>  Voyage en Thaïlande   >  Provinces du Nord-est (Isan)   >  Buriram   >  Prasat Phanom Rung et Prasat Muang Tam : deux joyaux khmers du sud de l’Isan
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Aujourd’hui, direction une région que je n’avais pas évoquée depuis un moment. Hormis une incursion au parc national de Khao Yai — à cheval entre l’Est et le Nord-est — la dernière fois que j’ai abordé l’Isan, c’était avec Phimai, également connu pour son temple khmer majeur du pays. Autant dire que ça remonte.

On part cette fois au cœur de la province de Buriram pour découvrir deux autres sites khmers impressionnants : le Prasat Phanom Rung, perché sur un volcan éteint, et le Prasat Muang Tam, son « petit frère » situé non loin en contrebas.

Deux temples que je recommande autant pour leur intérêt historique que pour leur situation : un coin de Thaïlande peu visité, qui change des classiques. L’occasion de découvrir une autre facette de la Thaïlande.

Pourquoi venir ici ?

En premier lieu, j’aurais tendance à dire : parce que ça change. Quand on pense aux vieilles pierres et aux sites historiques en Thaïlande, on se tourne souvent vers les anciennes capitales — et c’est normal. Ayutthaya n’est qu’à une heure de Bangkok, et Sukhothaï s’intègre facilement à un itinéraire vers le nord.

Mais si vous aimez ce genre d’endroits, alors je vous dirais ceci : ces deux temples comptent parmi les plus beaux vestiges khmers de Thaïlande.

  • Phanom Rung en met plein la vue avec son escalier monumental, ses portes parfaitement alignées, et sa position dominante sur un ancien volcan.
  • Prasat Muang Tam, plus discret, dégage une vraie sérénité, avec ses bassins bordés de nagas et son architecture harmonieuse.

Situé à 5h de route de Bangkok, dans la grande région du nord-est, communément appelée « Isan » (qu’on voit parfois écrit Issan sur les sites francophone pour retranscrire la prononciation), c’est aussi l’occasion de parcourir des provinces bien moins touristiques — en tout cas côté voyageurs étrangers, le Prasat Phanom Rung pouvant attirer pas mal de Thaïlandais, mais la région reste globalement tranquille.

Si vous voyagez dans le coin, ces deux temples peuvent facilement s’inscrire dans un itinéraire plus large autour de Nakhon Ratchasima (Khorat) et Buriram — que ce soit avant de redescendre tranquillement vers Bangkok en passant par le parc national de Khao Yai, ou au contraire en poursuivant vers l’est, en direction des régions frontalières du Laos.

Et si vous poussez un peu plus au sud-est, vous trouverez aussi quelques temples khmers perdus dans la forêt, à la frontière cambodgienne — des sites confidentiels, à l’écart de tout, que je recommande justement pour cette sensation rare d’être seul face à des ruines millénaires. J’en parlais plus en détail dans un article récent, pour ceux que ça tente.

Et ce n’est pas tout : autour du Phanom Rung et du Prasat Muang Tam, on trouve aussi plusieurs autres ruines khmères disséminées dans la campagne. Le Prasat Plai Bat 1, le Kuti Ruesi Ban Nong Bua Rai ou encore le Prasat Ban Bu en sont de bons exemples. Ce dernier, d’ailleurs, ressemble comme deux gouttes d’eau au temple frontalier de Prasat Ta Muan — comme un clin d’œil architectural qui témoigne bien de la cohérence de cet ensemble khmer sur tout le plateau.

Le Prasat Phanom Rung : un temple au sommet d’un volcan

On commence par le plus important des deux. Le Prasat Phanom Rung a été construit entre le Xe et le XIIIe siècle, à l’époque angkorienne, dans un style proche de celui du Baphuon à Angkor. Il était, comme beaucoup de temples à cette époque, dédié à Shiva (donc à l’hindouisme).

On commence la visite par une longue allée pavée, bordée de bornes de pierre en forme de lotus stylisé, qui mène droit vers le sanctuaire. Le tracé est parfaitement rectiligne, la symétrie impeccable, et on sent déjà la volonté d’impressionner (mission réussie). Lors de certains événements, comme ici, les bornes sont habillées de tissus rouges, ce qui renforce encore la solennité du lieu. C’est une entrée en matière assez spectaculaire je dois dire.

Une fois arrivé au bout de l’allée, on franchit un escalier assez raide qui mène à une terrasse gardée par des nagas (les serpents mythiques). Cette transition marque symboliquement le passage d’un monde à l’autre. La perspective reste alignée, et plus on monte, plus on prend conscience de la mise en scène très codifiée de l’architecture sacrée khmère.

Tout en haut, on débouche sur l’enceinte principale du temple, parfaitement restaurée. Sur les côtés, on aperçoit plusieurs bassins remplis de nénuphars, qui apportent une touche de fraîcheur et de couleurs. En passant le premier bâtiment en haut des marches, on accède à la cour intérieure, au milieu de laquelle trône son prang central en grès rose.

Une fois dans le cœur du sanctuaire, on découvre ce long alignement de portes parfaitement centrées. C’est ici que le soleil traverse tout l’axe du temple lors des équinoxes. Au centre du passage, une statue du taureau Nandin, monture de Shiva, rappelle les origines hindoues du sanctuaire.

Festival et phénomène solaire à Phanom Rung

Je l’évoque juste au-dessus, chaque année, autour des équinoxes de début avril et début octobre, le soleil se lève dans l’axe parfait du temple et traverse ses 15 portes alignées. Un phénomène rare qui attire les foules — et qui donne lieu à un véritable festival sur place.

En 2025, le phénomène solaire sera visible :

• du 3 au 5 avril au lever du soleil
• du 8 au 10 septembre au coucher du soleil

Le festival de Phanom Rung consiste en un spectacle de danse Apsara, effectué devant le sanctuaire, un marché local, une cérémonie traditionnelle et spectacle son & lumière en soirée. L’entrée est souvent gratuite ou incluse pendant l’évènement.

En avril, il faut arriver très tôt (vers 5h du matin) pour espérer une bonne place et profiter de l’ambiance. Lampe frontale et petite veste conseillées !

Sur le côté du temple, je tombe sur un système d’évacuation d’eau en pierre sculptée, très bien conservé. Ce genre de détail rappelle que l’architecture khmère ne se limitait pas qu’à l’apparat religieux : elle était aussi pensée de manière très fonctionnelle.

Le contraste avec la finesse des sculptures voisines est d’ailleurs assez marquant — que ce soit les détails sur les linteaux et les frontons, ou encore cette statue khmère qui garde toujours l’accès au prang central. On distingue encore les bijoux, la posture, les vêtements — tout ce qui donnait à ces sculptures une dimension humaine.

En observant de plus près certains blocs, on repère encore des gravures discrètes, à demi effacées par le temps. Difficile à dire s’il s’agit d’un simple graffiti laissé par un visiteur plus récent, ou d’une sculpture jamais terminée.

À l’arrière du sanctuaire, on découvre une façade plus brute, où quelques arbres ont depuis élu domicile. Aujourd’hui, la végétation masque en partie la vue, mais on devine encore l’ouverture sur la plaine en contrebas. À l’époque khmère, le sommet devait offrir un panorama bien plus dégagé : la position est stratégique, dominante, et la perspective porte loin vers l’horizon.

D’après mon expérience, l’effet est plus fort en fin de journée, quand la lumière chaude fait ressortir les couleurs de la pierre et les détails des sculptures qui ornent cet ensemble quasi millénaire.

Infos pratiques – Prasat Phanom Rung

Horaires : de 6h à 18h tous les jours
Entrée : 100 bahts (ou 150 bahts avec billet combiné Phanom Rung + Muang Tam)
Accès : à 28 km à l’est de Nang Rong, environ 60 km de Buriram
→ Accès uniquement en scooter ou voiture (pas de transport en commun direct)
→ Grand parking au pied du site

Prasat Muang Tam : plus discret, mais tout aussi charmant

Situé en contrebas du Phanom Rung, le Prasat Muang Tam est moins imposant d’une certaine manière, mais il dégage une atmosphère tout à fait particulière. Son nom ne ment pas : on peut le traduire par « sanctuaire de la ville basse« , ce qui reflète bien sa position géographique.

Ici, l’ensemble semble respirer l’harmonie. Il y a une vraie cohérence entre l’architecture et l’environnement : les bassins qui l’entourent, les arbres majestueux désormais intégrés au décor, et les structures du sanctuaire forment un tout particulièrement apaisant.

Les bâtiments, construits dans un mélange de matériaux — majoritairement en grès et en latérite — composent un ensemble bien conservé. Le plan en quinconce est typique des temples khmers à vocation religieuse, avec un sanctuaire central et des enceintes délimitées par des gopura, ces tours formant les passages d’entrée aux temples hindous.

Ce qui attire tout de suite l’œil, ce sont les quatre bassins en forme de L, parfaitement symétriques, bordés de marches et de nagas sculptés, avec ici un petit plus : la présence de fleurs de nénuphars à la surface de l’eau. L’eau tenait d’ailleurs un rôle symbolique majeur à l’intérieur de l’espace sacré.

Tout comme au Phanom Rung, on retrouve ici des ornements et des linteaux finement sculptés. Sur un dessus de porte, on distingue nettement la figure de Kala, une créature mythologique censée protéger les lieux. Même usée par le temps, la finesse de la sculpture reste un témoignage bluffant de la dextérité des artistes de l’époque.

En accédant à la partie centrale, je suis frappé par un détail assez rare pour une construction de cette époque : l’utilisation de briques rouges pour les tours principales. Elles contrastent joliment avec les soubassements sombres en latérite et les encadrements clairs en grès. Résultat : un vrai jeu de textures et de couleurs naturelles, encore plus saisissant sous la lumière rasante de la fin de matinée (et tout aussi beau au soleil couchant, que j’ai aussi testé).

Malgré sa proximité immédiate avec le Phanom Rung, le Prasat Muang Tam est souvent bien plus tranquille. C’est une étape que je recommande sans hésiter, dans la foulée de son aîné perché sur la colline.

Infos pratiques – Prasat Muang Tam

Horaires : de 6h à 18h tous les jours
Tarifs d’entrée : 100 bahts (ou 150 bahts avec billet combiné Phanom Rung + Muang Tam)
Accès : à seulement 8 km de Phanom Rung
→ Route directe entre les deux sites (comptez 10–15 min en scooter ou voiture)

Conseils pratiques

Hébergements, repas, voici quelques repères utiles pour profiter au mieux du Phanom Rung et du Prasat Muang Tam.

Où dormir dans les environs

Nang Rong
C’est la base idéale si vous voulez visiter les deux temples sans stress. La ville se trouve à une trentaine de minutes du Phanom Rung, ce qui permet d’arriver tôt sur le site. On y trouve pas mal de petits hôtels très abordables (dans les 15–20 € la nuit), parfaits pour une simple étape.

Buriram
Si vous préférez loger dans une ville un peu plus animée, avec plus de restos et cafés, Buriram est aussi une option. Mais il faudra compter environ 60 km aller-retour jusqu’aux temples.

Où manger autour des temples

Autour du Phanom Rung, on trouve quelques boui-bouis locaux près du parking, mais rien de fou. Côté Prasat Muang Tam, c’est encore plus calme — pas grand-chose pour se poser manger.

Le plus simple reste de déjeuner ou dîner à Nang Rong : un peu plus vivant en soirée, avec quelques restos, des stands, et un petit marché de nuit (Nang Rong Night Market).

Les vendredis et samedis, il y a aussi une walking street non loin du marché de nuit, à partir de 15h. Ambiance locale assurée !

Conseils pour les visites

Matin ou fin de journée ?
Vous lirez parfois qu’il vaut mieux commencer par le Prasat Muang Tam, puis terminer par le Phanom Rung. Honnêtement, l’ordre n’a pas une grande importance : ils sont tout proches. Mais dans tous les cas, évitez le plein après-midi : il fait souvent très chaud, et la lumière est bien plus belle tôt le matin ou en fin de journée.

Quand venir ?
Pour éviter la foule, mieux vaut viser la semaine, et si possible hors jours fériés thaïlandais.

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Lorsque je découvrais la Thailande en 2006, je ne m'attendais certainement pas à y poser mes valises 2 ans plus tard ! Depuis, je suis basé à Bangkok et je voyage régulièrement à travers tout le pays (surtout au nord !). Je partage mes récits, photos, conseils pour aider à planifier votre séjour en Thailande et sur les pays d'Asie. Ce blog s'adresse à tous ceux qui veulent découvrir le pays du sourire, qui cherchent un peu d'aventure et ceux qui rêvent d'Asie.

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