme c’est limité et que ça peut vite se remplir, je vous donne une alternative. Il s’avère que deux autres personnes se sont greffées à ce séjour deux mois après ma réservation initiale. J’ai donc dû chercher d’autres chambres et j’ai fini par trouver et réserver via un site thaïlandais qui propose une interface en anglais : Choowap. Ça m’a permis de réserver au Baan Klang Mok Homestay, une autre adresse locale sans passer par Facebook.

baan klang mok homestay ban i tong pilok

Baan Klang Mok Homestay.

Infos pratiques et conseils

Meilleure saison : Pilok se visite surtout entre novembre et février, pendant la saison fraîche. C’est là que vous aurez le plus de chances de voir la fameuse mer de brume au lever du jour. En saison sèche (mars-avril), il fait plus clair et chaud mais les paysages restent agréables. En saison des pluies (mai-octobre), l’accès peut devenir plus délicat à cause de la route, mais ça reste faisable.

Températures : même si l’altitude moyenne n’est “que” de 800 m, on est bien en montagne → les nuits peuvent être fraîches entre décembre et février (surtout selon les standards thaïlandais, sous les 20 °C). Pensez à emporter un pull ou une petite veste, ce qui n’est pas forcément un réflexe quand on voyage en Thaïlande.

Affluence : Pilok est un spot populaire le week-end et pendant les vacances thaïes. Beaucoup de familles viennent profiter de la fraîcheur et de l’ambiance « romantique » du village. Si vous voulez dormir sur place, mieux vaut réserver votre hébergement en avance : les guesthouses sont peu nombreuses et vite complètes.

Pilok en quelques mots

Si vous voulez visiter la Thaïlande comme un thaïlandais, alors Pilok est une expérience à ne pas manquer. Pas besoin d’y chercher des attractions en série : l’intérêt, c’est justement l’ambiance et l’isolement, ce petit goût d’ailleurs qu’on ne retrouve pas dans les coins plus connus. Pilok, c’est juste une rue, des maisons colorées posées autour d’un réservoir, et ce décor de montagnes qui rappelle qu’on est tout au bout de la Thaïlande. Ce n’est pas un détour pour tout le monde, mais si on aime les coins perdus, la route vaut clairement la peine.

On peut y trouver des points similaires à Sangkhlaburi, autre bourgade frontalière de la province de Kanchanaburi, peut-être plus connue que Pilok. Mais si les deux partagent un cadre géographique similaire, l’expérience est très différente : Sangkhlaburi séduit par son pont Môn, son lac et son mélange culturel (voir mon article dédié ici), quand Pilok charme par son isolement et son côté village de montagne. Deux destinations, deux ambiances totalement distinctes.

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Lorsque je découvrais la Thailande en 2006, je ne m'attendais certainement pas à y poser mes valises 2 ans plus tard ! Depuis, je suis basé à Bangkok et je voyage régulièrement à travers tout le pays (surtout au nord !). Je partage mes récits, photos, conseils pour aider à planifier votre séjour en Thailande et sur les pays d'Asie. Ce blog s'adresse à tous ceux qui veulent découvrir le pays du sourire, qui cherchent un peu d'aventure et ceux qui rêvent d'Asie.

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