Village folklorique d’Hahoe : balade à l’ère Joséon
Hahoe est un village traditionnel qui, bien qu’il fasse partie du patrimoine mondial de l’Unesco, reste plutôt préservé du tourisme de masse.
Hahoe est fondé vers les XIVe ou XVe siècle, soit au début de la période Joseon et dont le village a conservé l’architecture, en faisant une destination unique pour vous plonger dans le charme d’antan de la Corée du Sud.
Hahoe, que l’on peut prononcer « Ha Hway », permet ainsi en se baladant dans ses ruelles de se sentir à l’ère Joséon et s’avère un véritable musée à ciel ouvert.
Se rendre à Hahoe
Quand on se renseignait pour se rendre à Hahoe, on cherchait quel était le plus pratique et on a vite vu que la ville la plus proche était Andong, situé à 24 km à l’Est du village.
C’est donc par cette dernière qu’on transitait, comme je l’expliquais justement dans mon article sur Andong. De par la suite du programme, il nous fallait partir tôt pour avoir le temps de visiter et prendre un bus en repassant par Andong pour rejoindre notre prochaine étape, Gyeongju.
On se levait très tôt ce jour et arrivait à la station de bus d’Andong peu après 5h du matin, histoire de choper le premier bus. Il fait déjà jour à cet heure matinale, ce qui fait assez bizarre. En se renseignant sur les bus, on tombe sur un panneau d’affichage à l’extérieur où l’on voit que le premier bus part à 6h20. C’est parfait puisque ça nous laisse le temps de grignoter un petit-dej sur place, puisqu’il y a de quoi se restaurer.
Autre bon point, on pouvait acheter au passage nos billets de bus pour Gyeongju. On choisissait la sécurité en termes d’horaire en partant à 16h50 d’Andong, ce qui devait nous laisser le temps de visiter Hahoe dans la matinée et revenir sur Andong sans trop de pression dans l’aprem.
Sachant qu’on restait qu’une nuit à Andong, on avait donc dû procéder au check out ce matin-là. On ne voulait évidemment pas se trimballer nos bagages toute la journée, mais bonne nouvelle, il y a des consignes à bagages dans la station de bus (3 000 wons, environ 3 € pour une grande consigne).
Malgré la petite distance, il fallait tout de même compter près d’une heure de route pour effectuer le trajet depuis la station de bus jusqu’au parking, lui-même situé à 1km de l’entrée du village. Ce dernier kilomètre peut être fait via une navette faisant le trajet gratuitement toutes les 10-15 minutes jusqu’à l’entrée proprement dite du village.
Petite histoire du village d’Hahoe
Le village est établi vers le XVe siècle par le clan Ryu, provenant de la localité voisine de Pungsan, à mi-chemin entre Andong et Hahoe. On est alors vers les débuts de la dynastie Joseon et bien de taille modeste, le village verra les naissances de quelques grands noms du confucianisme.
Le village est établi selon les principes du feng shui et de ce fait, arbore, vu de haut, une forme globale en fleur de lotus. Hahoe tire par ailleurs son nom de sa position, alors que ce dernier est situé sur un méandre du fleuve Nakdong. « Ha » signifiant rivière ou eau dans le sens général et « Hoe » pouvant se traduire par cercle ou autour, mis ensemble, on peut le traduire grossièrement par « village entouré d’eau ».
Étendu sur une superficie de 500 hectares, on y recense aujourd’hui un peu plus de 200 habitants répartis en deux zones, Namchon (village du sud) et Bukchon (village du nord). A l’origine, Namchon hébergeait la branche principale du clan Ryu, qu’on appelait les « Gyeomampa », tandis que Bukchon, au sud, abritait la branche secondaire, les « Seoaepa » les descendants de Ryu Seong-ryong, un important Premier Ministre durant le règne du roi Seonjo.
Hahoe est donc un village clanique, car si aujourd’hui les familles sont mélangées dans les deux parties du village, il reste exclusivement habité par des membres actuels du clan Ryu.
Le village a su conserver bon nombre de ses structures d’origine, telles que l’école confucéenne du village et plusieurs bâtiments ayant acquis le statut de « trésor national ». Hahoe est aussi connu pour le maintien de sa culture et notamment sa danse du masque traditionnel («Byeonlsin-gut»), à l’origine un rite chamaniste honorant la communauté des esprits du village.
Dans une histoire plus récente, le village fut l’objet d’une visite royale en la personne de la reine d’Angleterre, Elizabeth II, qui fêta son anniversaire en Corée du Sud en 1999. La consécration étant l’inscription du site au patrimoine mondial de l’Unesco en 2010.
Les points d’intérêts du village
L’emplacement géographique d’Hahoe en fait déjà un cadre agréable à visiter, car en plus de la rivière qui fait une boucle autour, il est encadré par deux collines. La falaise de Buyongdae au nord, d’où l’on peut avoir un joli point de vue et le mont Namsan au sud.
On est d’ailleurs vite mis dans une ambiance nature en arrivant au village, car accueilli par cette belle allée d’arbres offrant une ombre bienvenue par cette belle journée ensoleillée. Une belle entrée en matière, parfait pour se mettre en jambe et commencer la visite.
Pour suivre un peu ce dont je vais parler dans la suite de cet article et vous repérer au préalable, je vous ai déniché cette carte représentant les principales résidences qui se visitent ainsi que d’autres points que je mentionne, comme la falaise de falaise de Buyongdae ou le vieil arbre multicentenaire (Samsin Tree).
La falaise de Buyongdae
Histoire de visualiser ce qui nous attendait en termes de visite, c’est par la colline de Buyingdae (n°18 sur la carte) qu’on voulait commencer notre exploration. En effet, en grimpant cette falaise de 64 m via un chemin traversant une forêt de pins, on y trouve un point de vue dominant tout Hahoe.
Pour s’y rendre, il fallait commencer par traverser la rivière Nakdong. Selon la saison, vous aurez pour se faire un bac, mais pour nous qui visitions en mai, le niveau de l’eau était suffisamment bas et calme pour permettre la construction d’un pont temporaire en bois, dont le dessus est recouvert de branches de pins puis de sable, atypique.
Se faisant, on avait qu’à suivre le chemin de pierre grimpant de l’autre côté. Ce dernier est un peu escarpé au départ et nous fait passer devant l’une des habitations extérieures à la zone principale du village, mais faisant partie d’Hahoe quand même, le pavillon d’Okyeon (n°16 de la carte). Cette demeure sert aujourd’hui de chambre d’hôte (dans les 200 € la nuit donc pas donnée).
Un peu plus loin, on croise un ensemble de bâtiments composant une ancienne académie confucéenne datant de 1786, appelé Hwacheon Seowon (n°17 de la carte), aujourd’hui devenue un café et proposant également des chambres.
Non loin, on pénétrait la forêt de pins et après 250 m de petite montée, on arrivait au bord de la falaise. Pour l’anecdote, en montant, on croisait un couple de Coréen et, nous entendant échanger par hasard quelques mots en français comme il nous arrive de faire, la dame commença à me parler…. en français !
Curieuse, elle nous demanda un peu notre parcours (en Corée mais aussi par rapport à la Thaïlande), l’occasion pour moi de parler un peu en français, dans un moment où j’étais loin de me douter que ça puisse arriver. Une rencontre aussi inattendue qu’éphémère qui rappelle comment la vie peut être pleine de surprises.
Une fois le rebord de la falaise atteint, la vue est effectivement sympa. En premier plan, on a la rivière qu’il nous faudra retraverser, et en toile de fond, le mont Namsan. Au milieu trône Hahoe, avec son mélange de toits en chaume et ceux arborant des tuiles traditionnelles.
Goddess Samsin Tree
Revenus sur la rive du village, bordée à cette saison par un large banc de sable, donnant des airs de bord de mer au lieu, on débutait enfin l’exploration du coeur du village. On passait devant une maison qui vendait des porcelaines et autres babioles dont Jitima ne résistait pas à jeter un oeil. Notre prochain objectif était d’aller voir le vénérable arbre, appelé « Goddess Samsin Tree », ou l’arbre aux trois déesses.
On longeait dans un premier temps une petite forêt de pins, qui jouxte la rivière pratiquement en face de la colline de Buyongdae d’où nous revenions tout juste. Nommée Mansongjeong, cette petite forêt fait office de brise-vent, en atteste d’ailleurs les troncs tout tarabiscotés qui démontrent que ces pins ont du mal à pousser droit.
En s’enfonçant dans l’enceinte du village, on croise nos premières « hanok » (maisons traditionnelles coréennes construites à partir du 14e siècle). Ces dernières sont reconnaissables par leur toit incurvé, leurs piliers en bois et leurs fenêtres entourées de murs blancs.
On passait ensuite devant un bel arbre entouré de barrières, dont une stèle indiquait des infos qui nous avançaient pas plus sur l’âge et sa particularité car pas traduit en anglais… Toutefois, on savait que ce n’était pas le « Godess Samsin Tree » qu’on savait à quelques mètres de là (n°7 sur la carte).
Et en effet, peu après on arrivait dans une espèce de cour au milieu de laquelle trônait le vénérable arbre. Ce dernier affiche quelque 650 ans au compteur et, bien qu’il ne soit pas particulièrement grand de par son espèce, un zelkova (qui s’apparente aux ormes), on sent bien qu’il est vénéré.
Des milliers de bandelettes blanches sont attachés tout autour du cordage l’entourant, chacune arborant des inscriptions, probablement des noms.
L’arbre étant d’après les locaux, habité non pas par une, mais par trois déesses (d’où le nom) Samsin Halmoni, une triple divinité vue comme une protectrice des jeunes enfants, le terme « Halmoni » pouvant se traduire par « grand-mère ». Samsin veillerait donc, tel un grand-parent bienveillant, sur les enfants jusqu’à l’âge de 7 ans. Beaucoup de femmes s’apprêtant à devenir mère ou jeune maman viennent donc ici se recueillir dans l’espoir d’obtenir sa bénédiction.
Quelques maisons (hanok) à visiter
Pour rappel, c’est un vrai village, donc habité par des gens. Il prévaut donc de respecter l’intimité de leurs habitants, dont on ne peut pour la plupart des maisons, qu’apercevoir leurs jolis jardins. Toutefois, il y a quelques maisons accessibles librement.
On commençait par la maison Yangjindang (n°8 sur la carte), ayant appartenu à Ryu Un-ryong (1539-1601) et construite vers les années 1560. Elle a donc au moins 560 ans d’histoire derrière elle et n’a pratiquement pas changé dans sa forme extérieure, en faisant un très bon exemple architectural des maisons de l’ère Joséon.
En revanche, on ne pouvait qu’accéder à la cour extérieure, limitant l’expérience. J’ai de plus pas trouvé d’infos sur place, et très peu sur internet car le seul site la répertoriant et dans un anglais approximatif est celui-ci.
Pour entrevoir l’intérieur d’une maison, il faut vous rendre à la maison Chunghyodang (n°9), située juste en face de la Yangjindang House. Là encore, peu d’infos sont visibles sur place, ce qui est un peu dommage. En zieutant le même site que l’autre maison, répertoriant les sites culturels important en Corée du Sud (ici pour le Chunghyodang House), j’apprends que cette demeure date de la même époque (milieu du XVIe donc) et appartenait à un Premier ministre nommé Ryu Seong-ryong.
Ce dernier est connu pour sa contribution à surmonter la guerre lors de l’invasion de la Corée par le Japon en 1592, dont ses écrits sont un précieux témoignage.
La maison Chunghyodang est composée de trois bâtiments :
- un sarangchae (quartiers des hommes)
- un anchae (quartiers des femmes)
- un haengnangchae (quartiers des domestiques)
Si les deux premiers datent du XVIIe siècle, le dernier a été rajouté plus tard vers la fin du XVIIIe ou début XIXe. Cette demeure fut ailleurs visitée par la reine Elizabeth II lors de son passage à Hahoe et y laissa une trace de son passage en plantant un arbre dans son jardin (un sapin coréen), toujours visible aujourd’hui.
C’est paradoxalement l’un des seuls panneaux explicatifs en anglais qu’on trouvera dans tous le village. Non pas que c’était « indispensable, mais c’est tout aussi paradoxal, moi qui d’habitude photographie un peu tout, au cas où je pourrais avoir besoin justement de photo d’illustration pour le blog, j’ai même pas pris un cliché de l’arbre en question…
Balade dans ses ruelles
Pour le reste des visites, on se baladait au gré des ruelles, d’où l’on pouvait essentiellement voir les murs d’enceinte entourant les différents hanok composant le village. Tantôt composé de blocs de roche apparents sur toute la hauteur, et d’autres, uniquement sur la base, le reste ressemblant à un mur de terre, probablement de la tourbe.
Sachant que, de par ma taille, je pouvais observer des jardins par-delà les murets les entourant, mais la plupart restent inaccessibles. Il y a quelques exceptions, comme cette maison à 60 m à gauche de la maison Chunghyodang.
Cette dernière fait normalement office de café, et, si l’on n’y trouva rien à acheter sur le moment, cela permettait à Jitima de faire quelques caresses à un toutou accueillant et de rencontrer brièvement une habitante (contact limité de par la barrière de la langue, mais la petite dame semble bienveillante envers les visiteurs).
Après quelques déambulations dans les rues désertes du village, on revenait au niveau de la forêt Mansongjeong, où se trouve juste en face une sorte de place avec trois grandes balançoires en bois qu’on s’empressait de tester (n°13 de la carte). On commençait alors à gentiment se rediriger vers la sortie du village, car Jitima pensait qu’on avait vu l’essentiel. Il était alors 11h, ce qui faisait donc 3h qu’on explorait Hahoe.
Mais avant de repartir, curieux comme je suis, je tenais à me rendre tout au fond du village, voir sa petite église. Non pas que je suis religieux (loin de là), mais parce qu’en faisant que notre petite boucle autour du vieil arbre et des hanoks à visiter, on avait finalement si on regarde la carte, aperçu que la moitié du village, or, je n’aime justement pas faire les choses à moitié.
En allant voir l’église, située de l’autre côté de la boucle, cela demandait donc à retraverser tout le village et permettait d’avoir un meilleur échantillon de ce que le village a à offrir. Comme il n’y avait que 500 m pour atteindre la petite chapelle, j’arrivais à convaincre Jitima d’y aller, sans regrets.
On passait pour se faire dans une rue particulièrement photogénique, avec en toile de fond la montagne au sud du village. Ce fut aussi l’occasion de m’attarder sur des détails visuels pour mes photos, comme les toits de chaume, des parterres de fleurs au pied des murs, des statuettes au faciès souriant ou des façades de vieilles maisons (ou en tout cas, ayant l’air).
Le tout se fait sans pratiquement personne encore une fois, car on bénéficie ce jour d’un nombre plus que réduit de visiteurs, qui plus est que des coréens, et permets vraiment de se sentir plongé au coeur de la Corée rurale, non touristique, plutôt pas mal pour un site patrimoine de l’Unesco !
Et justement, c’est bien une zone rurale qui environne le village, puisqu’il est entouré de champs de riz essentiellement, dont on pouvait voir un bâtiment d’une coopérative non loin de l’église justement. Après l’église en elle-même est plus moderne donc manque d’intérêt mais ça fait partie du village (bien qu’en retrait de ce dernier).
Comme elle était ouverte, je ne manquais pas de jeter un œil. Sa seule particularité réside dans sa tour avec la cloche, qui, au lieu de se trouver sur le toit du bâtiment principal comme c’est normalement le cas, s’avère ici être séparé de ce dernier de quelques mètres.
La danse des masques
C’est presque par hasard qu’on a pu assister au spectacle de danse traditionnelle impliquant les fameux masques faisant la renommée de la région d’Andong. Il est pratiquement midi et cette fois, nous sommes bien sur le chemin du retour pour venir choper la navette nous ramenant à l’arrêt de bus qui nous ramènera à la station d’Andong, où nous attendent nos bagages.
Mais en attendant la navette, on remarque du monde se dirigeant vers un bâtiment jouxtant l’arrêt (n°21 de la carte). Comme on a encore de la marge avant de prendre notre bus en fin d’aprèm’, on décide de jeter en œil. L’intérieur est sans équivoque, une arène, on comprend tout de suite qu’un spectacle est imminent et en effet, à peine assis, ça démarrait.
À quelques très rares exceptions, le public était éminemment Coréen, mais ce n’était pas bondé donc on était assis tranquille avec une bonne visibilité.
Des musiciens commencent à mettre l’ambiance, et les protagonistes entrent en scène. On apprend qu’il s’agit de plusieurs scénettes car heureusement, un écran d’affichage nous indique, en anglais, le nom de chaque scène et les personnages impliqués.
On assista donc à plusieurs de ses actes, pendant une bonne demi-heure. Il était après ça temps pour nous de nous éclipser et rentrer à Andong, car on voulait manger avant de prendre la route, faute d’avoir trouvé un restaurant à Hahoe.
Globalement, on apprenais que cette danse est une satire de la lutte des classes et ses origines étant shamaniques, elles n’étaient effectués qu’à de rares occasions, généralement tous les 3, 5 ou 10 ans, et notamment lorsque le village faisait face à des soucis, comme une épidémie en cas de maladie.
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Egwene
Bonjour
J’ai vu que vois avez utilisé des consignes à la gare des bus de Andong pour aller au village de hahoe.
J’aimerai venir directement de Séoul et enchaîner la visite de Hahoe avant de repartir le en fin d’après midi pour Daegu sans dormir à Andong.
Savez vous si les consignes sont assez grandes pour contenir une valise et s’il n’y en a qu’à la gare des bus ou si on peut aussi en trouver à la gare des trains ?
Merci d’avance de votre aide
Cordialement
Romain
Bonjour,
Je n’ai pas fait gaffe mais il doit y en avoir aussi à la gare. Si c’est une valise type qui passe en cabine d’avion ça devrait aller, pour une plus grande, idem, j’ai pas fait gaffe la taille max des casiers. En revanche, je tiens à préciser que si on a dormi à Andong, c’est précisément parce qu’au niveau du timing, ça fait trop juste d’enchaîner le train depuis Séoul, bus pour Hahoe et repartir dans la foulée compte tenu des horaires, ça faisait trop speed donc pas sur que ce soit vraiment faisable pour profiter du village au mieux.