Après une nuit en train depuis la gare de Gaya, nous poursuivions ce petit périple indien, direction la ville sacrée de Varanasi, sur les bords du mythique fleuve : le Gange.
Le soleil se levait tout juste lorsque nous arrivions à la gare Varanasi. Les tuk tuk sont déjà bien là, prêt à servir et nous emmener vers notre hôtel, une fois le tarif négocié, nous embarquions. Bénarès nous voilà !
Le Gange, fleuve sacré… et ultra pollué
La ville est considérée comme la plus sacrée parmi les 9 que compte l’Inde pour la religion Hindouiste. Situé sur la rive gauche du Gange, c’est cette rivière qui donne sa sacralité au lieu. En effet pour les Hindous, le Gange possède des vertus comme pouvant laver de ses pêchers en s’immergeant et aider à s’élever, spirituellement parlant.
C’est aussi un purifiant pour le corps et permet de libérer l’âme des défunts, ce qui fait qu’un grand nombre de pèlerins viennent mourir à Varanasi pour s’y faire incinérer selon le rituel Hindou, leurs cendres étant ensuite dispersés dans le fleuve.
Mais le Gange est aussi connu comme le fleuve le plus pollué du monde… Outre toutes les eaux usées et déchets divers, on estime à près de 500 cadavres humains jetés chaque jour dans ces eaux et plus de 10 000 carcasses d’animaux ! Les cadavres sont jetés faute de moyen financier, une incinération coûtant assez cher (faut voir la quantité de bois nécessaire…), les plus pauvres se contentent de mettre les corps directement dans le fleuve…
Sachant cela, c’est une vision complètement hallucinante que de voir tous ces gens prendre leur bain chaque jour en toute quiétude… À titre de comparaison, une eau propre pour un bain ne doit pas contenir plus de 500 faecal coliforms (Une bactérie provenant … Ben comme le nom le suggère, des matières fécales) par 100 ml.
Autant vous dire que le Gange explose ce chiffre avec une variation comprise en 60 000 et 1,5 million, avec parfois même des pics de concentration à 100 millions par 100 ml !
Avec ces plus de 3 millions d’habitants, Varanasi, qui est aussi l’une des villes les plus anciennement habitées du monde (on estime sa fondation au VIIe siècle avant JC et c’est en tout cas la plus vieille en Inde !), possèdent plus de 100 Ghats (ces fameux escaliers permettant d’accéder au fleuve) parmi lesquels l’Assi Ghat, à l’extrême sud de la ville, c’est ici que nous séjournerons.
Les vaches et les chèvres qui traînent dans les rues avec les chiens se partagent les déchets comme gueuleton.
Notre hôtel était le Rahul Guest House, situé à moins de 10 min à pied du Assi Ghat, dans une petite rue au calme près du Gange. La vue sur le balcon est superbe, on prendra le temps de l’admirer en arrivant depuis la gare, avant d’aller voir de plus près le Ghat lui-même, que nous apercevons aussi depuis la terrasse.
Varanasi, le choc
La première impression en se promenant dans les rues de Varanasi, c’est que c’est très sale. Les vaches et les chèvres qui traînent dans les rues avec les chiens se partagent les déchets comme gueuleton. On a beau s’y attendre, ça fait quand même un choc.
Cachez cette misère que je ne saurais voir
Ici, cet adage n’est point de mise et au contraire, la misère, elle est bien là. Dis comme ça, on peut se demander ce qu’un touriste vient faire là. Et pourtant, c’est dans cette ville que l’on en croisera le plus. Certains sont clairement là dans un but de s’ouvrir des perspectives spirituelles, d’autres, comme nous, cherchent simplement à s’imprégner d’une atmosphère, aussi étrange et unique, presque dérangeante soit-elle.
C’était délicieux ! Nous prendrons pour le coup tous nos repas à cet endroit
Sur le chemin menant au ghat, on se faisait aborder pour des photos, c’est fou comme les Indiens en sont friands !
Arrivé au ghat, c’est déjà l’heure du déjeuné, peu de personnes prennent le bain à cette heure là (la plupart le prenant classiquement le matin ou le soir)
Nous suivions les conseils de notre guide papier et allons au restaurant Pizzeria Vaatika Cafe. Alors oui, c’est bien une pizzeria (entre autres) et très franchement, c’était délicieux ! Nous prendrons pour le coup tous nos repas à cet endroit même lors de nos 2 jours à Varanasi.
Après déjeuné, nous nous approchions un peu des berges du Gange pour observer l’interaction des habitants avec le fameux fleuve sacré.
C’est alors que l’on voit un groupe d’Indiennes avec un prêtre hindou (un brahmane), toutes de couleurs vêtues en plein cérémonial. Un mariage.
Mariage à Varanasi sur les berges du Gange
Se trouve alors que nous voyant prendre des photos, ils nous proposèrent d’embarquer avec eux sur leur barque, alors qu’ils s’apprêtent à traverser jusque sur le banc de sable au milieu du fleuve, visible du fait de son bas niveau.
C’est un moment privilégié. Au moment où ils descendent sur le banc de sable, on nous invite aussi à les rejoindre, mais comme pour cela, il nous faut mettre les pieds dans l’eau… Même si on est éloigné de la berge côté ville, que je pense plus sale, on s’abstiendra de peur de se ramasser une cochonnerie…(dixit ce que je disais plus haut, quelques millions de bactéries traînent là pour rappel !).
Rendez-vous pour une balade et du shopping
Évidemment ça aurait été tip top si à la fin, on ne nous avait pas demandé des sous (quant à l’origine, ils avaient l’air de nous inviter par simple plaisir de partager un moment…) Pas rancunier, on leur donnera notre accord pour utiliser leur barque le lendemain matin (l’oncle du marié proposant des balades) alors que nous leur donnions que 200 Rs pour cette excursion improvisée.
Après cela, nous pensions rentrer à l’hôtel nous reposer un peu, mais en passant devant une boutique souvenir, les articles exposés devant attire l’œil (expert !) de Jitima. Il se trouve qu’on pensait de toute façon acheter des souvenirs.
Là pour le coup, Jitima a visité la boutique de fond en comble (qui est divisée en plusieurs salles avec littéralement une collection d’objets impressionnante où tout est en vente). On y restera 1h, le temps qu’on choisisse les différents achats (enfin surtout madame), Jitima flashant un peu sur tout, au final, on ressortira avec 2800 Rs d’achats « seulement ».
Dans les rues de Varanasi, un spectacle à chaque instant
Nous commençons déjà à bien connaitre la rue Nagwa, rue principale menant vers notre hôtel (avant de bifurquer après le pont enjambant le ruisseau Assi vers une rue sans nom, où l’on fera une rencontre).
Mais à chaque passage l’ambiance y est différente. Pour ça, l’Inde est un véritable spectacle vivant à tous moment, la vache passant par là, tantôt, ne sera plus dans le décor plus tard, les gens dans la rue changent, même si presque tous posent le même regard curieux sur nous.
Ajouté à cela un délicieux mélange de couleurs et d’odeurs (pas toujours agréable…), des sons de partout, l’Inde fait appel à vos 5 sens.
Mais aussi fatiguant que cela puisse être par moment, on en redemande.
Sur le chemin de notre hôtel, près du ruisseau qui donne son nom au Ghat d’où nous venions, se tassent tout un alignement de maisons faites de bric et de broc. Là des gamines nous invitent dans leur bicoque.
Dans cette famille, il y a ce gamin qui sait parlé un anglais correct, appris à l’école dit il. Et là on se ramasse le fatalisme à la Bodhgaya dans la tronche, la famille demandant de l’argent, certes sans insistance mais tout de même, il y a comme un gêne alors on décide de sortir après quelques photos.
C’est à ce moment là qu’on discute un peu avec le garçon. On lui dit que s’il veut s’en sortir il devrait chercher à trouver un job, surtout avec son anglais on l’incite à faire le tour des guest houses où on pense qu’il pourrait avoir son utilité voire s’improviser guide etc…
Mendier, un métier ?
Mais non, c’est là qu’on a pu constater le fatalisme, pour lui être pauvre doit se résumer à « mendier », on se sent vraiment impuissant et presque en colère intérieurement face à ce constat et ce garçon potentiellement plein d’avenir qui ne veut manifestement rien faire d’autre pour prendre en main son destin. Chaque proposition qu’on lui suggère il nous répond non, non et non, comme la poupée…
Pourtant il a l’air intelligent, encore une fois son anglais est correct mais dit-il, il doit « aider sa famille », cela se comprend évidemment et on a beau lui expliquer justement que si d’abord il pensait à lui et changeait sa situation, s’intéressait à SON avenir, il pourrait alors être à même d’aider sa famille ensuite.
Il restera buté dans sa vision trop « immédiate » sans penser au long terme, manifestement la famille lui a trop mis dans le crane quel doit être son « rôle »… dommage, on se sent assez désolé pour sa situation mais finissons par rentrer à l’hôtel, un peu blasé.
Après une bonne sieste on retournera vers notre restaurant (déjà) favori histoire de voir au passage l’ambiance du soir au Ghat, on se couchera ensuite assez tôt car demain, notre balade en bateau démarre à 7h pétante.
Laurent
Ah Varanasi, un lieu assez incroyable. C’est assez drôle de voir certains Occidentaux qui deviennent ici très mystiques. Je n’en suis pas arrivé là, mais je dois bien avouer que la ferveur religieuse présente ici ne m’a pas laissé indifférent, alors que je ne suis pas croyant. Il se passe un truc ici.
jeffdepangkhan
Incroyable et inoubliable Bénarès…Depuis vingt ans, à chaque passage en Inde, Varanasi m’attire et même si je décide que « cette fois-ci, je n’irai pas » eh bien du fin fond du sud de l’ouest de ce grand pays-continent, j’y retourne ! Magnifique ! Sur Das ashas Medha Ghats, le petit marché aux légumes, sur la gauche en se rendant vers le Gange…Un lieu incontournable ! Le propriétaire du dernier Tea stall, fut le « héros » du « Passeur », un personnage exceptionnel !
Bonne continuation et continuez de partager ce beau voyage !
jeff
Romain
Merci pour le tuyau ! Si jamais je repasse par Varanasi (dont j’ai finalement pas vu grand chose je trouve) je tacherai de m’aventurer dans ces petites rues, à la recherche du marché au légume !
Romain
Je suis pas sûr que les Occidentaux ici « deviennent » mystiques mais le sont déjà quelque part avant et c’est justement pour ça que la ville les attirent… L’ambiance ici va au delà de ses propres convictions, je ne suis pas religieux non plus mais comme tu dis, ça laisse certainement pas indifférent, tout comme l’Inde en général d’ailleurs.