Slow Boat sur le Mékong : 2 jours entre Houai Sai et Luang Prabang

S’il existe l’option plus classique de prendre un bus pour rejoindre Luang Prabang depuis la frontière avec la Thaïlande, vous pouvez rejoindre la charmante cité royale en empruntant le fameux Mékong. Le fleuve fait office de frontière naturelle sur une bonne partie de son parcours entre la Thaïlande et le Laos et il est donc possible de prendre un bateau depuis Houai Sai en traversant depuis Chiang Khong côté Thaïlande.

Le parcours se fait en naviguant sur 2 jours, d’où le terme « slow boat » que vous verrez concernant ce trajet ou même l’évoquation d’une « croisière sur le Mékong« . La 1ère journée vous descendez la rivière entre HouaI Sai jusqu’à la petite bourgade de Pakbeng où vous passez la nuit. Le lendemain vous complétez le trajet jusqu’à Luang Prabang, en arrivant en fin d’après-midi.

C’est un moyen de locomotion couramment utilisé pour cette destination. Car en plus de profiter du paysage, ça évite de se coltiner les 12 h de bus sur les routes défoncés des montagnes du Laos (qu’on s’est tapé au retour…).

L’ayant fait avec mes parents, on était plus sur une option « confort » que la version de base en backpacker (accessible à partir de 22$ environ), qui dans ce cas, possède une réputation contrastée (ambiance locale et paysages vs « voyage de l’enfer » si y’a du monde entassé dans le bateau)

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est possible de le faire pour pas trop cher mais faut voir aussi dans quelles conditions s’il y a du monde… Récit donc de ces 2 jours le long du fleuve mythique.

1er Jour : Entre Houai Sai et Pakbeng

Je vous parlais il y a peu de Houai Sai, qui peut mériter une petite visite si vous en avez le temps, c’est depuis cette petite ville du nord du Laos qu’on partait faire cette croisière.

Le départ est prévu à 9h ce matin-là et si normalement, on vient vous récupérer au poste de frontière (ce qui montre combien d’ordinaires Houai Sai est très peu visitée…), c’est à notre hôtel, littéralement à quelque mètres du quai de départ, qu’on venait nous prendre en pick-up.

Sachant que dans ce sens, il y a des départs les lundis, mardis, jeudis et samedis, il faut choisir son jour d’arrivée à Houai Sai en fonction.

Avant toute chose, voici en résumé sur une carte le parcours et les arrêts effectué, pour mieux se situer :

Nous arrivons à bord de notre embarcation pour les 2 prochains jours. Il s’agit de ces fameux bateaux tout en longueur que l’on nomme sampan, ce qui signifie « trois bords », c’est à la base un bateau chinois à fond plat. Il est principalement utilisé en Asie du Sud-Est pour l’acheminement de marchandises ou de passagers sur des distances plutôt courte (ce qu’on appelle dans le jargon, le cabotage), mais il sert parfois aussi d’habitation.

Tout le monde est à bord assez rapidement puisque nous serons qu’une petite dizaine. Nous ne sommes pas entassés comme ça peut l’être pour les slows boat classique (sans dire non plus que c’est systématique).

La vie est un long fleuve tranquille

Le trajet va durer environ 7 h, à naviguer tranquillement le long du Mékong, à observer ses rives, les paysages et tout ce qui s’y passe. On peut citer par exemple, outre les pêcheurs, rencontre logique par ici, des chercheurs d’or, et oui !

On en croise régulièrement, des hommes et femmes qui scrutent le sable du rebord du fleuve. Sinon on peut y voir des villages, des enfants se baignant, des jeunes qui traînent en mode, « entre potes », des animaux aussi, broutant là au bord de l’eau.

Le premier arrêt sera administratif, car le bateau doit signer un registre, faisant aussi office d’autorisation de circulation. Un autre arrêt se fera à un village plus loin, le capitaine récupérant au passage sa femme et son fils.

La croisière permet de se reposer, parce qu’au final en dehors de regarder le paysage et faire des photos, il n’y a pas grand chose d’autre à faire. C’est donc un bon break pour décompresser, faire une sieste et ne pas trop penser à autre chose que le moment présent.

Dans le cadre de notre croisière, les repas étaient compris (2 déjeunés et le repas du soir à Pakbeng et le petit déj le lendemain). C’était varié et plutôt bon, sachant que dans les croisières en slow boat classique, chacun doit s’approvisionner avant de partir, au risque de payer de quoi grignoter sur le bateau 2x plus cher que le tarif sur « terre ». Bon, c’est sûr que le tarif total restera moins cher dans ce cas, mais les conditions de cette croisière « luxe » étaient quand même fortement appréciable.

Cela permettra d’ailleurs à mes parents de faire une rencontre avec un sympathique couple de Québécois, avec qui on se retrouvera aussi le temps d’un dîner à Luang Prabang.

Arrêt dans un village au bord du Mékong

Le véritable arrêt pour nous se fera peu avant d’arriver à notre destination du jour, Pakbeng. Nous nous arrêtions en effet dans un village à 45 min de notre arrivée. Le temps de faire le tour, le guide devant pour donner quelques explications, moi derrière pour profiter de m’éloigner du groupe et prendre des photos tranquillement.

Le village possède l’électricité via panneau solaire depuis peu et un nouveau pont traverse la rivière à côté, ce qui montre que le village est de moins en moins isolé. On sent que les gens ici commencent à être habitué à voir des touristes même si je ne saurais dire si tous les bateaux s’arrêtent là. À mon humble avis (et j’ose espérer) seules les croisières privés s’y arrêtent, parce que sinon je pense que ça saoulerait vite de voir défiler des groupes tous les jours.

Hors le comportement des habitants ne montrait pas vraiment d’agacement, juste une attitude assez neutre même si globalement bienveillante et un minimum curieux.

Les enfants adorent comme toujours jouer avec la caméra. L’une des habitantes parlait Thai (je précise bien Thai et non Lao, qui cela reste similaire mais différentiable) car celle-ci y avait habité un temps pour travailler.

Break et nuit à Pakbeng

Nous voilà à Pakbeng aux environs de 16h30. Il ne fait pas encore nuit et cela laisse le temps pour ceux qui le veulent, d’aller se promener un peu découvrir le petit village de Pakbeng.

En arrivant des porteurs sont là pour vous monter vos bagages vers vos hôtels respectifs (C’est leur gagne-pain… Pas trop le choix de dire non, et c’est valable pour tous les bateaux).

Dans notre cas, c’est l’option « Comfort », c’était donc au Mekong Riverside Lodge qu’on posait nos valises. La chambre est tout en bois, avec une certaine classe. La terrasse et surtout la vue qui vient avec fait son effet.

Comme cette croisière faisait partie d’un long trip à travers le nord de la Thaïlande, ce qui incluait beaucoup de conduite, j’avais vraiment besoin de repos, et il me fallait aussi travailler un peu (veille dans mes mails, etc.). Je restais donc sagement dans la chambre tandis que mes parents allaient faire un tour dans Pakbeng. Les photos ci-après étant donc au crédit de ma mère.

Le repas du soir qui était inclus était juste fabuleux. Le cuistot est Indien et propose un mix entre nourriture Lao et Indienne, c’était juste topissime et au fur et à mesure que les plats défilaient sur notre table, nous nous ébahissions devant la quantité qu’on nous servait !

Le petit déjeuné le lendemain ne fut pas en reste, après avoir pu admirer le brouillard matinal depuis le balcon.

2e Jour : Entre Pakbeng et Luang Prabang

Nous partions de bonne heure pour cette 2e journée, vers 8h. Même topo du coup que la veille, repos, observation et photos sont au programme. Les paysages varient un peu, c’est plus montagneux et étroits que la veille globalement.

Tout comme la veille, nous passons quelques « rapides », perturbants à peine le passage du bateau glissant sur l’eau en douceur, le capitaine connaît bien son affaire et il n’y a guère de danger de ce point de vue là.

La grotte de Pak Ou

Après un peu plus de 5h de navigation, nous arrivions vers notre premier arrêt du jour, alors qu’il nous restait plus qu’une vingtaine de kilomètres avant d’arriver à notre destination finale, Luang Prabang.

C’est donc aux grottes de Pak Ou, du nom du village se trouvant sur la rive en face, où le Mékong et la rivière Nam Ou se rencontrent. Le paysage est superbe. La grotte se trouve à flanc de colline. Les traces du niveau du fleuve nous démontrent une fois de plus que la nature est puissante. Car entre le niveau ce jour et le niveau parfois atteint, on parle d’une différence de plus de 5m (bon avec les moussons ça aide à bien gonfler le niveau).

C’est par un escalier que l’on atteint les grottes (oui, parce qu’il y en a 2). Le tarif d’entrée est normalement de 20 000 Kip, soit environ 2,5€ (inclus dans notre cas avec la croisière). Il y a plusieurs bateaux à quai quand nous arrivions, le temps d’attendre que le troupeau principal dégage et nous pouvions apprécier un peu mieux la première grotte, Tham Thing, considérée comme la principale, il y a toujours plus de monde.

À flanc de falaise, celle-ci est nichée à 15m de haut, elle est remplie de milliers de statuettes de Bouddha et possède une vue sur le village en face de Ban Pak Ou (d’où il est possible de prendre un bateau pour venir ici et accessible en 1h de tuk tuk depuis Luang Prabang).

Tandis que le guide faisait son speech, on nous briefait sur les lieux et nous invitait à nous rendre à l’autre grotte, Tham Theung, située plus en hauteur via une série de marches. Il faut compter 10 petites minutes pour y accéder. Vu que ça demande un peu d’effort, il y a en général un peu moins de monde. Notez qu’il vous faudra avoir une lampe torche pour y voir la multitude de statues à l’intérieur, car il n’y a pas d’éclairage (l’autre grotte en contrebas étant éclairé par la lumière du jour).

J’ai surtout été impressionné par les détails des sculptures sur la porte en bois ornant l’entrée de cette autre cavité plus que parce qu’on y trouve à l’intérieur.

On sera resté en tout une heure le temps de voir les 2 grottes, ce qui est largement suffisant pour profiter des lieux.

Ban Xang Hai (Whiskey Village) : un peu de whisky et beaucoup de tissus

L’arrêt suivant se faisait dans un village, Ban Xang Hai, surnommé le village du whisky, car ceux-ci distillent leur propre whisky à base de riz. On ne se cachera pas que c’est un village touristique comme on en trouve souvent dans ce genre de tour en package.

En arrivant en haut de la berge, on nous montrait comment ils distillent ça façon système D avec un bidon, quelques tuyaux et un vase… Sachant que ce whisky, surnommé lao-Lao (le premier mot voulant dire alcool, le second, dont le ton diffère du premier, fait référence au pays) est la boisson préférée après la bière locale, la Beer Lao (qui est plutôt bonne aussi). Je goûtais le breuvage, qui, ma foi, est costaud certes (40%), mais moi qui n’aime pas le whisky à la base, je trouve qu’il a un bon parfum.

Libre à vous de vous acheter une petite bouteille… Juste à côté se trouve le village proprement dit, dont les échoppes s’alignent avec toute les mêmes écharpes et dessus de table en soie coloré. Certaines sont faites main sur place ou dans la région, mais beaucoup proviennent malheureusement d’usines en Chine et/ou au Viêtnam…

On y restait là une grosse demi-heure. Il nous restait ensuite 45 min de bateau pour finalement atteindre notre destination, Luang Prabang.

Pour savoir que faire à Luang Prabang, je vous invite à lire l’article que je viens de mettre à jour :

Luang Prabang : Un air de petite France au cœur du Laos

La croisière en résumé

C’est une expérience qui peut être intéressante si vous en avez le temps. Ça permet une vivre un peu « hors du temps » et c’est certainement plus agréable que les longues heures de route sur les routes chaotiques du Laos.

Le lien de la compagnie choisit : Shampoo Cruise

Si vous n’avez pas 2 jours pour cela, il vous reste le bus, mais comptez tout de même 12 bonnes heures pour un tarif d’environ 15€ (130 000 Kips). Enfin une solution peu recommandable, ce sont les speeds boats, qu’on voit effectivement défiler à vive allure le long du trajet. On y apercevait que des locaux, souvent avec des casques sur la tête….

Ce n’est pas de trop quand on sait qu’ils tracent à près de 60 km/h et font le trajet entre Houai Sai et Luang Prabang en un temps record entre 5 et 7h. Mais ne vous laissez pas amadouer par le facteur temps. Ces bateaux sont pilotés parfois par des personnes inexpérimentées, ce qui est particulièrement dangereux pendant la saison sèche entre Décembre et Juin, car les rochers ne sont pas toujours apparents et il faut vraiment connaitre le tracé à suivre, sans compter le bruit décrit sur l’embarcation comme assez insoutenable…

Si toutefois vous avez le goût du risque, le trajet vous en coûtera au total 510 000 Kips (soit environ 60€), 170 000 pour le trajet entre Houai Sai et Pakbeng, puis 340 000 entre Pakbeng et Luang Prabang.