Doi Pha Tang : un superbe panorama sur le Laos
Le Doi Pha Tang n’est qu’à 20 km du Phu Chi Fah, et la route qui relie les deux est une belle traversée de paysages montagneux. Cette portion de la route 1093 longe des crêtes, offrant plusieurs points de vue spectaculaires sur la vallée en contrebas et les montagnes s’étendant vers le nord et l’est.
Si la majorité des visiteurs viennent exclusivement au Phu Chi Fah avant de redescendre vers Chiang Rai, faire le détour par le Doi Pha Tang permet de prolonger l’expérience en explorant une autre facette de la région, moins fréquentée mais tout aussi impressionnante.
Une route entre cultures et montagnes
La route serpente à travers des zones agricoles où l’on peut croiser des habitants au travail dans les champs. Entre chou, maïs, fleurs et rizières, les cultures varient selon la saison, avec parfois des couleurs éclatantes qui contrastent avec le vert omniprésent des collines.




Par endroits, le paysage est marqué par des défrichements excessifs, où des pans entiers de montagne ont été rasés pour l’agriculture intensive. Ici, les forêts ne subsistent souvent que sur les crêtes et sommets, laissant les versants largement exploités.
En chemin, plusieurs points de vue valent un arrêt. On peut admirer la vallée intermédiaire et une autre chaîne de montagnes en face, qui sépare toute cette région des vastes plaines s’étendant depuis les berges du Mékong au nord, jusqu’à la province de Phayao, 100 km plus au sud.
Que vous soyez en voiture ou à moto, c’est une route qui mérite d’être savourée, en prenant le temps de faire quelques pauses pour profiter des beaux panoramas sur cette Thaïlande rurale et méconnue.
Doi Pha Tang : un panorama spectaculaire en quelques pas
Atteindre le Doi Pha Tang est encore plus simple que pour le Phu Chi Fah. Depuis le parking, il suffit de marcher environ 400 mètres pour rejoindre le point de vue principal. Enfin simple… disons que c’est nettement plus court qu’au Phu Chi Fah, après en terme d’effort, y’a que la dernière portion avant d’atteindre le sommet qui est plus exigeante avec une pente plus raide.


Depuis le point de départ, vous longerez quelques boutiques de souvenirs et restauration du coin avant d’atteindre les marches qui marquent l’accès au sentier du Doi Pha Tang. Peu après, sur la gauche, un court escalier descend vers une arche naturelle formée par la roche. La vue y est limitée, mais ça ne coûte rien d’y jeter un oeil.
D’ailleurs, le lieu a évolué rapidement : lors de ma première visite, il n’y avait qu’un simple sentier de terre pour y accéder et aucun aménagements. Quelques mois plus tard, l’escalier est apparu ainsi qu’une plateforme avec un cœur géant au bout (spot photo oblige)… Comme quoi, même dans un coin aussi paisible, le tourisme évolue vite !


Alternative flemme-friendly
Si vous avez la flemme de grimper jusqu’en haut, vous pouvez vous contenter d’un premier point de vue partiel. Après les escaliers de l’entrée principale, continuez tout droit, et vous atteindrez un belvédère situé près d’un abri à l’architecture chinoise.


Autre « solution » (même si je ne cautionne pas vraiment, et de plus, je ne sais pas s’ils sont là toute l’année) : des petits poneys sont proposés pour monter au sommet, une activité qui pourrait plaire aux enfants… mais qui, à mes yeux, n’a pas trop sa place ici.

Dans les starting blocks.
Une ascension en douceur
Dès le début du sentier, une statue de Bouddha trône sous une ombrelle, comme un premier repère avant d’attaquer l’ascension. Le chemin longe ensuite la crête de la montagne avec une montée relativement douce.
Moins de 200 mètres plus loin, on peut déjà grimper sur une petite butte offrant une première vue superbe sur le Laos.





Lors de ma première visite, la vallée était encore recouverte de nuages, rendant l’ambiance presque irréelle. Certains s’en contenteraient… mais moi, je voulais aller jusqu’au bout !
Le sentier continue encore sur 500 mètres le long de l’arête de la montagne, avec un autre point de vue légèrement plus haut au bout. En chemin, on arrive à l’un des spots photo les plus connus du Doi Pha Tang : une « fenêtre naturelle » formée par deux blocs rocheux, qui encadrent parfaitement la vue sur le Laos.
Le point culminant du Doi Pha Tang
Juste à côté, un escalier raide mène au sommet final. C’est la portion la plus pentue de cette balade en altitude, mais rien d’insurmontable.
Dernier effort, le souffle un peu court, et j’atteins enfin le sommet du Doi Pha Tang. Juste le temps de reprendre mes esprits, et déjà, un détail accroche mon regard : une cloche rouillée, suspendue au bord du vide.
Son apparence est sommaire, mais en y regardant de plus près… il s’agit en réalité d’un embout d’obus recyclé ! Un vestige réutilisé de manière insolite, comme on en voit parfois en Thaïlande.
Certains visiteurs la font résonner en guise de célébration – une tradition amusante, surtout quand on sait que les Thaïlandais ne sont généralement pas de grands marcheurs et que chaque ascension devient un petit exploit.
Côté vue, on retrouve un panorama similaire à celui du premier point de vue, mais on distingue mieux les montagnes du côté thaïlandais, ainsi que la crête qui continue plus loin. Et ici, une fois les nuages dégagés, on aperçoit le Mékong qui serpente au loin, bordé de montagnes à perte de vue.

Côté nord, on voit la route qui monte depuis la route principale et le parking.

Côté sud, c’est un pic appelé Doi Pha Mon qu’on aperçoit.

Le Mékong est visible au milieu.
Selon le moment de l’année, la crête est parsemé de tournesols mexicains (c’était le cas en novembre, lors de ma première visite). En janvier, des arbres en floraison égayent les environs de couleur rose, tandis qu’en mars, ce sont des arbres en fleurs blancs qui prennent le relais.


Une dernière crête pour les plus curieux
Depuis le parking, je remarquais un autre sentier qui part du côté nord de la montagne. Il mène à un autre point de vue appelé Noen 104 (mal placé sur Google Maps, mais bien dans ce coin).
Par manque de temps, je ne l’ai pas parcouru entièrement, mais je suis tout de même monté sur les premiers mètres. De là, j’ai eu une superbe vue sur l’ensemble du Doi Pha Tang, un dernier panorama avant de reprendre la route.


Ban Pha Tang et les villages « chinois »
Outre ses paysages, le Doi Pha Tang se distingue par ses villages imprégnés de la culture chinoise. Ici, les Hmong et les Yao ont conservé leurs traditions et un mode de vie hérité du Yunnan.
Dès mon arrivée au village de Pha Tang, la présence de cette culture est flagrante. Des panneaux et stèles en chinois s’affichent un peu partout, et les inscriptions sur les devantures des maisons renforcent ce lien avec leurs origines.


Certaines habitations ont encore un aspect rudimentaire, avec des murs couverts de bambous en guise d’isolation, renforçant cette atmosphère rurale et préservée. Un contraste qui n’a rien à voir avec le mode de vie des Sinos-Thaïs vivant en ville comme à Chinatown à Bangkok ou à Phuket Town.
Ici, on est loin des circuits touristiques classiques sur les ethnies du nord de la Thaïlande. Pas de folklore pour touristes, pas de mises en scène artificielles, juste un quotidien intact, à l’abri du tourisme de masse.
Un lieu hors du temps
Lors de mon passage, je n’ai croisé que quelques habitants, mais ce simple aperçu m’a donné envie d’y revenir et d’explorer davantage cette région où, l’espace d’un instant, on oublie qu’on est en Thaïlande.





C’est un sentiment similaire à celui ressenti à Mae Salong, autre bastion de la diaspora chinoise, puisqu’on est face au même cas, il s’agit aussi de descendants des soldats du KMT.
Ces racines chinoise sont ancrés dans leur quotidien où beaucoup parlent encore le mandarin entre eux, fument la pipe, et leur gastronomie est très inspirée des saveurs du Yunnan. J’avais même pu croiser des anciens arborant toujours leurs habits traditionnels, bien que ce phénomène va malheureusement se raréfier…
Malgré cette forte identité, cela reste la Thaïlande, et on y retrouve bien des temples bouddhistes. Au coeur de Ban Pha Tang, je me rendais au temple principal au nom explicite de Wat Pha Tang. Son architecture est moderne concernant son viharn mais il est construit sur un éperon rocheux, où est aménagé une plateforme panoramique.
D’ici, la vue est imprenable sur la route qui m’attendait pour rejoindre la vallée. Je ne me suis pas trop attardé dans le village, ne croisant que quelques regards intrigués mais bienveillants. J’ai appris plus tard qu’il existe aussi les vestiges d’un campement de soldats du KMT dans cette zone, un pan d’histoire locale à explorer une prochaine fois.
Dans cette même zone, si vous suivez la route menant à l’école du village, vous aurez un peu plus haut un autre temple perché. Celui-ci, bien plus typé chinois, rappelle encore une fois que cette région du nord de la Thaïlande est une passerelle entre deux cultures.
Au pied du Doi Pha Tang
La descente vers la vallée est tout aussi intéressante que l’ascension. Il y a tout juste 15 km entre le Doi Pha Tang et la route 1155 longeant la vallée mais celle-ci n’est pas en reste côté dépaysement.
Arrivé-là, la suite logique après les visites du Phu Chi Fah et Doi Pha Tang, est normalement de poursuivre au nord afin de rejoindre Chiang Khong. C’est précisément ce que j’ai fait lors d’une vadrouille postérieur dans le coin, puisque je rejoignais la ville en face, Houai Sai, côté Laos.
Houai Sai, situé juste de l’autre côté du Mékong, est un point de passage fréquent vers le Laos, notamment pour ceux souhaitant embarquer sur une croisière de deux jours jusqu’à Luang Prabang (voir mon article sur Houai Sai et les croisières sur le Mékong).
Mais lorsque je me rendais au Doi Pha Tang la première fois, je repartais de l’autre côté de la Thaïlande pour me rendre au Doi Ang Kang. Se faisant, arrivé sur la route 1155, je partais direction le sud. Cela m’a fait passé à travers le petit village de Ban Pha Lae, qui, à première vue, s’apparente qu’à un simple village Thaïlandais classique.

La route 1155, traversant Ban Pha Lae.
Arrêt au village de Ban Pha Lae
À vrai dire, il l’est. Ce village dégage une atmosphère paisible, avec un charme discret mais certain. Probablement que les rizières encore dorées, tout juste récoltées, avec ces vieilles maisons en bois typiques, et le tout encerclé par des collines verdoyantes y étaient pour quelque chose !
Après avec croisé des fermiers en train de profiter de l’ombre de leur abris, plutôt que de simplement passer mon chemin, je décidais même de m’y arrêter un instant.





Un de ces arrêts improvisés qui, souvent, rendent un trajet encore plus mémorable. J’ai pris le temps de flâner, afin de capturer quelques clichés…. Parce que c’est précisément ce genre d’endroit qui me plaît, là où d’ordinaire, personne s’y attarderait.
La suite du voyage se poursuivait sur une route magnifique, serpentant à travers la montagne jusqu’à Thoeng, 50 km plus loin. Le décor évolue : les montagnes s’adoucissent, le relief devient plus vallonnée, et au creux des vallées, on peut apercevoir des rizières.





Un pur plaisir pour les amateurs de road-trip !
Comment se rendre au Doi Pha Tang ?
Le Doi Pha Tang est situé à environ 110 km de Chiang Rai et à seulement 20 km du Phu Chi Fah.
Option idéale : louer une voiture depuis Chiang Rai pour profiter librement des paysages et des routes de montagne alentours (voir mon article sur la conduite en Thaïlande)
Depuis Chiang Rai :
- Le plus simple est de suivre la même route que pour le Phu Chi Fah (soit via la 1020 et la 1155, ou en optant pour un trajet plus court via la 1421 et la 4018 qui rejoint la 1155).
- Une fois sur la 1155, il suffit de suivre les panneaux indiquant le Phu Chi Fah puis rejoindre le Doi Pha Tang.
- Il est aussi possible d’y aller sans passer par le Phu Chi Fah en poursuivant plus longtemps sur la 1155.
- Repère important : Juste avant un village, vous verrez un panneau bleu indiquant le Phu Chi Dao, un sommet intermédiaire situé entre le Doi Pha Tang et le Phu Chi Fah. Le Doi Pha Tang étant indiqué mais c’est un panneau à part, pas très visible.
Depuis Chiang Khong (frontière laotienne avec Houai Sai) :
- Suivre la route 1155, qui longe la rivière Mekong avant de grimper vers la montagne via le même village mentionné en repère juste avant.
- Au carrefour, un panneau indique le village de Ban Pha Tang.
Depuis Phu Chi Fah :
- 20 km de route panoramique longeant le flanc de montagne (route 1093).
- Le seul bémol : voir des cultures c’est bien, mais visuellement c’est parfois un peu « brutal ». Certaines zones ont été un peu trop rasées pour l’agriculture intensive. Ici, les forêts ne couvrent souvent que les crêtes et sommets des montagnes, ce qui est un peu dommage.
- Pas de transport en commun entre les deux. Peut-être possible en haute saison ou les weekends de trouver un pick-up local pour l’aller-retour, mais rien de garanti.

Beau point de vue entre le Phu Chi Fah et le Doi Pha Tang.
Meilleure période pour visiter le Doi Pha Tang
Même topo que pour le Phu Chi Fah, l’hiver (de novembre à février) est la meilleure période pour profiter des paysages dégagés et de la mer de nuages.
Novembre – février :
✅ Meilleure saison pour la mer de nuages (surtout tôt le matin).
✅ Températures fraîches et agréables.
✅ Paysage encore bien vert après la saison des pluies.
✅ Floraison des sakuras thaïlandais entre décembre et janvier.


Mars – mai (saison chaude) :
❌ Paysages plus secs, herbes jaunies.
❌ Brume de chaleur et pollution liées aux brûlis.
✅ Atout : Certains arbres sont encore en fleurs en mars.


☔ Juin – octobre (saison des pluies) :
✅ Paysages verdoyants et luxuriants.
❌ Pluie fréquente et sentiers parfois glissants.
Idéalement, arrivez avant 9h pour voir la mer de nuages.
Je n’ai jamais été au Doi Pha Tang aux premières lueurs du jour, mais au vu de son cadre, je pense qu’il offre une alternative intéressante et probablement plus tranquille qu’au populaire Phu Chi Fah.
Où manger et dormir au Doi Pha Tang
Hébergements
Si vous ne prévoyez pas d’aller voir le lever de soleil au Phu Chi Fah, dormir directement au village ou près de Ban Pha Tang peut être une bonne alternative. L’offre d’hébergement y est plus limitée qu’au Phu Chi Fah, mais vous trouverez tout de même quelques guesthouses locales au pied de la montagne.
⚠️ Peu sont réservables en ligne, mais vous pouvez les repérer sur Google Maps et les contacter directement.
⏳ À noter : En haute saison (à partir de novembre), les places partent vite !
Si des disponibilités restent, voici deux adresses que j’ai repérées :
- Ban Chomdoi Resort PhaTang :
Situé à 3 km de l’embranchement menant au parking du Doi Pha Tang.
600 bahts en basse saison, 900 bahts en haute saison. - Phatang Sky View Camp (ผาตั้งสกายวิวแคมป์) :
Un peu plus cher (à partir de 900 bahts en basse saison), mais l’emplacement offre une superbe vue sur la vallée.
️ Bon plan : Il dispose de son propre restaurant, pratique si vous logez sur place.

Les hôtels à flanc de montagne au pied du Doi Pha Tang.
Restaurants
- Au niveau du parking du Doi Pha Tang, vous trouverez quelques échoppes locales parfaites pour un repas rapide
- Ne vous attendez pas à des menus en anglais, ici, c’est du 100 % local !
- Si vous voulez plus de choix, direction Ban Pha Tang, à seulement 2 km du parking.
Doi Pha Tang ou Phu Chi Fah ? Pourquoi choisir ?
À mes yeux, les deux sites valent le détour, et comme ils sont proches, ce serait dommage de passer à côté de l’un ou l’autre, en somme, l’idéal est de combiner les deux.
✅ Phu Chi Fah est iconique pour un lever de soleil avec mer de nuages.
✅ Doi Pha Tang est plus tranquille mais tout aussi spectaculaire.


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Aviez-vous entendu parlé de ce lieu auparavant ?
Stephanie
Wow ! Merci pour nos yeux ! Tes photos sont très belles et ton récit donne envie de boucler sa valise tout de suite 🙂
Romain
Merci ! Faut pas hésiter à venir dans le coin !
Louise
Bonjour,
Préparant mon voyage pour 6 mois en Asie du Sud Est ( 2 mois en Thaïlande, 2 mois le Laos et 2 mois à la visite du Cambodge). Je me demandais s’il était facilement possible de rejoindre la frontière Laotienne à partir de Doi Pha Tang? De plus pensez-vous que 2 mois dans chaque pays est suffisant (pour la Thaïlande) ou trop long (Cambodge)?
D’avance merci pour vos réponses! Et pour ce site qui est une véritable mine d’or et qui m’a permis de découvrir des itinéraires hors des sentiers battus ( rizières Ban Pa Pong Pieng et parc national de Sam Roi Yot entre autre).
Romain
Bonjour,
Tout d’abord merci, c’est toujours cool d’avoir des retour positifs sur ce qu’on essaye de transmettre ! Ensuite pour répondre, 3 pays dans ce laps de temps c’est bien. Après ce n’est pas forcément évident de répondre est-ce trop ou pas car chacun aura son ressenti propre sur tel ou tel pays. Perso je suis en Thailande depuis 10 ans, et j’ai pas tout vu alors tu penses bien qu’en 2 mois…
Pour autant en étant franc, c’est déjà une bonne durée, éventuellement rallongeable car j’aurais tendance à penser que 2 mois au Cambodge sont trop long, le pays étant simplement moins grand en surface que la Thailande… (3x moins grand !)
Le Laos encore c’est différent, car si 2x plus petit que la Thailande, c’est certainement 2x plus long pour naviguer d’un site à un autre vu l’état des routes et l’aspect montagneux en général du pays.
Depuis le Doi Pha Tang, il faut se rendre à Chiang Khong, le point de passage vers le Laos le plus proche (60 km environ).