Chiang Rai : la « vallée » de la rivière Kok
La « vallée » de la rivière Kok correspond à toute la zone montagneuse située à l’ouest de Chiang Rai, longeant la rivière Kok. On y trouve pleins de villages charmant au milieu des rizières, mais aussi des villages de tribus des montagnes disséminés dans les hauteurs.
C’est assez peu visitée, car la plupart des gens se contentent d’une visite des temples de Chiang Rai, un saut au triangle d’or et repartent vers d’autres lieux. L’autre raison étant qu’à moins d’être véhiculé, c’est peu probable de visiter cette zone par soit même.
Je précise que ceci n’est pas une appellation officielle mais la route y accédant longeant la rivière, et les lieux à visiter étant tous à moins de 10 km autour de cette dernière, il me fallait bien définir toute cette zone assez vaste en soit, puisque cela couvre la montagne de Doi Hang sur la rive droite (sud) et Mae Yao pour la rive gauche (nord).
Voici donc un petit florilège des points d’intérêts à voir, histoire de vous donner envie d’aller jeter un œil et y consacrer une journée d’exploration !
Bateau le long de la rivière Kok (Thaton – Chiang Rai)
Et je commence par le principal. La rivière elle-même. La rivière Kok prend sa source en Birmanie et arrive depuis Thaton, petite ville située dans la province voisine de Chiang Maï. Il est possible de naviguer en bateau entre Chiang Rai et Thaton (et vice-versa) lorsque le niveau de l’eau le permet. Pour cela, deux choix s’opèrent :
- La version rapide, ce qui sous-entend pas d’arrêts, mais aussi la privatisation de l’embarcation, donc un coût plus élevé, normalement de l’ordre de 2 000 ฿
- La version lente, sorte de bus flottant qui s’arrêtera à plusieurs quais de villages se trouvant sur son cour. Dans ce cas le coût est normalement de 350 ฿ (un minimum de 4 passagers peut être exigé pour partir)
Il faut avoir le temps pour effectuer cette balade fluvial car il faut compter 5h de trajet dans le sens Chiang Rai – Thaton, car on remonte alors à contre-courant, tandis que cette durée est réduite à 3h dans le sens Thaton – Chiang Rai, profitant du sens du courant. La rivière Kok poursuivant son cour vers l’est de Chiang Rai jusqu’à se jeter dans le Mékong près de Chiang Saen.
Pour situer l’ordre de distance, par les terres, Chiang Rai – Thaton c’est 90 km pour une durée de trajet d’1h30 environ. Mais cette paisible traversée au fil de l’eau permet de naviguer au milieu des montagnes, croisant ça et là des villages abritant diverses ethnies, souvent Akha ou Karen. De plus, Thaton n’est pas dénué d’intérêts et constitue une étape possible pour rejoindre ensuite Chiang Maï via une route moins fréquentée par les touristes (ma suggestion dans ce cas serait de faire étape ensuite vers Fang et monter au Doi Ang Khang et/ou à Chiang Dao avant de finir votre périple « nordien » à Chiang Maï).
Si vous ne disposez pas d’autant de temps mais souhaitez quand même vous faire une balade en bateau le long de la rivière, c’est possible aussi. En général les bateaux vous proposent d’aller jusqu’au village Karen de Ruammit (où se trouvent des éléphants mais pour des balades en nacelles…) avant de revenir. Le tarif étant dans ce cas de 1 000 Bahts l’aller-retour, incluant un arrêt au village du temps que vous voulez normalement. C’est l’occasion de voir l’artisanat local (essentiellement tissage) et sa petite église.
Wat Huay Pla Kang
Le Wat Huay Pla Kang, aussi connue sous le nom de 9-tier temple, est un temple bouddhiste d’influence chinoise (elle aurait été initié par la communauté de la région), à commencer par son imposante statue de la déesse Guanyin (déesse de la miséricorde), souvent confondue comme étant une statue de Bouddha.
Certains reprochent au site un côté trop commercial et moderne, car en effet, il n’y avait encore rien sur cette colline en 2002. Quelques années plus tard, apparaissait d’abord cette pagode de style chinoise qui comportent 9 étages, donnant son surnom au temple (le numéro 9 étant un symbole de longévité pour les chinois).
Mais sa véritable renommée arriva avec l’achèvement en 2017 de la grande statue blanche de de Guanyin, qui, sans en connaître le chiffre officiel, ferait 90m de haut, estimation que je fais sachant qu’il y a 25 étages.
Il est par ailleurs possible d’y accéder à l’intérieur via un ascenseur payant, 40 ฿ (les escaliers ne sont à l’heure actuel pas accessibles). On a alors une vue imprenable sur la campagne et les montagnes environnantes.
Pour s’approcher de la statue, vous pouvez au choix emprunter les massifs escaliers bordés de dragons chinois, ou utiliser la navette gratuite « hello kitty » (oui oui !) mise à disposition.
Si vous n’êtes pas chaud à l’idée de payer quoi que ce soit, la vue depuis le haut de la pagode aux 9 étages est déjà pas mal. L’intérieur est baigné d’une musique un peu répétitive mais décoré avec de belles statues en bois dont la principale qui fait au moins 8-9m de hauteur.
Enfin un bâtiment jouxtant la pagode rappelle plus l’architecture locale, mais au lieu d’être tout colorés comme est la tendance du style Lanna, on a ici un style épuré tout blanc.
Situé à 8 km du centre de Chiang Rai, accéder au site par soi même n’est pas forcément évident car il n’y a pas de transports en commun à proximité immédiate. Vous devrez faire appel à un des songthaews bleu de la ville pour vous rendre ici, à défaut d’avoir votre propre transport.
Wat Tham Phra (Buddha Cave Temple)
Comme le nom l’indique, il s’agit là d’un petit temple dont un lieu de prière est aménagé dans une cavité au pied d’une falaise. Le lien n’est pas un immanquable, mais si comme moi vous êtes un peu curieux et vous sortir des visites plus classiques, ce petit temple possède un certain aspect tranquille appréciable.
Ce dernier étant aussi au bord de la rivière Kok, cela ajoute un certain charme. On peut d’ailleurs y voir une vue sur la rivière et la vallée environnante depuis la statue de Bouddha aménagé sur un bout de rocher en bord de rivière, accessible par une passerelle.
Il était d’ailleurs possible en contrebas de ce spot, de déjeuner sur un banc de sable, apparaissant pendant la saison sèche et offrant un cadre parfait pour se rafraîchir lors des chaudes journées d’été (entre février et avril). Je parle au passé, car dernièrement, j’y ai vu des travaux d’aménagement des berges donc je ne sais pas si c’est toujours possible. Dans tous les cas si jamais, vous trouverez des cahutes avec des tables, mais en face sur l’autre rive.
Lam Nam Kok National Park
Je l’indique parce qu’il fait partie des attractions officielles de la région bien que je n’ai jamais visité ce dernier. En effet, comme tout parc national, l’accès à ce dernier est payant, 200 ฿ par adulte.
Hors c’est une zone assez petite, jouxtant notre fil rouge de cet article, la rivière Kok. Son principal intérêt résidant dans la présence d’une source d’eau chaude, qui offre parfois une palette de couleurs intéressantes de par le mélange des minéraux présents. Le cadre a l’air certes jolie, mais ne justifie pas de payer autant juste pour voir ça.
D’autant qu’on ne peut s’y baigner, la température étant trop élevé à 56°C. Pour se faire, vous pouvez vous arrêter au village de Ban Pha Soet, juste 1,5 km en aval du parc national.Pha Soet Hot Springs (aussi orthographié Phaset) est une petite source d’eau chaude aménagé avec des piscines à 39°C dans lesquelles vous pourrez vous relaxer. Son accès est aussi payant mais ne coûte que 30 ฿ par adulte (et 10 ฿ pour les enfants).
Comme à chaque source d’eau chaude en Thaïlande, vous aurez aussi la possibilité de faire cuire des œufs (de cailles ou poules) dans des sources à 73°C.
Juste en face, de l’autre côté de la route, vous trouverez en retrait un très bon petit restau, aménagé dans une propriété modeste avec grand jardin, en contre-haut de la rivière (répertorié simplement en Phasoet Restaurant sur Google Maps).
Wat Phrathat Tham Doi Kong Khao
Si vous avez le temps, voici un petit temple local qui peut valoir le coup d’œil. Non pas par son architecture à part. Mais c’est une ambiance de petit temple local d’une part, et ce dernier possède aussi une petite grotte aménagé avec des statues de Bouddha ou d’ermite.
Mais ce qui m’avait attiré là, c’est la petite falaise adossée au temple, sur laquelle on peut y voir au loin un drapeau flotter et y distinguer au moins un chedi au sommet, indiquant donc qu’il est possible d’y monter et avoir donc une vue sur la vallée.
Ça, c’est la théorie. Sur place le jour où j’ai fait mes repérages, impossible de trouver un escalier menant vers le haut…. Un des escaliers mène à la cavité, un autre monte vers quelques cabanes de moines perchés là, mais pas vu d’autres accès pour monter plus haut… Mais j’ai encore vu là des photos récente en rédigeant cet article donc la preuve que c’est bien possible.
Villages ethniques
Chiang Rai est encore une région abritant bon nombre de villages ethniques. Et dans cette zone le long de la rivière Kok se trouvent plusieurs d’entres eux.
Baan Khwae Wua Dam et Baan Cha Doe
Et je commence par les plus éloignés. Baan Khwae Wua Dam est un village qui se trouve peu avant le Thai Apache GH, là où se trouvait les éléphants de Sophie (Elephant Steps, qui a bougé ailleurs mais le GH reste opérationnel).
Baan Khwae Wua Dam est le village situé rive gauche tandis que Baan Cha Doe est une pente de la montagne située sur la rive droite. Les deux rives étant reliées par un vieux pont offert par le Japon il y a 30 ans. C’est un pont suspendu dont le plancher est en bois, traversé chaque jour par les villageois de Baan Cha Doe.
L’avantage étant que la route est goudronnée côté Baan Khwae Wua Dam et il est alors plus facile de se rendre vers une supérette d’un plus gros village plutôt de rester de leur côté où la route est non goudronnée jusqu’au niveau du parc national de Lam Nam Kok, à 3 km de là.
Baan Jalae Muang
C’est surtout un village qui m’avait servit de parking pour rejoindre celui décrit ci-après, mais ça reste du coup un village facilement accessible par le route, qui est goudronnée jusque-là.
Dans ce village, on y trouvait un petit musée local consacré aux ethnies du coin, à savoir Akha et Lahu. Une petite mamie avait d’ailleurs ouvert juste pour nous en sortant sa tenue d’apparat au passage. Je parle au passé, car je ne le vois plus répertorié, mais par contre il est toujours possible là aussi de séjourner dans un homestay au cœur du village, le Hill Tribe Art House.
À noter aussi que vous avez à moins d’un kilomètre une petite chute d’eau, Mae Sai Waterfall.
Baan Yafu (บ้านยะฟู)
Histoire d’approfondir mes visites des villages des environs, je décidais un jour de me rendre à celui de Baan Yafu, repéré sur Google Maps. Il s’agit d’un village de la tribu des Lahu.
Comme la route y montant est non goudronnée est que j’étais avec mon ancienne voiture (de ville), je ne pouvais y accéder directement. Mais en regardant la carte ça ne me semblait pas excessivement loin et décidait d’y monter à pied, et j’embarquais mes parents dans cette affaire.
Le fait est qu’il y a tout de même 2,3 km et pratiquement qu’en montée (dénivelé de 200 m). Donc ce fût plus long que prévu pour atteindre le village. Et ce fût presque la déception d’y croiser…. des touristes… Bon ok, c’est des gens qui dorment sur place, car ce village, comme d’autres cités ici même, proposent un homestay mais je ne m’y attendais pas du tout !
Ça reste une ambiance typique de village des montagnes. Si jamais vous avez envie d’explorer le coin encore plus, vous pouvez monter jusqu’à un point de vue, Doi Bo view point, dominant la montagne du district de Mae Yao. Pour se faire, il faut continuer la grimpette sur 2,5 km (300 m de dénivelé).
Baan Ja Jaw (Bamboo Nest)
Autre village Lahu, je me rends à ce dernier pour aller manger au cœur de la nature au Bamboo Nest, un autre homestay des montagnes situé en contrehaut du village.
Pour monter au Bamboo Nest, il faut traverser le village sur une côte particulièrement pentue. Je gare du coup la voiture dans le village et termine les 500 derniers mètres à pied. La vue depuis le village est superbe, on croise des plantations d’ananas et des hévéas sur les pentes peu avant d’arriver en vue du Bamboo Nest.
Si je viens là, ce n’est pas tant pour la cuisine maison, qui reste très limité en choix (la cuisinière n’étant pas toujours dispo et le mari, aussi sympathique soit-il, dépanne comme il peut avec les ingrédients disponibles) mais bien pour le cadre.
Ce homestay familial côtoie des rizières et se trouve vraiment isolé au calme de la montagne (si vous y séjournez, il propose une navette depuis le terminal de bus de Chiang Rai, voir les infos sur leur site en lien plus haut). Les cahutes sont juchées à flanc de montagne avec un coin hamac pour se relaxer, le jardin est superbe, bien entretenu, l’électricité n’est disponible qu’à l’accueil, un bon spot pour se ressourcer en somme.
Huay Keaw Waterfall
Enfin je termine ce petit tour d’horizon avec une cascade au cœur de la jungle. Située non loin d’un village Akha où se trouve deux petits guesthouse (le Akha Hill House et le Tree House Homestay Akha), accessible depuis un chemin partant du Bamboo Nest cité juste au-dessus. À défaut de faire le petit trek d’un kilomètre, vous pouvez y accéder par la route en tournant sur la gauche peu avant la source d’eau chaude de Pha Soet (merci Google Maps encore une fois).
Non goudronnée sur une courte distance, elle rejoint une petite route qui vous mène vers un village sans nom (peu avant le village de Ban Pong Nam Ron), un petit pont traversera un ruisseau, le Keao, pour traverser ensuite une ancienne zone de plantation de thé, là encore, sur une portion de route non goudronnée (et en saison des pluies c’est vite le bordel).
Depuis le parking, il reste à peine 350 m à parcourir dans la jungle, et au-delà de la cascade elle-même, c’est donc la possibilité d’une petite balade au cœur de la forêt tropicale.
Pour l’anecdote, le village Akha d’à côté a mis en place un système de contrôle d’écoulement de l’eau, aménagé en une sorte de piscine utilisant l’eau de la source voisine. Il y a aussi un petit café, mais ce dernier n’est pas toujours ouvert, faute de personnel. J’y trouvais un jour avec surprise non seulement ce dernier ouvert et dispo mais tenue par une Française ! Qui le gérait moyennant un hébergement dans le village voisin.
Comment se rendre le long de la rivière Kok
Il va de soi que pour voir tout ça, il est préférable d’être véhiculé, car vous n’aurez pas de transports en commun sur la zone, en dehors du Wat Huay Pla Kang, facilement accessible en taxi commun depuis le centre-ville.
J’ai donc bien peur de ne pas pouvoir vous aider plus sur ce point, il vous faudra être débrouillard, vous pouvez utiliser la carte ci-dessous pour vous repérer :
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Annie Donadio
Bonjour Romain
Comme d’hab, ton texte et tes photos nous en mettent plein la vue et le cœur. J’ai découvert cette région et cette route le long de la rivière Kok en 2016. C’est inexplicable mon ressentit sur cette route. Ces rencontres magnifiques, cette nature qui émerveille. Depuis j’y retourne chaque année et ne m’en lasse jamais. J’ai vu la plus part de ces villages sans en connaitre le nom Merci pour tous ces détails.
Ce serait bien qu’un jour nous nous croisions.
Amicalement. Annie
Romain
Bonjour,
Avec grand plaisir ! Si vous passez par Bangkok, n’hésites pas à me contacter et on peut s’organiser ça 😉
MOISSONNIER LAURENCE
Bonjour Romain,
Plus je lis tes articles, moins je sais comment organiser notre voyage car on a envie de tout voir !
Pour nous, ce sera un premier voyage en Thailande (et en Asie d’ailleurs) en janvier 2021 : penses-tu que nous pouvons nous hasarder à louer une voiture quelques jours depuis Chiang MaÏ pour visiter ce secteur de la rivière KOK ? On nous parle tellement de la conduite dangereuse en Thaïlande… J’ai regardé des vidéos sur Youtube et il semble quand même qu’en dehors des grandes villes, il n’y a rien de très spectaculairement dangereux …. Est-ce une zone où nous pouvons nous perdre ou bien pouvons-nous nous aider de Google Map en ayant repéré les villages ?
Merci de ton aide, car j’hésite à inclure le Nord de la Thaîlande dans notre voyage et cependant c’est vraiment un secteur que j’aimerais visiter (pas seulement rester sur Chiang Mai) mais on aimerait être autonomes…
Merci d’avance et merci encore pour ton site qui est absolument une énorme mine d’informations
Laurence
Romain
Bonjour,
En tant que tel oui, louer une voiture reste à porte de n’importe quel conducteur (avec un minimum d’expérience), juste être bien vigilant (notamment envers les deux-roues) car vous n’aurez pas, au moins au début, les ficelles du style de conduite locale et les réflexes adéquat (en plus de conduire à gauche).
Si vous repérez à l’avance via Google Maps, vérifiez si possible l’état des routes via Google street view car parfois, faute de vérif, vous pouvez tomber sur une route devenant chemin, donc à moins de louer un 4×4 adéquat, vous retrouver en difficulté ou à défaut, dans l’impossibilité d’aller au village souhaité.