Balade inoubliable dans la jungle avec Elephant Steps à Chiang Rai
Voir des éléphants de près et interagir avec eux fait partie des activités populaires à faire dans le nord, notamment en famille avec des enfants. Si de plus en plus de gens sont conscients des dessous des camps d’éléphants « à l’ancienne » où l’on peut faire une balade à dos d’éléphant sur une nacelle, beaucoup se tourneront donc vers des lieux où le bien-être de l’animal est respecté.
De nombreux sanctuaires d’éléphants sont aujourd’hui répertoriés dans tout le pays dont un très grand nombre autour de Chiang Mai. Le précurseur dans le domaine étant le Elephant Nature Park dont la charismatique Lek, est à l’origine de cet engouement pour des expériences plus proche de la nature et de l’animal, en toute simplicité.
Aujourd’hui, je vais vous parler d’un sanctuaire basé à Chiang Rai. J’en avais déjà entendu parlé puisque sa création est l’œuvre d’une Française, Sophie, installée en Thaïlande depuis plus de 20 ans et mariée à un Thaïlandais de la tribu Karen.
Il y a 7 ans, en plus d’héberger des gens via leur guesthouse, Thai Apache, ils décidaient sur leur ferme de recueillir des éléphants provenant de camps à touriste type « cirque/balade intensive » pour leur offrir une retraite paisible. J’ai donc pu passer une journée avec les éléphants de Sophie, dans un cadre fabuleux des montagnes de Chiang Rai.
Elephant Steps déménage
C’est à la base un hasard du calendrier, mais cet article a été rédigé peu après ma première visite au sanctuaire, en juillet 2018. C’est peu après que j’apprenais les déboires dont faisait face Sophie et ses animaux.
En effet, depuis quelques mois, les villageois se plaignaient de la présence des éléphants dans la forêt environnante, arguant que ceux-ci détruisent la flore en marchant dans la montagne et arrachent les bambous.
Ça, c’est la version « officielle », avancée lors de réunions entre les villageois et la famille vivant avec Sophie dans la ferme. De son point de vue, c’est à la fois de la jalousie de la part des villageois et une certaine hypocrisie puisque certains viennent se servir illégalement en bois dans cette même forêt (ce qui expliquerait le fait de ne pas avoir envie d’y voir traîner des éléphants…).
Je ne suis pas là pour débattre sur le fond du sujet, le résultat est que Sophie a été obligée de déménager, elle, et toute sa famille, ses 4 éléphants ainsi que tous les autres animaux qu’elle a recueilli (une quinzaine de chiens, des chèvres, des cochons, des chevaux, au moins une vache, des oies, des dindons, poulets et leurs poussins entres autres).
Elephant Steps gère aussi l’Association Kat Pat ayant pour but d’aider les animaux abandonnés, de vacciner et de soigner les animaux malades des villages de la montagne, au nord de la Thaïlande.
La décision est d’autant injuste qu’elle est active pour aider les autres et pas que les animaux, car Elephant Steps, son organisation, a créé un partenariat avec la Fondation ABCD pour tous qui apporte une aide aux enfants défavorisés de ces mêmes villages.
Mise à jour 2021 : pendant un peu plus de deux ans, Sophie s’était installé près du village de Ban Pha Thong, à 25 km à l’est de la ville. Avec tous les aménagements et efforts que cela demande de faire pour bouger tout ce petit monde, il se trouve qu’elle vient de re-déménager il y a peu. Elle s’est déplacée 15 km plus loin, dans un endroit plus adéquat, et ce devrait être cette fois définitif car le terrain est acheté (elle louait jusqu’à présent il me semble, le terrain de Ban Pha Thong).
Les raisons avancées étant que la forêt voisine qui servait de cadre pour les balades, abritent des arbres en teck, dont l’arrachage est passible de 10 ans de prisons. Avec des pachydermes, on contrôle pas toujours leurs mouvements donc pour éviter tout soucis… De plus et pour avoir vu les photos, le spot est plus proche de l’original, à flanc de montagne et dans un coin tranquille.
L’emplacement est à jour sur Google Maps, toutefois qu’importe le lieu puisque pour vous y rendre, vous serez toujours pris en charge depuis Chiang Rai.
Une journée à Elephant Steps, ça donne quoi ?
En espérant que le nouveau lieu ne perturbe pas trop la démarche, voici en attendant qu’elle fût mon expérience de cette journée passé dans à Elephant Steps. Sachant qu’il en coûte 2500 Bahts la journée, incluant le repas du midi, fruits, cafés et l’aller-retour depuis votre hôtel depuis Chiang Rai.
On passait nous prendre vers 8 h et c’est à l’arrière d’un pick-up que nous embarquions, alors que la pluie était malheureusement de la partie ce jour-là. Heureusement, la pluie était faible alors que nous rejoignions la ferme, quelque part le long de ce que j’appelle la vallée de la rivière Kok.
Le parcours pour arriver se fait sur route goudronnée pendant 25 km, jusqu’au village de Ko Khwae Wua Dam, à l’ouest de Chiang Rai. Il reste ensuite 2,4 km de chemin cabossé pour atteindre le Thai Apache Guest House, le repère de Sophie.
Faire connaissance avec les éléphants
Lorsque nous arrivons, 2 éléphants sont déjà dans la cour et un 3e arrivait tout juste depuis le chemin devant la ferme. Nous avons droit à un petit café instantanée bienvenue pour nous réveiller un peu avant de décider quel parcours faire.
En effet, Sophie nous proposait 2 itinéraires possible, l’un facile, passant en gros à flanc de montagne via le chemin que nous venions en partie d’emprunter en pick-up, et l’autre, en s’enfonçant dans la montagne, qu’il faut gravir, avant de descendre de l’autre côté.
Malgré l’évidente difficulté due à la montée conjuguée au fait que le chemin serait boueux, tout le monde était unanime et acceptait le challenge de la version plus ardu. Mais avant cela, place aux présentations. Tout le monde se change en enfilant la tenue Karen, un haut et pantalon, combiné avec une paire de bottes bienvenue et indispensable.
Voici donc Mélanie, la quarantaine et sa fille Gypsie une ado de 15 ans (pour rappel, un éléphant peut vivre aussi longtemps que nous) et il y a aussi Ménoune, la petite dernière (je ne suis pas sûr de la prononciation donc de sa retranscription…).
Sophie a aussi un mâle, mais c’était la période de rut donc son comportement peut être imprévisible et agressif donc il était à l’écart et nous ne le verrons pas. la prise de contact consiste à nourrir les éléphants, souvent des fruits dans ce contexte car c’est juste un snack, permettant à l’éléphant d’établir une connexion positive avec vous. Vous pouvez aussi leur donner à boire, un peu de vitamines et nous sommes partis.
Un groupe de chien part tout naturellement en nous suivant, nous les humains. Nous sommes un groupe de 11 personnes plusieurs enfants + les accompagnants, chaque éléphant ayant son mahout qui l’accompagne. Ici, pas de crochet ou de chaîne, l’éléphant est libre, c’est lui qui mène la danse en partant devant.
Balade dans la jungle avec les éléphants
Les premiers mètres sont faciles, mais ça se complique très vite quand il faut commencer à monter. Comme prévu, le chemin est complètement boueux. Les éléphants n’ont eu aucune difficulté et marchent paisiblement en suivant le chemin grimpant dans la montagne.
La boue ralentie notre marche pour nous, avec quelques bottes restant collés dans la bouillasse de temps à autre. L’ambiance reste bonne enfant et on progresse tant bien que mal, alors qu’au moins la pluie a cessé.
En tant normal, je suis un plutôt bon marcheur, mais là j’avoue que mes poumons étaient mis à rude épreuve. Chaque pas était méticuleux pour éviter de se retrouver les fesses par terre. Ce qui fut déjà le cas pour certain à ce stade, et ne manquera pas pour ma pomme plus tard…
Quand on arrivait en haut de la montagne, cela faisait 30 grosses minutes qu’on grimpait dans la boue. La pause fut bienvenue pour tout le monde. Les éléphantes elles, étaient peinardes en train de casser la croûte avec les bambous présents à cet endroit. C’était le moment d’enlever un peu l’eau accumulée dans les bottes et pour certains, la surprise d’avoir des passagers clandestins, des sangsues.
Mais rien de tout ça n’ébranlait notre volonté de poursuivre, après quelques minutes à reprendre nos souffles, nous étions reparties, les éléphants toujours en tête. Mais là, le rythme est plus facile. Déjà parce qu’on est en haut, donc c’est plus ou moins plat pendant quelques temps et ensuite parce qu’on suit le rythme des éléphants.
Or, dans cette forêt de bambou que nous traversions, c’est un véritable festin pour nos amies à 4 pattes qui s’arrêtaient souvent grignoter (un éléphant mange entre 200 et 300 kg de végétaux par jour !). Cela nous laisse du temps pour les observer. C’est dans cette zone aussi qu’on nous faisait planter des caféiers avant de poursuivre notre chemin.
Peu après, nous entamions la descente. Si c’était moins épuisant que la montée, c’était pas moins boueux pour autant. Les éléphants descendaient presque avec grâce, plutôt prudent et presque sans glisser, pas comme nous, alors qu’il y a eu quelque jolie glissade, dont moi qui aie fait goûter la boue a mon objectif de ma caméra, heureusement sans l’abîmer.
Il y eu quelques passages délicat pour arriver à passer sans s’embourber et nous étions évidemment heureux d’arriver au campement, où nous attendait une table, car c’est l’heure de manger ! Cela faisait 2 h que nous étions partis de la ferme de Sophie.
On apprécie le ruisseau permettant de se rincer les pieds. Tout le monde est trempé, un minimum fatigué, mais tout le monde est de bonne humeur et apprécié l’expérience. Nos accompagnateurs sont aussi les cuisiniers. Du moins pour eux, alors qu’ils s’improvisent une soupe à base de champignons qu’ils ont récoltés en chemin.
Notre repas est pour nous préparer à l’avance. On nous prépare tout ça sur la table, le riz emballé dans des feuilles de bananier, et c’était un régal. Ce repas au milieu de la forêt, au bord de ce ruisseau donnant une dimension particulière à l’instant, convivial et réparateur de surcroît.
Les éléphants, pendant ce temps, sont en liberté à vadrouiller dans les alentours. Les chiens eux, restaient près de nous et étaient adorables. L’un en particulier était affectueux, et qui généralement s’arrêtait en nous observant l’air de dire « ça va, tu t’en sors ? » alors que nous galérions dans la boue le temps de franchir la montagne.
Après un break bien mérité de presque 1 h, on poursuivait la balade. Cette fois rien de compliqué, c’est à peu près plat et nous étions quelques minutes plus loin de retour sur un chemin qu’empruntent les motos et pick-up locaux. Cette route non goudronnée longe la rivière, c’est l’heure du bain !
Moment détente dans la rivière
C’est un moment particulièrement apprécié des éléphants qui adorent l’eau. Et les visiteurs aussi en général ! La rivière Kok était haute, avec du courant mais la zone de baignade était calme, en contrebas de la route.
Les éléphants ne perdirent pas de temps à se mouiller et se rouler dans l’eau. La joie communicative ne tarda pas à entraîner plusieurs courageux à les accompagner dans ce moment de détente. C’est aussi le seul moment où vous pouvez leur monter dessus, à cru, pour une pause photo et partager un moment de bonheur au plus près de ces pachydermes majestueux. Ce moment est certes un moment pour s’amuser, c’est aussi l’occasion de les laver, leur gratter le dos et papouiller les éléphants qui ne demandent pas leur reste 🙂
Après une bonne demi-heure de plouf, de câlins et photos souvenir, il était temps de repartir vers le Thai Apache.
Retour au camp et au revoir
Le retour nous fait passer par le chemin correspondant à la version facile de cette balade, l’autre choix possible évoqué au début. Malgré qu’on en a tous bavé, tout le monde était unanime et ne regrettait pas le choix d’avoir choisi le parcours à travers la jungle et la boue.
Toujours au rythme des éléphants, la joyeuse troupe que nous étions, chiens y compris, regagnons tranquillement la ferme, le paysage est alors superbe. Nous sommes entouré de montagne et des rizières en contrebas.
On croise des buffles, des paysans souriants au boulot, et du vert, beaucoup de vert. C’est vraiment le genre de vue bucolique typique de l’Asie. Nous sommes partis depuis 4 h 30, donc un peu éreintés, mais des souvenirs plein la tête.
Il est temps de se dire au revoir, de remercier Sophie pour permettre cette aventure, boire un coup aussi (re-café y compris). On apprécie de remettre ses affaires propres, en ayant pour ma part, une petite pensée pour celle chargée de nettoyer toutes nos tenues prêtés, rendues bien cra-cra.
Les chauffeurs des pick-ups sont prêts pour nous ramener à nos hôtels respectifs et alors qu’on repart en repassant devant les rizières, je repense, conquis, à cette belle journée qui s’achève.
Conclusion : n’oubliez pas les éléphants de Chiang Rai
Ce n’était pas la première fois que je passais du temps avec des éléphants, mais cette journée fut particulièrement mémorable. La bonne cohésion du groupe (à 80% français, 2 personnes étant des portugais, mais francophones aussi) y était certainement pour quelque chose mais ce contact avec la nature accompagné par les animaux étant quelque chose d’unique.
La saison des pluies est en rien un frein pour expérimenter ce genre d’activité (je l’ai déjà dit dans mon article présentant les avantages/inconvénients météo de chaque mois, ne soyez pas effrayé par la « mousson », on n’a pas de typhons nous !)
J’espère de tout cœur que Sophie va pouvoir rebondir et offrir une nouvelle terre d’accueil à toute sa troupe et permettre de distiller d’aussi brillant souvenirs dans la tête de nombreux autres visiteurs désirant découvrir le nord de la Thaïlande.
Et cet article démonte combien un lieu, en l’occurrence Chiang Rai, ne se limite pas qu’un à nom. J’entends par là qu’en général, les gens cherchent avant tout à visiter le temple blanc et restent du coup qu’une seule journée en excursion depuis Chiang Mai.
Ils passent donc à côté d’endroits comme le Elephant Steps pour privilégier l’exploration de la région de Chiang Mai, qui a certes de beaux atouts, mais est clairement plus touristique et les sanctuaires d’éléphants sont déjà bien développés.
Soyez curieux, Chiang Rai ne se limite pas qu’à la ville et au Wat Rong Khun (le temple blanc), c’est toute une province qui ne demande qu’à être explorée.
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Annie Donadio
Bonjour Romain, Tu as très bien décris cette journée.
Journée inoubliable pour nous, magique. Nous y étions en janvier 2017, et retournés en janvier 2018 et serons en janvier 2019 sur leur nouveau site. Sur le Facebook de Sophie Marguery il y a les photos du déménagement et des travaux qui sont en cours de finitions. Il y a eu un bel élan de solidarité pour aider Sophie, la cagnotte est active jusqu’au 31 octobre.
Tu as raison de dire que Chiang Rai ne se limite pas à voir 2 temples. cette région est magnifique. Cet hiver ce sera notre 4em voyage à Chiang Rai, et nous nous en lassons pas, toujours des découvertes à faire.
Au plaisir de se rencontrer un jour.