En général, qui dit séjour à Siem Reap, dit temples d’Angkor, mais cette région permet aussi de visiter les fameux villages flottants du lac Tonlé Sap, un lac atypique qui se remplit lorsque le niveau du Mékong est suffisamment haut et se vide le reste du temps, faute d’alimentation en eau.
Lorsque je suis donc revenu à Angkor, c’est tout naturellement que je voulais revenir au lac de Tonlé Sap. Mais si vous vous renseignez sur cette destination, vous verrez normalement que le village « par défaut » Chong Kneas, est celui situé directement au sud de la ville à environ 12 km, mais il n’y a qu’à lire les avis sur Tripadvisor pour comprendre que c’est à éviter !
Chong Kneas, une « arnaque » bien rodée
Autant la toute première fois qu’on s’était rendu à Chong Kneas (il y a bientôt 20 ans !), cela avait un certain charme. Même s’ils pratiquaient déjà pour l’époque un prix élevé (20$ par personne), au moins les lieux gardait une certaine authenticité, ne serait-ce que par sa petite route traversant le village, alors plein de vie et de gens accueillant malgré une forme de misère apparente.
La balade en bateau était déjà bien rodé, façon tourisme de masse. On avait droit à quelques vendeurs ambulants cherchant à vous vendre des bananes, des enfants réclamant des sous, la « ferme aux crocodiles » était déjà là, mais autrement, il n’y avait pas grand chose à s’en plaindre.
Le village flottant lui-même est fait de bric et de broc, la plupart des habitants étant des immigrés clandestins Vietnamiens.




Ça c’était avant… (2007)
Aujourd’hui, c’est devenu complètement « business oriented« . Une arnaque courante étant de s’arrêter dans une boutique vendant des sacs de riz, tarif entre 60$ et 100$ selon le bon pigeon samaritain, sac étant censé être donné à un orphelinat que vous pouvez visiter (au risque de vous faire alléger de quelques dollars de plus).
Sans même être au courant de tout ça, rien qu’à voir cette large route et surtout ce grand parking en construction, et enfin le nouveau bâtiment servant de quai d’embarquement vers le village flottant en arrivant, ça m’a fait un choc. Je ne reconnaissais plus rien…
Il s’avère que ce trip se faisait avec ma soeur et des amies à elle, et j’étais venu là parce que je connaissais, c’est le TRUC par défaut à voir au Tonlé Sap et j’en gardais un bon souvenir de cette excursion effectuée avec Jitima quelques années plus tôt.


Je descendais du tuk tuk sans grande conviction et avant même de se voir demander de payer, j’ai finalement renoncé et fait demi-tour aussi vite que possible.
Au point que j’en oubliais de faire ce que j’aurais adoré, revenir dans la même maison où l’on s’était arrêté 7 ans plus tôt, photographier et rester un peu avec cette famille et ses (nombreux) enfants. Malheureusement, outre que sur le moment, je n’étais plus très sûr de là où ça se trouvait, je ne voulais qu’une chose, FUIR !
Pour « l’anecdote », le constat est tel que même une agence locale préfère ne pas y aller (voir l’article ici). J’ai aussi su que ce « commerce » est géré par un homme d’affaire Coréen, c’est lui qui a fait faire les travaux dans la zone pour « moderniser » et faciliter plus de transit vers le village. En somme, c’est juste devenu une machine à fric géré par un privé même pas Cambodgien…
Kampong Phluk, une option envisageable
Heureusement, je m’étais renseigné un minimum (sauf en fait sur Chong Kneas et j’aurais dû, ça nous aurait fait gagner du temps…), donc je savais qu’il y avait d’autres villages dans les parages dont le suivant plus proche, exit donc Chong Kneas, welcome Kampong Phluk (aussi orthographié Kompong Phluk) !
Situé à quelques 35km de Chong Kneas (et 30km du centre de Siem Reap), le village est plus éloigné donc pour l’instant encore préservé du tourisme de masse, et cela se voit. En arrivant à proximité du village nous passons dans un village bordé d’arbres, sa petite route de terre, tout ça s’annonce très bien !
Seul bémol, on en vient à la question « mais pour combien de temps ?« , déjà vu le nombre de bateaux à quai, on sent qu’il peut quand même y avoir du monde. Heureusement, lors de notre venue, il n’y avait vraiment pas foule. On pouvait voir quelques tuk tuk alignés mais c’était calme.
Le long du chemin menant à la rive du lac, un mini marché avec quelques vendeurs ambulants servent surtout les locaux travaillant et circulant dans le coin. Arrivé à hauteur des « quais », je retrouve l’allure que c’était avant à Chong Kneas, à savoir juste le chemin de terre qui se jette dans le lac, sachant que selon la saison et donc le niveau du lac, il faut aller plus ou moins loin pour se rendre aux bateaux.


Cette année-là, il n’a pas beaucoup plu dans la région (quand le reste du pays a subi de graves inondations…) donc il fallait aller un plus loin qu’à l’ordinaire (et en saison sèche, c’est encore plus loin).
Là, nous prenions un des bateaux accosté après avoir demandé le tarif, 25$ par personne, alors qu’un jeune d’à peine 14 ans s’approchait, il s’avère que ce sera notre pilote !
Le bateau était trop lourd, j’ai dû l’aider à pousser pour partir. Après environ un bon 1/4 d’heure, nous arrivons vers le village à proprement parler, une communauté de pêcheurs, qui sont Cambodgiens eux.


Kampong Phluk, un village sur pilotis
Kampong Phluk n’est pas à proprement parler un village flottant mais il est composé d’habitations sur pilotis pour faire face aux variations de niveau du lac. Sachant que celles-ci sont perchés sur une hauteur de 7 mètres (plus impressionnant à voir donc en saison sèche), ça laisse un peu de marge.
Le village est en fait assez petit, mais malgré tout, il possède toutes les structures de bases, école, temple et même un restaurant flottant.




Ici, point de ferme aux crocodiles, d’arnaques, on trace direct plus loin jusqu’à rejoindre la partie centrale du lac, passant juste avant la forêt immergée, l’attraction locale dont il est possible d’y accéder en barque avec un habitant moyennant 5$… Vu la chaleur écrasante ce jour là (et malgré l’ombre que prodiguerait cette forêt) combiné au coût déjà élevé de la balade, on passait notre chemin.


Sur la partie « profonde » du lac, c’est juste de l’eau à perte de vue, il faut voir qu’on est là sur la partie du plus large, l’autre rive étant alors à plus de 30 km. Malgré ça, il faut savoir que le lac s’asèche d’année en année car les barrages construits le long du Mékong en Chine et au Laos ont complètement dérégulé les débits saisonnier du fleuve, empêchant alors le reflux nécessaire au remplissage du lac.
Car c’est à la base un écosystème unique mais fragile. De part la topographie des lieux, en temps normal à la saison des pluies, le débit important du Mékong « inverse » le cours du fleuve, refoulant l’eau vers le Tonlé Sap via la rivière Tonlé Sap, dont l’embranchement avec le Mékong se fait au niveau de la capitale, Phnom Penh.

C’est peu de temps après cette excursion sur la partie profonde du lac qu’on nous demandait si on voulait s’arrêter manger. Il se trouve que c’était l’heure. Les tarifs étaient corrects, mais pour être franc, c’était pas terrible (après on a pas été malade).
Petite particularité, ils avaient des lapins et des crocodiles… On pensait que c’était soit pour concocter d’éventuels plats locaux, soit que le lapin sert de repas au second… Mais a priori non, les deux sont justes des animaux de compagnie !


Après cet arrêt impromptu, on repartait dans l’autre sens, repassant dans la partie principale du village. On croise quelques habitants se déplaçant en barque, la voiture locale, ainsi que des enfants sautant joyeusement dans l’eau pour se rafraîchir en cette chaude journée de mois d’août.
La balade au total ne dure pas plus d’une heure, juste ce qu’il faut pour avoir un aperçu de la vie paisible locale. J’en retiens une expérience plutôt positive car, comme je l’évoquais au début, y’avait franchement pas grand monde dans les parages ce jour-là. On croisait quelques autres bateaux en balades mais rien de comparable au balais incessant d’aller-retour d’embarcations aux abords de Chong Kneas.







De retour sur le terre ferme, notre chauffeur s’empressera d’aller acheter un serpent grillé pour son diner… Qu’il s’empressa de nous inviter à y goûter ! Il s’avère que c’est un mélange entre un goût de viande de poulet et un arrière goût de poisson… c’est spécial mais pas mauvais en soit.
Quelles autres options possibles ?
À la base, il y a pleins de villages réparties autour du lac. Les deux cités jusqu’à présent étant proche de Siem Reap, donc facile à combiner avec les temples d’Angkor. Mais dans m’absolu, il existe pleins d’autres options.
Si on reste à distance raisonnable de Siem Reap, le village suivant après Kampong Phluk est Kampong Khleang, situé à environ 36 km de Kampong Phluk mais en réalité à « seulement » 47 km de Siem Reap depuis la route principale. C’est à priori le meilleur village à visiter dans les environs car vraiment très peu de touristes et c’est surtout bien plus grand ! Il y a là 1 800 familles composant un village de 6 000 habitants !

De plus, c’est une sorte de 2 en 1, car il combine une partie village avec maisons sur pilotis et une autre partie réellement flottante, dont ces habitants se déplacent en fonction des saisons et du niveau du lac.
Les autres options étant plus longues puisqu’il faut se rendre de l’autre côté du lac. Sur la partie sud, vous trouverez par exemple le village de Kampong Luong, près de la petite ville de Pursat. Si vous voulez avoir un avis et des photos, allez faire un tour sur ce blog, l’auteure y a dormi sur le lac avec une famille.
Enfin à proximité de Phnom Penh, il y a Kampong Chhnang (qui signifie « port de poterie » en khmer), une véritable ville flottante, qui est surtout un point de chute vers les plus petits villages de pêcheurs environnant.
En résumé : quels villages du Tonlé Sap privilégier ?
Donc en résumé, selon où vous vous trouvez, les principaux villages du Tonlé Sap sont :
- Autour de Siem Reap (accès facile après les temples)
- Kampong Phluk : le village sur pilotis le plus proche de Siem Reap,
avec une petite zone flottante. Facile à combiner avec la visite des temples d’Angkor. - Kampong Khleang : beaucoup plus vaste et bien moins touristique,
avec environ 6 000 habitants. Il combine maisons sur pilotis et véritable partie
flottante dont les habitants se déplacent selon les saisons et le niveau du lac.
- Kampong Phluk : le village sur pilotis le plus proche de Siem Reap,
- Côté sud du lac (trajet plus long, immersion plus forte)
- Kampong Luong (près de Pursat) : village flottant isolé, où la vie
se déroule entièrement sur l’eau. Possibilité de dormir chez l’habitant pour une
expérience plus immersive.
- Kampong Luong (près de Pursat) : village flottant isolé, où la vie
- Proche de Phnom Penh
- Kampong Chhnang : grande communauté fluviale, connue comme un
« port de poterie ». C’est un bon point de chute pour explorer les plus
petits villages de pêcheurs des environs.
- Kampong Chhnang : grande communauté fluviale, connue comme un




8 Commentaires
On est donc d’accord sur Chong Kneas et l’horrible virage pris depuis quelques années. Ces villages restent de vraies énigmes en terme de gestion, entre vietnamiens, cambodgiens et coréens, c’est un sacré bordel pas dutout transparent. D’ailleurs Kompong Phluk est actuellement en grève contre la société coréenne qui gère le village … (qui soit dit au passant est censé te faire payer 20USD et pas 25, peut-être a tu eu la « chance » de bénéficier d’un tarif spécial base saison, baisse de fréquentation ?) Le petit conducteur du bateau a vraiment une bonne bouille 😉
En fait comme c’était déjà 20$ à l’époque pour Chong Kneas, je me disais qu’une augmentation de 5$ me paraissait pas aberrante même si j’ai eu de gros doute… Je pense que le village le plus éloigné côté nord de Tonlé Sap reste la meilleur option, faudrait que je teste un jour…
En résumé, on peut esquiver le Tonle Sap ? Car tout les avis que je lis disent la même chose, arnaques, attrape touriste…
Ce n’est pas ce que je dis ! Il reste des endroits authentiques ! Il faut juste aller de l’autre côté du lac près de la ville de Pursat (je l’évoque en fin d’article)
Bonjour,
Nous avons été à Kompong Luong à environ 2h30 de trajet de Battambang et avons adoré. Nous étions seules dans notre bateau et avons pu nous balader pendant 2h dans ce gros village flottant. Par contre, l’horreur au « port » d’arrivée qui était intégralement jonché de détritus …
Mais la visite en elle-même était très sympa et faisable dans la journée depuis Battambang !
Bonjour Gwendoline,
Il existe d’autres ports d’entrées en effet pour visiter le lac, Battambang en est un exemple, l’autre étant par exemple Kampong Chhnang, proche de Phnom Penh.
Ils n’ont pas de limites, ils demandent maintenant 50$ us pour se rendre à l’embarcadère des chaloupes et 30$ us de plus pour nous amener dans le village en prétextant que ce sont les gens du village qui rament. Je viens d’expérimenter cette arnaque le 16 décembre 2019.
Bonjour,
Merci pour ce retour d’expérience tout frais, qui malheureusement ne me surprends guère… C’est pourquoi il vaut mieux se rabattre sur les alternatives, plus éloignés mais nettement plus abordables et/ou authentique.